Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Rizzetto à la relance

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Par strohteam
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Entraîneur du RAF depuis cinq ans, Franck Rizzetto a très bien négocié le difficile passage du monde pro à celui des amateurs. Portrait.

Parler de Franck Rizzetto c'est déjà évoquer son Périgord natal, une terre belle et sauvage chère à bien des Alsaciens qui y ont vécu du temps de l'évacuation, et plus si affinités. On sait d'ailleurs que c'est le Racing qui, à travers ses exploits de 1939-1940, a donné un coup de fouet, à la pratique du football dans une région traditionnellement plus attachée au rugby. A l'époque, Strasbourgeois et Prétocoriens évoluaient côte à côte au sein d'une inédite entente, ce qui vaut à notre Racing le privilège unique d'avoir été champion d'une région autre que la sienne. Des aléas de l'histoire qui font également que l'actuel entraineur de Rodez a toujours des cousins du côté de la capitale alsacienne, par le truchement d'un des nombreux couples « mixtes » ayant alors essaimé.

Très attaché à la Dordogne, où il a gardé de solides attaches familiales, c'est pourtant du côté de Toulouse que Franck Rizzetto a débuté. Il signe sa première licence à Balma puis passe au sein du grand club de la ville rose, où il ne parviendra pas à franchir la porte du centre de formation. C'est l'époque où les formateurs français, durablement traumatisés par les échecs en série face aux brutes teutonnes et britanniques, cherchent avant tout à sortir des joueurs au physique imposant. Alors, forcément, le petit Franck, avec sa dégaine de Giresse passé à la lessiveuse, ne convainc pas outre mesure les dirigeants du TFC. Il rebondit chez le rival local, à Toulouse-Fontaines, où l'entraîneur-adjoint de Montpellier, Jean-Louis Gasset, le repère. Aujourd'hui encore, Rizzetto n'hésite pas à témoigner sa gratitude envers l'actuel entraîneur-adjoint de l'équipe de France. « Il m'a tout appris » déclarait-il à Sud-Ouest avant le 32ème de finale de coupe de France face à Bordeaux l'an dernier.

Dans l'Hérault, Rizzetto franchit rapidement les étapes, au point de débouler à 19 ans en équipe première au coté d'Eric Cantona, Laurent Blanc et Carlos Valderrama, pour une courte apparition. Il évolue la saison suivante en Coupe des coupes à Bucarest avant d'être prêté un an chez le voisin alésien, alors en D2. Dans les Cévennes, le petit meneur de jeu s'impose comme un titulaire indiscutable au côté du jeune Sabri Lamouchi et gagne son ticket retour pour Montpellier, où Gérard Gili est décidé à lui faire confiance. La Paillade est alors en reconstruction après les couteuses années paillettes et la priorité est désormais donné aux jeunes issus de la pépinière locale parmi lesquels on retrouve Bruno Carotti, Jérôme Bonnissel, Serge Blanc, Jean-Christiophe Rouvière, Philippe Delaye, et donc Rizzetto. Une génération qui va à nouveau, atteindre la finale de la coupe de France, quatre ans après, mais devra cette fois s'incliner devant l'AJ Auxerre de Corentin Martins et Gérald Baticle. Rizzetto est un titulaire régulier dans l'entre-jeu pailladin, où il fait parler sa technique au point d'éclipser Kader Ferhaoui. Au passage, il glane ses galons d'international A', à l'époque ou cette escouade était plus une antichambre qu'un moyen d'humilier les A déchus – coucou David Trézéguet.

En championnat, Montpellier alterne le bon et le moyen. Les saisons de ventre mou, ou même en queue de wagon, succèdent à celles où l'équipe de Louis Nicollin accroche l'Europe. Arrivé en fin de contrat en 1998, Franck Rizzetto pense alors certainement franchir un palier en rejoignant le tout frais vice-champion de France, le FC Metz. Le club grenat vient de livrer une belle lutte au finish contre Lens et a, ce faisant, mis en valeur ses stars maison, qui ont suscité bien des convoitises. Gestionnaire prudent et avisé, Carlo Molinari encaisse durant l'été 100 millions de francs d'indemnités de transfert suite aux départs de Robert Pires, Jocelyn Blanchard, Rigobert Song et Cyril Serredszum. Peu coutumier des achats tapageux, il n'en dépense que le quart pour compenser l'exode. Une politique timorée qui coutera cher à Metz puisque les joueurs recrutés, comme Ludovic Asuar, David Régis et surtout Michele Padovano, peinent à faire oublier leurs prédécesseurs. C'est aussi le cas de Franck Rizzetto qui, en tant que milieu offensif gaucher, se voit condamné à porter le lourd costume tout juste délaissé par un jeune champion du monde. En Ligue des Champions, les Lorrains se crashent dès le tour préliminaire face aux amateurs d'Helsinki. En championnat, le FC Metz entame également un rapide déclin qui le mènera en D2 dès 2002, après quarante saisons consécutives dans l'élite. Rizzetto ne connaîtra que le début de ce naufrage. Il joue beaucoup lors de sa première saison (35 matches) mais cale lors de la seconde, victime notamment de blessures en série. Pour le remplacer en tant que successeur putatif de Robert Pirès, les dirigeants miseront à grand frais un joueur de loin plus ectoplasmique, Christophe Bastien.

Après le virage manqué messin, l'ancien Montpelliérain choisit de descendre d'un échelon et signe chez le rival nîmois. La première saison en D2 est très correcte mais la seconde, catastrophique, se conclut sur une relégation en National. En galère durant l'intersaison - les Crocos ne le libèrent que très tardivement suite à quelques péripéties - Rizzetto finit par descendre lui aussi en National, à Cannes, après être passé par la case chômage. L'ASC est déjà à cette époque un club ambitieux à l'échelle du National, mais l'opération remontée finit par échouer assez nettement (7ème). A 32 ans, ça commence à sentir salement la quille pour Rizzetto qui, sans démériter dans chacun de ses clubs, s'est retrouvé aspiré dans un concours de circonstances malheureuses l'écartant loin des rivages de la L1.

« Au fond du trou » en juillet 2003, Franck Rizzetto est contacté par son ancien coéquipier à Montpellier, Nîmes et Cannes Régis Brouard, qui vient d'être nommé entraîneur de Rodez. Une pige en CFA2, cela ressemble souvent la mort doucereuse du pro en bout de course mais, pour notre homme, cela correspondra à une seconde jeunesse. Dès sa première saison au club, les Aveyronnais remontent en CFA en dominant largement leur poule puis enchainent à l'étage supérieur avec une belle deuxième place du groupe C. Fort de ces succès, Régis Brouard quitte le club pour Nîmes. Franck Rizzetto, qui a commencé à passer ses diplômes d'entraîneur, lui succède et raccroche les crampons pour l'occasion. Pour sa première saison sur le banc il fait encore mieux que son prédécesseur puisque Rodez bataille toute la saison avec Yzeure pour la montée en National avant de céder dans des circonstances rocambolesques. Le RAF figure effet en tête au classement au terme des 34 journées mais il reste aux Yzeuriens un match en retard finalement obtenu sur tapis vert. Une rencontre que l'équipe adverse (Orléans) refuse de disputer ! Comme souvent dès qu'il est question des avanies du règlement en matière de promotions ou de relégations, l'histoire créera un pataquès juridico-sportif conclu par un arrêt du Conseil d'Etat, qui déboute finalement Rodez. Un imbroglio mal digéré du côté de l'Aveyron, Rizzetto considérant même qu'on lui a « volé la montée » (déclaration à Centre Presse, 2 août 2007).

Qu'à cela ne tienne, le RAF repart de plus belle en CFA et Franck Rizzetto se remet même à gambader sur le pré en cours de saison. L'ancien pro jouera d'ailleurs un rôle décisif dans l'excellente saison de son équipe en terminant avec 6 buts en 21 matches ce qui, à 36 ans, constitue une performance pour le moins honorable. Champion du groupe C, Rodez décroche cette fois une montée incontestable en National, où il fait figure depuis de petit poucet. Difficile de faire des miracles avec un budget n'atteignant pas 2M d'euros quand certains clubs de la division dépensent jusqu'à quatre ou cinq fois plus. Sous la houlette de Rizzetto, le club connaît quelques sueurs froides mais finit chaque saison par se ménager un petit écart avec la charrette tout en signant quelques exploits en coupe de France, comme l'élimination du PSG en 2009. Quinzième en 2009 et 2010, Rodez est scotché à ce même rang cette saison dans un National rendu plus périlleux que jamais, avec cinq relégations suite au maintien in extremis de Strasbourg en National. Un épisode qui n'a pas manqué de susciter un certain dépit dans l'Aveyron : « Je ne comprends pas ! On nous demande d'être rigoureux sur tous les plans, et eux à la FFF ils ne peuvent même pas l'être. C'est tout simplement un manque de respect envers les autres équipes » (Déclaration au Le Midi Libre, 23 juillet 2010). Difficile de lui donner tort quand on sait combien le poste déplacements peut compter dans le budget d'un club amateur, forcément impacté par la refonte expresse du calendrier suite aux tourments estivaux du Racing. On peut imaginer que le Périgourdin se verrait bien prendre une petite revanche en jouant, pour une fois, un mauvais tour aux Alsaciens.

Sources


Montpellier interactif
Frédéric Potet, « Poursuivi par l'infortune, le FC Metz vit mal sa chute libre », Le Monde du 20 octobre 1998.
Jean-Louis Bories, « Rizzetto, barreur en eaux douces », Centre-Presse du 2 août 2007
Interview avec Julien Duby : « Gasset m'a tout appris », Sud-Ouest du 9 janvier 2010
Aurélien Parayre, « Un championnat National à 21 clubs », Le Midi Libre, 23 juillet 2010

strohteam

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Stammtisch
  • pando67 Après réflexion, je me suis peut être un peu enflammé
  • pando67 Mais non vous n'y êtes pas du tout, on a repris confiance et on va faire comme face à Lille !
  • the-naturel Un peu d'optimisme bon sang !
  • the-naturel Tenseur sans déconner si tous tes scores s'avéraient exact, on serait dernier avec -12 points
  • athor 35-0 pour Rennes, évidemment
  • coyote67 Nantes joueit bien aussi tu disais...
  • coyote67 ah ben tiens Tenseur, le contraire m'aurait étonné ;-)
  • the-naturel Hello mon prono 1-8, triplé de Stephan
  • tenseur Rennes joue vraiment bien ces derniers temps, donc je pense 1-3 Rennes
  • iuliu68 c'est qui le prochain? Ginestet?
  • iuliu68 'tain les retours ça dénote quand même d'un manque d'idées chez les scénaristes
  • iuliu68 Jafar, Fontenla, Keller 1, 2 et 3...
  • guigues hopla
  • chris68 le trio direct racing Menes Keller hyper malaisan
  • il-vecchio Wie bitte? MK veut une presse Propagandastaffel ou la Pravda pour les russophones.
  • iuliu68 bon normalement Thomas Fritz devrait pointer le bout de son parapluie
  • iuliu68 Jafar, Fontenla
  • chris68 le racing leur menace de plus les accepter en conf" qu'ils se doivent de relayer la com' officielle?
  • chris68 c'est quoi encore cet article de direct racing?
  • takl ça y est je suis énervé.

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