Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le CFA avant le dépôt de bilan ?

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Par strohteam
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© denisub90

Pour la deuxième année consécutive, la gestion du Racing a été sanctionnée d'une rétrogradation administrative. Mais à la différence de 2010, rien ne devrait cette fois pouvoir sauver le club en appel. Il va falloir remonter la pente.

Suite à l'audition d'hier, et après examen des comptes du club pour la saison 2010/2011 et du budget prévisionnel 2011/2012, la commission de contrôle des clubs professionnels - communément désignée comme la DNCG de la LFP - a décidé sans surprise d'infliger au Racing une rétrogradation en Championnat de France amateur.

C'est vraisemblablement Jafar Hilali lui-même qui a transmis l'information à deux de ses contacts préférés dans la presse, José Barroso de l'Equipe et François Namur des Dernières Nouvelles d'Alsace, les deux titres ayant simultanément répercuté l'annonce de la rétrogradation administrative du club sur leur sites internet respectifs (ici et ). Ce matin, les DNA expliquaient pourtant de façon assez étrange qu'un "sursis" ou "délai" aurait été accordé au RCS. En fait, il s'agit seulement des jours de battement nécessaire à la procédure de notification officielle, puis à un probable appel. Le véritable dénouement attendra donc, comme l'an dernier, le mois de juillet.

A première vue, les similitudes avec le scénario de 2010 dominent. A nouveau, les dirigeants ont tardé à présenter leurs comptes souffreteux devant la DNCG, obtenant plusieurs reports avant de faire volte-face à propos du statut professionnel, abandonné puis maintenu in extremis. Du temps grappillé qui n'a servi à rien, le devenir de la SASP étant à ce stade toujours très flou. Comme en 2010, la sanction en première instance vient logiquement sanctionner le refus de l'actionnaire majoritaire d'assumer de façon sonnante et trébuchante ses responsabilités, malgré l'abandon d'un compte courant de toute façon consumé depuis longtemps par le déficit d'exploitation du club. Interviewé hier par France 3 et France Bleu, Jafar Hilali a tenté de faire porter le chapeau aux actionnaires minoritaires qui auraient refusé de faire la jointure en abandonnant définitivement leurs apports injectés il y a plusieurs années dans le club, et eux aussi engloutis depuis belle lurette. Une argutie comptable guère convaincante, et de toute façon trop tardive pour changer les choses.

Les ressemblances avec le scénario de l'an dernier sont néanmoins de façade. La situation est aujourd'hui bien plus grave puisque le club ne dispose plus d'aucun actif notable à céder qui lui permettrait de dégager rapidement des liquidités. Rappelons que durant l'été 2010 c'est avant tout l'accord trouvé avec la mairie pour le rachat du bâtiment du centre de formation qui avait permis, en appel, de rapatrier Strasbourg en National. Sur les 4M€ versés par les contribuables de la Communauté urbaine à cette occasion, 2,8M€ ont finalement atterri sur les comptes de la SASP (1), qui a également pu se permettre de réduire drastiquement puis de cesser sa contribution au fonctionnement du centre de formation grâce à cette manne. Pour le reste, ce sont 1,9M€ injectés par Carousel Finance (2), plus de 2M€ en transferts de joueurs (3) et la prime de relégation de 700.000€ consentie par la Ligue qui avaient permis de faire la bascule entre la saison de L2 et celle de National. Une somme consistante mais qui n'a pas suffi puisqu'il a encore fallu rapiner en fin de saison pour assurer la trésorerie, notamment en bradant la clause d'intéressement sur la revente de Kévin Gameiro (4). Jafar Hilali prétend tout de même boucler l'exercice à l'équilibre, ce dont il est permis de douter au vu des avertissements répétés des commissaires aux comptes. On peine en tous cas à discerner le difficile travail de restructuration dont se sont vantés le président et son directeur général Christophe Cornelie, le Racing semblant plus que jamais être une machine à dévorer du cash. En réalité, rien n'a été fait pour amortir la dure adaptation à un championnat sans droits TV, ce que greg expliquait dès octobre dernier.

A supposer que le RCS parvienne à boucler l'exercice 2010/2011, il faudrait encore assurer une très hypothétique saison suivante au troisième échelon sans rien à vendre et avec un propriétaire ayant manifesté à plusieurs reprises son intention de ne pas rajouter un centime. La seule issue serait donc que Jafar Hilali revende sa part majoritaire dans la SASP à un actionnaire capable d'injecter la somme nécessaire pour rassurer la DNCG. On s'est beaucoup agité à ce sujet ces dernières semaines, sans que cela débouche sur quoi que ce soit de tangible. Et pour cause, puisque Hilali entend revendre au prix très fort une structure qu'il a pourtant vidé de sa substance. En face, on trouve des projets de reprises souvent flous, voire carrément nébuleux. En dépit des multiples effets d'annonce, aucune tractation sérieuse ne semble avoir seulement débuté, les claquements de porte succédant aux mauvais coups de bluff. Il semble de toute façon vain de négocier avec un personnage ayant décidé depuis des mois d'emporter le club par le fond par tous les moyens, pour se venger des offenses faites à son égo aussi chatouilleux qu'hypertrophié.

Regain ?


A mesure que les jours passent, la perspective d'une reprise de la SASP s'étiole. Jafar Hilali a d'ailleurs annoncé son intention de faire constater une cessation d'activité au terme des deux procédures - sportive et comptable - en cours. La véritable solution semble donc reposer sur l'association support, qui bénéficie du numéro d'affiliation à la Fédération française de football et d'une situation comptable relativement saine. Si la SASP venait à disparaitre, l'association pourrait introduire un recours gracieux auprès du comité exécutif de la FFF, qui a succédé au Conseil fédéral, pour obtenir la rétrocession des droits sportifs dévolus depuis 20 ans à une société par actions (SEM, puis SAOS puis SASP). Les hiérarques fédéraux sont d'ordinaire très sévères avec ce genre de demande, qu'ils acceptent seulement en renvoyant les équipes concernées au sein des tréfonds des classements régionaux. On l'a vu avec la faillite du FC Gueugnon, l'association support du club bourguignon ayant été seulement réintroduite en Promotion d'Honneur (7ème échelon).

Une lueur d'espoir subsiste cependant. A la différence de Gueugnon, où le club est en conflit plus ou moins larvé avec les collectivités locales, le Racing semble toujours bénéficier d'un soutien politique, et en tous cas d'une attention notable de la part de son bailleur de fonds historique, la mairie de Strasbourg. Figure montante de la majorité municipale, Alain Fontanel s'est beaucoup investi dans tous les dossiers concernant le RCS ces derniers mois. Sans doute parce que, malgré tout, le Racing continue d'être une institution qui compte et qu'il serait de mauvais ton de lâcher complétement. La FFF ne peut ignorer en bloc cet aspect, et un lobbying habile mettant en exergue la politique du pire pratiquée au détriment de tous par Jafar Hilali pourrait achever d'emporter son indulgence. Dans ce cas, l'ARC Strasbourg (le nom officiel de l'association) se verrait accorder une place au sein d'un championnat géré par la Fédération qui ne serait de toute façon pas le National, et bien évidemment sans statut professionnel. Le fait que la réserve ait achevé la saison sur un titre de champion de groupe en CFA2 peut entrer en ligne de compte comme élément favorable mais n'entraîne aucune automaticité, puisque l'équipe de François Keller était également gérée par la SASP. Les instances sont donc souveraines pour choisir un niveau oscillant entre le CFA et l'Excellence Bas-Rhin, voire pour refuser carrément la requête.

En cas de réussite de ce "plan B", le nouveau Racing repartirait en CFA ou CFA2 apuré de ses dettes et litiges mais sans effectif et sans centre formation, en tous cas pas sous la forme actuelle. Il pourrait également être contraint de modifier son nom afin de bien marquer la césure avec la SASP disparue. Un défi sans nul doute difficile, qui a échoué dans beaucoup de clubs - Mulhouse notamment - mais a réussi chez certains : Brest et Valenciennes sont aujourd'hui de retour en L1 après avoir connu le dépôt de bilan il y a 10 ou 20 ans. Le principal ingrédient semble en tous cas être là, puisque le club continue malgré ses déboires à susciter l'intérêt et la mobilisation d'un public fidèle et consistant. Plus que jamais, le Racing aura besoin de ses supporters, de leur patience et de leur énergie.

Notes


(1) 2,5M€ de remboursement anticipé d'emprunt versés par l'association à la SASP en janvier 2011 et 300.000€ de rallonge obtenue en échange de l'abandon des poursuites à propos des émoluments des quatre employés rémunérés par la SASP mais employés, selon Jafar Hilali, au profit de l'association. L'effet d'aubaine sur le fonctionnement presque gratuit du centre de formation cette année est lui difficilement quantifiable, mais réel.

(2) Initialement 2,6M€ injecté en compte courant en juillet 2010, dont 700.000€ ont été récupérés dès la clôture du mercato, cette somme correspondant aux indemnités de transfert perçues pour Mamadou Bah et Franck Dja Djedje.

(3) En plus de Bah et Dje Djedje, Magaye Gueye a été vendu pour 1,4M€ à Everton, cette somme ayant servi à boucler l'exercice 2009/2010. Le club a également perçu un intéressement sur la plus value réalisée par Marseille lors du transfert de Mamadou Niang.

(4) Pressé par son manque de liquidités le Racing a modifié son accord initial avec Lorient, échangeant un intéressement de 30% sur la plus value à la revente réalisée par les Merlus contre un peu plus d'1M€ TTC. Quelques semaines plus tard, Gameiro est passé au PSG et Lorient a réalisé pour l'occasion une plus value d'environ 8M€, ce qui aurait fait un montant brut de 2,4M€ de prime pour le RCS.

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