Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le No-rôle de sa vie

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Par roquettesyntaxe
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A-t-il seulement une idée, ce Stéphane Noro qui débarque à la Meinau, de l'extraordinaire fardeau de destins qui pèse sur ses épaules ?

Pour le dire autrement : Vous-a-t-on comme lui déjà proposé un CDD pour enrayer à vous tout seul le puissant tropisme autodestructeur rongeant l'entreprise centenaire qui vous emploie, suite à une reconversion du football vers l'opérette ?

Certes, on n'attend pas de Stéphane Noro qu'il explique le droit du travail à Christophe Cornelie ou les bases de la gouvernance d'entreprise à Jafar Hilali, pas plus qu'il ne lui sera demandé de sauver le centre de formation. Mais sportivement sa mission s'apparente à celle du super héros qui intervient au moment le plus critique pour retourner une situation compromise aux yeux de tous, ni plus ni moins. Pensez que même le mage Fournier y a épuisé en pure perte ses meilleurs sortilèges et que d'autre super-héros sauveurs aussi grandioses que Luc Dayan s'y sont cassé les dent. Une situation que même Plessis n'a pas pu lire dans le marc de Gewurtz.

On a beau peser ses 84 matchs de ligue 1, 112 de Ligue 2 et 26 de coupe de France, pour 42 buts et 12 passes décisives en plus de flatteuses clopinettes en National et en CFA, la tâche aurait de quoi faire gamberger n'importe qui, sauf si bien entendu on est le meilleur entraineur du monde ou un sauveur, un vrai.


Profil d'un flambeur fluctuant


Le principal atout de Noro pour réveiller ses troupes est bien connu : la praline de plus de 25 mètres sous la barre façon Bundesliga avec option déclenchement de tir éclair. On espère juste que l'ancien « Juninho des Ardennes » n'a pas bouffé la recette en route lors de sa traversée de l'océan Havrais. Mais il faudra encore en donner bien plus pour ce joueur qui fait naître un réel espoir, mais dont la carrière n'est pas exempte de trous d'air.

Formé à Lille, Stéphane Noro a écumé avec un succès réel mais inégal les destinations les plus sexy du championnat de France : Reims, Sedan, Metz, Troyes, Le Havre. Et tout de suite on se dit que ce gars là, il est attiré par la lumière et les paillettes. Moment symptomatique entre tous quand après quatre saisons pleines en Ligue 1 à jouer les super héros pour Sedan, Noro quitte les Ardennes pour... Troyes et la Ligue 2 malgré les appels du pied de clubs sordides comme l'insalubre principauté de Monaco. En voila un qui se laisse facilement griser par le succès et les jolies filles, je vous le dis.

Le jeune Noro fait ses débuts à 18 ans avec la réserve de Lille, alors en D2, avant de signer son premier contrat et de faire quelques apparitions en équipe première lors des deux années suivantes. Sous les ordres du redoutable coach Vahid, le club remonte dans l'élite mais Noro va chercher du temps de jeu à Reims. A 21 ans, il fait une saison à 35 matches, plante neuf buts, donne six passes décisives et son équipe termine à un honorable cinquième place. Difficile pourtant de comparer ce championnat de National, alors tout récent, avec celui d'aujourd'hui.

Le clinquant des années Sedan


Sa carrière décolle vraiment lorsqu'il signe en 2001 à Sedan qui vient de cinquième du championnat et dispute la coupe de l'UEFA sous la houlette d'Alex Dupont. Las, cette période inaugure deux saisons galère pour les Sangliers avec une descente à la clef. Noro s'installe tout de même dans l'entre-jeu et commence à faire parler la poudre lors de la saison 2002-2003 avec six buts et quelques remarquable enrobages à la praline. Nouvelle demi-saison galère en ligue 2 aux coté du fameux goléador Basile De Carvalho suivie d'un prêt sans lustre dans une équipe de Metz comme on l'aime : en Ligue 1, certes, mais en perdition.

De retour à Sedan, Stéphane Noro va s'imposer comme un pilier de l'équipe de Serge Romano, dont il est à l'occasion capitaine. La saison 2004-2005 voit les Ardennais échouer de peu pour la remontée et disputer une finale de coupe de France contre Auxerre au cours de laquelle Noro marque les esprits avec une frappe extra terrestre d'environ 35 mètres.

En 2005-2006, l'équipe confirme en obtenant la montée en L1 les doigts dans le nez. Ses compère dans l'aventure se nomment pèle-mêle N'Janka, Jambay, Ducourtioux, Boutabout, Ciani ou Régnault.

Nos enquêteurs cherchent encore si l'année suivante fut gâchée par une vilaine blessure ou une disgrâce à la cour de l'entraineur. (ndlr : voir à la rubrique PAF le genou). Toujours est-il que Noro ne joue que le début et la fin de saison qui correspondent aux temps forts de l'équipe. Celle-ci redescend d'ailleurs illico pour une séquence de yoyo dont Noro est un grand habitué - il ne sera pas dépaysé à Strasbourg. Mais ses quatre buts et sa réputation de bombardier lourd en font une recrue de premier ordre pour Troyes, qui évolue alors en Ligue 2.

Impasse troyenne et désert havrais


Noro fait à Troyes (mais à lui tout seul) une saison pleine et finit meilleur réalisateur de son équipe avec douze buts. Ce joueur a assurément ce qu'il faut pour survoler les débats en L2. Après y avoir cru une bonne partie de la saison, l'ESTAC de Denis Troch s'effondre finalement en fin de saison et Noro s'embarque pour le Havre à l'étage supérieur.

Hélas, le mouvement de balancier permanent qui caractérise la carrière de notre homme repart du mauvais coté. Le club doyen sombre au terme d'une saison catastrophique, Noro surnage mais termine la saison sans planter un but en championnat. Direction la L2 à presque 30 ans. La saison 2009-2010 est une galère pour Noro. Il ne fait que trois matches pleins sur quatorze participations. Le coach Cédric Daury ne compte visiblement pas sur lui et la saison du club est quelconque, ce dont tout supporter strasbourgeois aurait rétrospectivement rêvé en cette annus horibilis. Débarqué en septembre 2010 à un an du terme de son contrat, il ne reste plus à Stéphane Noro qu'à rejoindre en National cette équipe si flamboyante qui l'avait tant fait rêver l'année précédente sous la houlette de Pascal Janin.


Votre mission si vous l'acceptez


Le rôle que doit impérativement tenir avec succès Noro sur le terrain est clair. C'est celui de cerveau et centre de transmission de tout le secteur offensif, comme il l'a lui-même résumé avec ses mots de footballeur à la presse régionale. Un Noro-transmetteur en quelques sortes. Et puisque c'est Noël, les supporters blasés aimeraient aussi un peu de spectacle et une pluie de patates à 30 mètres qui font mouche.

Mais Noro ne devra pas seulement jouer juste et bien pour que Strasbourg aille en Ligue 2 et évite une nouvelle inter-saison de chaos absolu, il devra aussi faire briller ses coéquipiers, révéler leur propre potentiel. Sublimer du Tristan M'Bongo, faire passer Samir Hadji pour un attaquant et David Ledy pour un diamant brut. Super-héros et gourou de sectes par-dessus le marché.

Première étape attendue du miracle : mener ses nouveaux coéquipiers à un premier succès à l'extérieur. En ces temps troubles où même Colmar gagne loin de ses bases, il est indispensable de briser la malédiction du déplacement pour sauver ce qui doit l'être coûte que coûte : la présence du club parmi le monde pro, avec un centre de formation qui va bien.

Stéphane Noro vient d'accepter de monter dans le Titanic alors qu'il n'y a plus que l'orchestre qui joue sous les ordres d'un moine-chef d'orchestre aux yeux exorbités et que la salle des machines menace à tout moment de prendre l'eau - et on ne vous parle pas de ce qui se passe dans la cabine du capitaine. On va bientôt savoir si c'était de l'inconscience ou le signe que ce bonhomme a des testicules en bronze.

Une mission impossible on vous dit. Un truc de fondu.

roquettesyntaxe

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