Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Bilan 2009-2010 (3/3)

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L'Union sacrée n'a pas suffi © zero-zero

Étonnamment productif durant un hiver très troublé, le Racing finit par s'écrouler au printemps alors même que tribunes et coulisses retrouvent un certain calme. Retour sur une fin de saison paradoxale.

And now for something completely different (bis)


Après les fêtes de fin d'année, les affaires au Racing reprennent avec un match de Coupe de France contre un Olympique lyonnais que l'on dit en crise et l'arrivée théâtrale de Luc Dayan. Volontiers hâbleur et très sûr de lui, l'ancien président de Lille est l'artisan d'une stratégie consistant à surseoir aux demandes de la DNCG tout en mettant un avance un vaste plan de restructuration du club aussi grandiloquent que flou. Une ligne de défense guère convaincante pour l'organisme de contrôle, qui place le Racing sous recrutement contrôlé pour la première fois de son histoire. La communication du RCS, elle aussi en pleine restructuration, tente de transformer la chose en victoire mais on peine à voir en Alain Fontenla un Fabius cuntactor. Petit intermède sportif avec le match contre les Gones dans une Meinau frigorifiée. Le Racing défend crânement sa chance mais ne peut rien face à des coups d'éclat de Bafétimbi Gomis et Michel Bastos (1-3).

En coulisse, le pataquès continue. Un ou deux nouveaux noms sortent par jour dans la presse mais, dans les faits, tout reste bloqué puisque Julien Fournier reste pour l'heure en place. Seule la nomination du très exubérant Christophe Cornélie au poste de directeur général délégué est actée. Un Cornélie qui s'évanouit dans la nature sitôt son pouvoir obtenu, pour ne revenir que dix jours plus tard en menaçant les salariés de les licencier aussi sec s'ils confient leurs états d'âme à la presse. Ambiance. Une réorganisation de la cellule recrutement sous la houlette de Ralph Isenegger est également annoncée mais jamais véritablement réalisée. C'est dans ce climat que se déroule la rencontre contre Laval, qui voit le kop prendre fermement parti contre Alain Fontenla, qui refuse à ce stade de se rendre à Strasbourg. Les noms d'oiseaux volent en tribune alors que l'équipe se montre par ailleurs inhabituellement séduisante (victoire 4-1). Un résultat probant qui est transformé quelques jours plus tard par un nul à l'extérieur face à Arles Avignon (1-1), mais cette bonne série est largement occultée par l'ultimatum posé par la DNCG, lassée d'attendre des garanties qui ne viennent pas. Le club est désormais menacé d'exclusion de toutes les compétitions nationales s'il ne se conforme pas aux instructions données depuis plus d'un mois. Alain Fontenla finit par se plier à ces exigences, en grande partie grâce à l'apport de la très nébuleuse société Carousel Finance du très mystérieux Jafar Hilali. Fidèle à sa ligne de conduite, pour le moins erratique, Fontenla annonce également peu après vouloir reprendre les discussions avec les repreneurs régionaux, groupés autour d'Henri Ancel. En attendant, le Racing reste placé sous recrutement contrôlé et doit boucler son mercato en urgence. Le club finit par recruter Cyril Serredszum, Albert Baning et Basile De Carvalho tandis qu'Habib Bellaïd s'en va à Boulogne-sur-Mer en vertu d'un bon de sortie négocié lors de son arrivée en août avec Philippe Ginestet. En revanche, le départ de Jean-Alain Fanchone finit par capoter. Une fin de mercato qui consacre aussi le retour de Julien Fournier, remis en selle par la perspective d'un accord avec le groupe Ancel.

Entre temps, l'équipe confirme ses bonnes sensations du moment en venant assez facilement à bout d'Ajaccio (2-0). Ceci modifie forcément quelque peu les paramètres du problème puisque le RCS sort ainsi de la zone de relégation. Toujours aussi illisible dans ses intentions, Alain Fontenla adresse le 4 février un ultimatum aux repreneurs ; ces derniers ont quatre jour pour formuler leur offre. Ce qu'ils font. Mais pour un montant inférieur à celui escompté par le nouveau propriétaire. L'offre est finalement rejetée le 17 février, ce qui provoque la mise au placard définitive de Julien Fournier, remplacé temporairement par Luc Dayan. A ce stade, les hommes de Londres semblent bien partis pour rester, Henri Ancel refusant de continuer les négociations avec Alain Fontenla. Semblant indifférente à ces tumultes, l'équipe continue ses prestations honorables : nul à Sedan (3-3), victoire contre le Nantes de Jean-Marc Furlan (1-0) avant un petit coup d'arrêt face à Clermont (1-1) et un bon nul à Caen (0-0). Une série de sept matches sans défaite qui permet de remonter à la douzième place alors même que les leaders semblent caler. D'aucuns se mettent même à rêver de montée tandis que d'autres - Olivier Kachkach notamment – tentent de s'approprier ce relatif redressement alors que les joueurs et le staff se déplacent sans aucun dirigeant avec eux !

C'est une entrevue entre Frédéric Thiriez et Jafar Hilali qui, le 26 février, relance le telenovela de la revente du club. Visiblement refroidi par son entretien avec le président de la Ligue, celui qu'une partie de la presse présente comme le véritable donneur d'ordre chez les nouveaux actionnaires semble à nouveau envisager une cession rapide du club, moyennant toutefois 300 000 € de delta destiné à couvrir de mystérieux frais. Une assemblée générale est même évoquée pour entériner le changement de propriétaire, avant qu'une nouvelle fois, la négociation n'échoue, dans un climat particulièrement acrimonieux. Ce rejet marque le retour sur le devant de la scène d'Alain Fontenla, qui se distingue par des propos peu amènes sur l'Alsace dans divers titres de la presse nationale et régionale; et par une proposition délirante faite en direct à Rolland Courbis. La rupture finale des négociations avec "les locaux" est entérinée par l'annonce de la nomination de Jean-Claude Plessis au poste de président, comme une fin de non-recevoir à l'appel du maire lancé la veille. Annoncée le 12 mars, l'intronisation de l'ancien président sochalien est officielle le 24.

A la poursuite de la lanterne rouge (bis)


Insensiblement, c'est durant ce mois de mars que le Racing entame un long et doucereux déclin sportif qui va le mener au National. L'équipe commence par s'incliner à domicile face à un SCO d'Angers très réaliste (1-2), avant de confirmer ses carences offensives récurrentes à Vannes (1-1), et à l'occasion d'une poussive victoire sur Brest (1-0). Au départ personne ne prête grande attention à ce coup de mou, l'opinion générale étant que la stabilité relative – très relative – retrouvé en coulisse doit permettre d'atteindre le maintien sans trop d'encombres. L'équipe est pourtant bousculée comme à l'automne à Tours (0-2) avant de peiner à nouveau face au rival messin (1-1). Ce Racing-là est décidément incapable de développer d'autres armes offensives que le jeu en pivot sur son avant-centre Nicolas Fauvergue, ce qui marche parfois à domicile (contre Dijon, 3-1) mais ne suffit pas à l'extérieur (défaites à Istres et Bastia sans marquer un but ; 0-2 et 0-1). Alors, quand le Fauv' se blesse face à Nîmes (1-1), les plus lucides comprennent que la fin de saison va être longue et angoissante. Presque ankylosé par ses crises multiples et un flou persistant sur son devenir, le club ne parvient pas à se mettre en état d'alerte face à la perspective, de plus en plus accusée, d'une inédite descente en National. La résignation de l'entraîneur, Pascal Janin, constitue sur ce plan davantage le révélateur que la cause profonde de l'échec. Peut-être un coach plus hargneux aurait-il pu arracher au forceps l'une ou l'autre victoire, mais au final domine l'impression que le Racing dispose d'un effectif bien trop limité pour pouvoir espérer survive aux blessures de ses joueurs clés (Nicolas Fauvergue, Stéphane Pichot, Mamadou Bah) ou de ceux censés l'être (Emil Gargorov, Seïd Khiter).

La suite est plus fraîche dans les mémoires. En dix jours, les concurrents directs du RCS enchaînent les bons résultats tandis que les Bleus avancent à un rythme de tortue asthmatique. Battus par Guingamp (0-2), les joueurs achèvent de creuser leur tombe par une prestation volontaire mais incroyablement brouillonne contre le Havre (1-1). Le Racing est certes encore au-dessus de la ligne de flottaison au moment de se rendre à Châteauroux mais son très piètre bilan à l'extérieur et son incapacité à remporter le moindre match décisif depuis près de trois ans n'incitent guère à l'optimisme. Constat cruel qui sera confirmé point par point par la défaite fatale dans l'Indre (1-2). Une immense déception accueillie dans le calme, mais pas dans l'indifférence - ils étaient encore 15 000 face au Havre pour pousser un club qui, aux dires de certains, n'intéresse plus personne. Souvent décrié pour son exigence jugée inconsidérée, le public strasbourgeois sera resté présent et digne jusqu'au bout, seuls quelques sièges du stade Gaston-Petit auront à souffrir d'une manifestation d'humeur face à ce plus bas historique.

A l'heure du bilan, il est difficile de dire combien les divers épisodes grand-guignolesques du feuilleton 2009/2010 ont pu peser dans l'issue fatale. Une meilleure préparation aurait sans doute évité un début de saison aussi calamiteux. Un hiver moins tumultueux aurait peut-être permis de mieux gérer le marché hivernal des transferts tout en remaniant le staff de façon plus décisive. Mais, à côté de ces supputations, il y a le constat plus froid de carences durables et enracinées sur plusieurs saisons en matière de construction de l'effectif, d'infrastructures ou de mise en valeur de la formation. Avec un tel héritage, celui des années Ginestet-Furlan, le Racing ne pouvait tout simplement pas se permettre un tel scénario. Malheureusement pour lui, ceux qui étaient à la barre - ou voulaient y être - ne l'ont pas réalisé, ou n'ont pas voulu le voir.

strohteam

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