Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Mise en abysse

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Souvenir/anecdote
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Par guigues
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© guigues

Le FC Rouen pensionnaire de CFA accueille un club de l'élite : le RCS, qui vient de faire un aller-retour express en deuxième division. C'était le 5 janvier 2008, il y a presque trois ans. Une éternité.

Tragical History Tour

Le tirage nous offre un voyage à Rouen cette année pour ce 32ème de finale de coupe de France. Le Racing fait son entrée et c'est avec délectation que je constate que notre adversaire est un club amateur et une destination exotique.
FC Rouen, le nom rappelle vaguement quelque chose. Cela sonne comme un nom de club de football, mais il sent résolument la naphtaline. C'est grâce à l'article du stub que la chronologie du FCR devient un peu plus limpide. Pour ne pas dire la nécrologie : club fondé en 1899, il n'arrivera jamais à digérer son centième anniversaire. Les difficultés financières le plongent dans le football amateur. C'est alors qu'il se relève pour mieux replonger.

Pour le supporteur du RCS c'est le bonheur, un petit stade champêtre, un adversaire supposé prenable et l'ambiance de la coupe de France pour débuter l'année. Je m'inscris donc au déplacement avec le coeur léger. A moi la ville aux cent clochers !

La fête à Bob Diochon

Après avoir traversé la France, nous arrivons à Rouen et à son stade Robert Diochon. L'escorte est digne des grands matchs. Le public qui se rend en masse au stade nous regarde comme des extra terrestres, les valeureux supporteurs de Strasbourg traversant la France pour se rendre chez le petit poucet.

Pas de Parking visiteur, pas de parcage visiteur, nous sommes dans une grande tribune derrière les buts. Pas de sécurité ni de grilles, le match sent bon l'amateurisme et les frites. D'ailleurs, la buvette du stade en sert à la pelletée. Dans la file d'attente j'échange une écharpe du match avec un jovial retraité rouennais. Une petite discussion s'improvise, il est fier de voir son équipe jouer contre nous et me souhaite bonne chance pour le match.

Coup d'envoi le stade est rempli mais pas réellement plein à craquer. Le Racing fait il réellement rêver ? Un sympathique tifo bleu blanc rouge se déploie sur toute la tribune d'honneur, la vielle Dame fait toujours partie du fantasme collectif des supporteurs.

Le Racing est poussif. Les Rouennais joue crânement leur chance. Le match finit sur un bon vieux 0-0 des familles. Tirs aux buts ! Cet ingrédient traditionnel de la coupe, ce petit piquant qui peut se transformer en poil à gratter quand les amateurs surpassent les pros. Nous n'aurons pas fait le déplacement pour rien. Encore mieux, l'arbitre désigne notre coté pour la séance décisive. Migration de la petite colonie strasbourgeoise derrière le but, encouragement pour nos Bleus, sifflets et déstabilisation pour les rRuges.

Nicolas Puydebois - oui vous ne rêvez pas, Puydebois - sort vainqueur de son quatrième duel avec Louiron. Derrière, Pascal Johansen fait le boulot et qualifie le RCS. Oui vous ne rêvez, Johansen. Nous exultons, les joueurs aussi. Certains lancent même leur maillot, celui de Romain Gasmi est récupéré par le grand gaillard à quelques centimètres de moi. Le début d'une belle aventure ! Qui sait, c'est dans le froid et la difficulté que se construit un groupe, une équipe.

Les compteurs à zéro

Fin du match, légère altercation avec des supporteurs rouennais. Cela met du piment, c'est aussi ça le foot amateur : les stades vétustes et ouverts, le contact avec les supporteurs locaux. Cela fait du bien de sortir des ambiances artificielles de certains stades de première division. Une bonne tranche de vrai football avant de replonger dans l'enfer de la Ligue 1.

Une derrière barrière de derrières pour saluer nos hôtes. Merci pour tout, à dans 10 ans en coupe de France.

Début août 2010. Le Racing est réintégré en national. Nous l'avons échappé belle, la CFA nous tendait les bras. Un rapide regard sur le calendrier, 13 mai retour à Diochon ... en championnat cette fois ci. Avant cela ce sont eux qui viendront au marché de noël en décembre. Que s'est il passé ? Où l'histoire a-t-elle dérapé ?

C'est comme si je me réveillais en plein cauchemar, le petit poucet d'hier est devenu l'adversaire acharné du quotidien. L'ogr Racing n'est plus qu'une ombre qui plane encore sur la Meinau. Et les responsables semblent être partis avec leurs bottes de sept lieues. Sur le terrain, plus de Johansen, Puydebois. Plus personne d'ailleurs, aucun des joueurs ayant été sur la feuille de match n'évolue au club cette saison. Même les plus jeunes sont allés voir ailleurs.

Le fidèle supporteur est resté. Avec ses souvenirs qui ressemblent aujourd'hui plus à des coups de poignards dans le dos qu'au doux parfum d'un passé glorieux. L'avenir sera radieux se dit-il. Comment pourrait-il être plus noir ?

guigues

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