Jamais sans Prozac à Forbach

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)(il faudra vous le dire combien de fois ? Mais faites un effort, enfin quoi !)(c'est lassant à la fin ce comportement puéril, c'est quand même pas compliqué, vous arrivez à suivre des histoires stupéfiantes de conventions doublement croisées flip-flap feuille morte et une simple recommandation de bon sens, ça semble impossible)(non, moi je crois qu'il y a de la mauvaise volonté de votre part)(faut pas déconner avec ces trucs là, on ne peut pas rigoler avec tout, il y a tout de même des contraintes inhérentes à la vie en société)(bienvenue dans la réalité les mecs)

On s'en souvient, peu après le naufrage du Costa Concordia, le Canard titrait « le capitaine avait les pieds sur terre ». On aurait aimé le trouver, ce jeu de mot, et tant d'autres. Et justement, cela relève du monopole de la presse installée. Racingstub, sur demande expresse de ces puissants par l'intermédiaire du cabinet Isenegger&Loban, Genève, devra donc faire dorénavant sans jeu de mot moisi.

Forbach est en Moselle, l'Empire de l'échec. Quel jeu de mot aller y chercher ? Quand rédaction proposa Forbach à l'auteur, dit-il "Forbach, chiche" pour mener à ce malentendu ?

Et c'était parti :

Forbâcler un article pour Rédaction

"Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d'avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres.
L'homme était parti de Marchiennes vers deux heures."

C'est dans Zola, donc c'est vrai. On peut laisser Marchiennes (Nord-Pas de Calais), c'est pour que le toponyme sonne bestial et canin, mais en réalité les repérages eurent lieu du côté de Forbach. Le fait est bien connu et documenté. Le Forbachois - ce serait "Forbachien", il y aurait eu Germinal en Moselle, c'est sûr - le Forbachois ordinaire le porte sur son visage. Ordinaire, ou même toi, puissant, toi qui règne sur Forbach, élite ! Même toi qui était fort au bac.

L'homme ordinaire est drapé dans un pardessus et son humeur est incertaine. Et pour signaler la différence qui rend son existence possible, entouré d'arbres et des terres nues, il affirme - il le fera assez longtemps même sous la torture - que Nancy vaut d'être visitée « pour la place Stanislas ». Et Metz pour la gare. Mais c'est faux, bien entendu.

La vue n'est pas le seul des cinq sens sinistrés car il y a le bruit, aussi.

Vot'moselle chante le blues

Musicalement c'est sombre. Juan-les-Pins, c'est le Cricket Song ; Montreux, c'est Smoke on the water ; et bien Forbach, in black.

Linguistiquement on s'y exprime dans une langue qui n'en est pas une, comme l'est l'alsacien : cette langue est du francique. Il faut savoir, car le Forbachois y tient autant qu'a deux gares plus une place Stanislas, que le francique a pour elle d'être une langue antérieure aux autres. L'araméen est un gamin à côté du francique. Le francique a vécu le titre avec Gilbert Gress. Comme disait Charles Quint : « Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon chien. Et pour les protozoaires, c'est francique ». On comprend donc que le francique ne nous rajeunit pas, ou plutôt si, car de même que tout embryon passe par des stades qui l'apparente tantôt à un unicellulaire ou à un amphibien, car l'ontogenèse récapitule la phylogenèse selon le pote de Jeckel (mais en fait non), tout nouveau-né gazouille d'abord en francique. C'est l'âge où tous ne parlent qu'un seul son, dans un tableau saisissant qui évoque le monde d'avant la tour de Babel. Une pelle, un seau, et on parlerait de Forbach à sable. L'auteur peut d'ailleurs en attester même s'il ne sait dire que « saucisse » en francique. Ça s'écrit "wurst", comme chez nous, mais se prononce comme dans un renvoi de lait caillé.

Il doit y avoir là - dans l'universel francique - l'origine de l'illusion qu'entretient la Forbachoise Patricia Kaas quand elle chante en blueswoman alcoolique noire nord-américaine. Il n'y a qu'au moment ou elle entonne D'Allemagne, avec cette presqu'imperceptible pesanteur dans les consonnes, qu'un auditeur mosellan ou alsacien reconnaît sa région frontalière préférée. Certains voient même Lothar Matthaüs tout nu, mais c'est un peu le secret de Forbach Mountain.

On a beau faire, on ne se détache pas facilement de la glèbe qui nous a vu naître. Ça lui nuit un peu, la Kaas. C'est comme si Shakira vendait des oignons au marché de Sélestat. Réciproquement, c'est comme si le Racing était racheté par un grand groupe américain - ça s'appellerait MacForbach. Ça nous fait aimer Sitterlé.

Forbach Sabbath

Tout bien pesé, l'auteur ne sait même plus s'il doit garder Forbach (?). Mais qu'on songe un instant au mot du général Von Choltitz, gouverneur de Paris pendant l'occupation allemande (pense-bête : visualiser Lothar Matthaüs) : « Paris brûle-t-il ? Non, mais si vous voulez, Forbach, à ras ». Voilà qui nous fait sentir combien il est dérisoire de s'acharner.

Post Scriptum à forte valeur ajoutée
Afin de ne négliger aucun pan de notre vaste public, dans un souci de Diversité & d'Inclusion, voici un moyen facile et festif pour transformer ce texte en une vaste sarabande très moderne, le tout en deux étapes

-- Copiez-Collez le texte de ce sommet de la publication internetienne non sans l'avoir préalablement sélectionné (le texte)(de ce sommet tout ça) dans votre éditeur de texte préféré.

-- Utilisez l'outil 'Remplacer' de votre éditeur de texte préféré (oui, en effet, il serait inutile de copier-coller dans un éditeur de texte donné tout en utilisant la fonction "Remplacer" d'un autre éditeur de texte) et demandez de remplacer chaque occurrence de "Forbach" par "Forbach Anal".

En vous remerciant.

Article co-écrit par jpdarky et zottel