Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dauphinois gratinés

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Par zottel
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Le touriste échoue souvent à Gap de mauvaise grâce. Certes, il a évité les bouchons de la vallée du Rhône, mais se retrouve quand même bloqué au kilomètre 222 de la route Napoléon, flanqué de paysages superbes et d'ailleurs décrits dans le Ro

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

Si les routes vont vers des pays, Gap est moins un pays qu'une route.

Rappelons au touriste que Napoléon lui-même, coincé dans les Alpes sur cette même route qui porte son nom, mit cent jours à arriver à Waterloo (Belgique) ! Furieux, il se jura de créer par décret impérial le noeud de Beaune et le tunnel de Fourvière, mais trop tard, car l'Anglais est toujours ponctuel pour la chute de l'Aigle. Un destin qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui du Racing et de ses Londoniens, à qui l'empereur rend toutefois de ne jamais avoir maté Liverpool, mais on s'égare (d'Austerlitz).

Tout ça fait une belle jambe au touriste embouchonné. Qu'il soit plouc skiant ou plouc bronzant, la chaleur l'éreinte alors que les seules plages alentour sont des surgeons fossiles de l'oligo-miocène. Il a la nette impression d'être la victime d'un accident, géologique peut être, c'est dans le Routard, au moins sur l'autoroute ils l'annoncent avant.

En tout cas il ignore où il est, car contrairement à lui, Gap hésite toujours entre Provence et stations de ski. Le début de la question gapençaise est historiquement documentée : Napoléon donc, Napoléon lui-même, qui avait pris de mauvaises habitudes dans les criques secrètes de l'île d'Elbe, fut surpris dépoitraillé non loin de Gap - allez-y, c'est la « Prairie de la Rencontre » - à une distance pourtant considérable de la plage naturiste la plus proche. « Je suis votre empereur », lança-t-il - car c'était le cas – à l'assemblée interloquée, ce qui suffit comme souvent à rétablir une situation compromise. Essayez, peu de phrases produisent autant d'effet, si ce n'est peut-être « Je suis Jafar ». « On a eu chaud », compléta ensuite le petit caporal une fois sa chemise reboutonnée, dans un trait inoubliable adressé à son aide de camp préposé aux pâtés de sable.

Mais passons (du clairon). Nous voilà bien avancés ; Alpes ou Méditerranée ? Les deux convoquent des clichés bien distincts, et fourniraient chacun une matière sûre pour un article humoristique. Mais être ni l'un ni l'autre ! Il faut certes bien une limite aux deux régions, tout le monde a ses limites, même Philippe Ginestet, même Romain Gasmi en géométrie analytique ; mais est-il correct de rester pile sur cette limite ? C'est bien là le problème ! Notoirement mal située, Gap aurait même donné le mot « intervalle » aux Anglais, qu'on sait sous-équipés linguistiquement et plus trop regardants depuis Waterloo (voir ci-dessus). Par exemple, dans la phrase : « The yes needs the no to win against the gap » (Lady Gagap, Dance in the Dauphiné).

Mais peu importe ; demandons-nous plutôt ce que ferait un grand homme dans ces circonstances. Qui d'autre que Napoléon, qui jusque là ne nous a pas aidé des masses ?

Tout le monde a oublié, et c'est justice, les hommes qui ont pris en main Gap et son destin d'incertitude géographique. Tous issus de majorités vagues, de consensus centriques (en un mot), personne ne félicitera ces MM. Prudhomme interchangeables. Si Wikipedia parle d'eux, on sent que c'est pour meubler. On les imagine gras et satisfaits de leur sort et bientôt, la colère nous prend, puis à nouveau le doute, terrible.

Le paysage lui non plus n'aide pas. Rétives aux souvenirs touristiques, et contrairement au Mont Blanc, qui est blanc sale, ou à la Méditerranée, qui est juste sale, les montagnes gapençaises sont indéfinies.

Ceci étant, si l'on sortait de la voiture, puis s'approchait un peu, on y verrait que la Sisymbrille rude y voisine l'Arabette pennatifide. C'est un endroit ou coule le lait et le miel. Sur certains arbres poussent même des paniers garnis. Le gibier abonde, tant que l'autochtone est parfois surpris à chasser l'ours et le grand tétras, tous deux disparus, au 12.7mm ; pour faire contre mauvaise fortune, bon coeur, c'est la tête du fonctionnaire des Eaux et Forêts qu'on cloue sur la porte de la bergerie. Les enfants jouent avec le képi. Un peu perdu, un quidam regrette quand même de ne pas avoir emmené l'écharpe de l'OM, étalée sur la plage arrière de la Subaru ; car il en est sûr maintenant, c'est un vêtement.

Comme souvent, cette petite excursion n'était donc pas inutile. Elle dénote le caractère résolument alpestre de Gap !

Certes, les plus sexys parmi les lecteurs avaient noté depuis longtemps qu'une fameuse marque de pulls à col roulé, qui boudinent des traders à tous les confins de l'Europe, doit son nom à Gap. Une homonymie de la ville et des chandails qui nous renvoie à nouveau, décidément, au destin parallèle du Racing et de Napoléon sur la route de leur ruine. Dans le même temps, elle nous dissuade définitivement de penser que nous avons quitté les Alpes ; non, il y a loin encore. Peut être qu'à Sisteron nous nous découvrirons d'un fil, ou alors dans la vallée de la Durance, ou à Manosque-des-Plateaux...

Que de beaux noms. On envie tout de même un peu le racingman de 2010-11, qui inaugure de nouvelles étapes dans le tour de France du Racing - « Tour de France », car peu s'en faut qu'il ne se déplace en vélo – ô l'heureux pionnier ! Jamais sans doute, guerres mondiales exceptées, ses prédécesseurs n'ont mis le pied si loin des grandes villes bruyantes qui jouent au foot.

Et pourtant ! On les y attend. Créé quasiment pour l'occasion, le Gap FC résulte de nombreuses fusions, qu'on ne détaillera pas, dans le but évident de rassembler 11 joueurs. Il n'y a sans doute pas un seul village en France qui ne songe aujourd'hui à battre Strasbourg ; un espoir raisonnable, souvent récompensé. Coïncidence ? Depuis quelques mois il se dit un peu partout que l'exode rural ralentit, qu'à la campagne les bistrots vendent plus d'eau, et moins de tickets de loto, que les galas de Frank Michaël sont ignorés... Bref, alors que se sont tues il y a peu la voix de chêne de Jean Ferrat et ses stances mélancoliques, que le Racing est devenu prenable, le rustaud retrouverait foi et orgueil. Tout cela est bel et bon, comme une bribe de sens jaillie de la théorie du chaos.

zottel

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