Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : mars 1982

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Souvenir/anecdote
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Intérim réussi pour Patrick Ottmann

Le Racing se renfloue tandis que le tournoi de tennis au Rhénus fait naufrage. Ballon rond et petite balle jaune évoluent en sens inverse en ce début de printemps strasbourgeois.

Résumé de l'épisode précédent: Longtemps à l'arrêt pendant l'hiver, le Racing a enchaîné les semaines anglaises en février, s'en tirant plutôt bien en championnat mais se faisant éliminer en coupe par Lyon. Le maintien, devenu l'unique l'objectif du club après un automne calamiteux, commence à se dessiner assez nettement.

Il faut bien s'y résoudre : l'instauration du « self-service » n'a pas débouché sur la relation de confiance que l'on avait espérée. La suppression des receveurs a plutôt provoqué une explosion de la fraude et de la resquille dans les autobus de la CTS. Et du coup, il faut bien sévir et recruter sept équipes de trois contrôleurs oeuvrant sur l'ensemble du réseau, pour certains en civil. L'amende pour le voyageur dépourvu de ticket s'élève à 45 francs, si elle est payée tout de suite. La CTS se fait même martiale en expliquant que les contrôleurs ont le pouvoir de détourner le bus jusqu'au poste de police le plus proche en cas de refus d'obtempérer. Nul doute qu'avec de telles mesures, le problème sera rapidement résorbé.

Les Bleus n'oublient pas de composter leur ticket pour s'en aller dans l'Ouest défier le Stade brestois, rival du ventre mou et vainqueur à la Meinau à l'aller. Pour cette rencontre, Roger Lemerre choisit de reconduire l'équipe alignée à Valenciennes, avec notamment le jeune Jacques Glassmann au poste d'arrière gauche. Sur une pelouse gorgée d'eau, le Racing signe sa deuxième victoire à l'extérieur grâce notamment au premier but de la saison de René Deutschmann, qui profite d'un temps d'hésitation de la défense bretonne pour filer seul au but et tromper Bernard (0-1 ; 25'). Au retour des vestiaires, Brest se rebiffe et se procure un pénalty que Bernardet gâche avant de se racheter deux minutes plus tard par un tir en pivot sous la barre de Dominique Dropsy (1-1 ; 67'). Réaction immédiate du Racing qui reprend l'avantage dès l'engagement grâce à un tir fracassant d'un Francis Piasecki décidément en grande forme (1-2 ; 68'). Un succès cependant entaché par la blessure de Dominique Dropsy, qui s'est fracturé le cinquième métacarpe en plongeant dans les pieds de Parizon. Absent pour trois semaines, le Picard va ainsi mettre fin à une impressionnante série de 327 matches de championnat sans discontinuer pendant près de neuf ans. Un score à mettre en parallèle avec les états de service pour le moins étiques de son remplaçant Patrick Ottmann, l'un des très rares professionnels de Division 1 à n'y avoir encore disputé aucun match.

Ce mercredi 3 mars marque également le tour aller des quarts de finale de coupe d'Europe. En déplacement à Hambourg, le Xamax de Gilbert Gress ne s'incline que 3-2 et préserve ainsi ses chances pour le retour. Mais, dans une Maladière archi-bondée, les Neuchâtelois ne parviennent pas à débloquer le score malgré une nette domination. Gilbert Gress ne peut dès lors que maudire l'inefficacité de ses attaquants tandis que le tenant de la coupe des champions, Liverpool, se fait sortir en prolongations par le CSKA Sofia (2-0). Du côté d'Hambourg on apprend aussi la prochaine retraite du Kaiser Franz Beckenbauer, lâché par son physique, et qui ne pourra accomplir son rêve d'une quatrième coupe du monde.

Au Racing, on prépare déjà la saison suivante, et l'on commence notamment à parler de transferts avec insistance. La date d'ouverture officielle des négociations pour les joueurs en fin de contrat est alors fixée au 15 mai, mais certains ne se privent pas d'envoyer d'ores et déjà des signaux assez clairs. Courtisé par Saint-Étienne selon plusieurs échos, Léonard Specht déclare aux DNA que « [sa] valise est prête », en l'absence de proposition de prolongation de la part du Racing. Un Léon qui reconnaît effectuer sa plus mauvaise saison depuis des lustres mais laisse poindre aussi un agacement suite à son inédit remplacement contre Auxerre et la montée en puissance du libéro Jean-François Jodar, devenu l'homme de confiance de Lemerre en défense centrale. Autre champion de France en fin de bail, Joël Tanter évoque lui aussi des négociations au point mort avec la direction, alors que du côté des arrivées on évoque de possibles retours de Bernard Tischner et Pierre Sither, très efficace à l'étage du dessous avec Châteauroux. Un championnat de D2 ou le FC Mulhouse enchaîne trois succès sur la marque de 4-0 (Angers, Guingamp, Calais) et se prend à rêver de barrages avant de chuter lourdement chez le leader rouennais et son jeune goléador Didier Monczuk, auteur d'un triplé pour une victoire finale 5-0.

La réception de Bastia le 13 mars marque donc pour Patrick Ottmann l'occasion de sortir enfin de l'ombre, avec l'espoir au passage de susciter l'intérêt de l'un ou l'autre club pro. Pour ce match piège, Lemerre reconduit une nouvelle fois les dix mêmes joueurs de champ tandis que Lacuesta fait son retour dans le groupe. L'absence de Dropsy conduit cependant à un changement de taille puisque c'est Francis Piasecki qui hérite du brassard, lequel était porté par le gardien depuis la retraite en 1980 de Jacky Novi. Peut-être alourdi par cet important bout d'étoffe, le Mosellan rate le penalty qui aurait pu conclure positivement une partie fermée, et oubliable (0-0).

Dominique Dropsy occupe son indisponibilité par quelques mondanités, et notamment le tirage du grand événement du mois dans la capitale alsacienne, le tournoi de tennis WCT organisé au Rhénus avec pour tête d'affiche la star américaine John McEnroe. Hélas, on apprend le lendemain la blessure de l'Américain, victime d'une entorse à l'échauffement pendant le tournoi de Bruxelles. Très vite, les appels s'accumulent sur le standard de l'organisation, réclamant ni plus ni moins que le remboursement des tickets acquis pour admirer le numéro 1 mondial. Confrontés à cette « bombe », Harry Lapp et son équipe s'accrochent jusqu'au bout à l'espoir d'un rétablissement express de McEnroe, pourtant rentré aux Etats-Unis, allant même jusqu'à évoquer la possibilité d'un trajet en Concorde le mardi pour jouer le mercredi. Mais rien ne vient et McEnroe est bien forfait, ce qui propulse le Tchécoslovaque Ivan Lendl dans la peau du grand favori et offre, par répercussion, une wild card au régional de l'étape Denis Naegelen.

Privé de sa locomotive, et offrant un tableau très inégal, le tournoi perd de son intérêt sportif. Largement au-dessus du lot, Lendl passe les premiers tours sans encombre, mais pas sans polémique. Le match contre le Polonais Fibak est ainsi pour le moins étrange puisque l'adversaire du soir déjoue complètement lors du premier set, servant même à la cuiller sous les sifflets du public. Mené 6-0 ; 3-0, il se met brutalement à jouer dans le deuxième set et inquiète le favori. On apprend plus tard qu'il était en fait vexé comme un pou par un chambrage de Lendl, lequel avait parié 100$ que Fibak ne prendrait pas un jeu... Une pantalonnade à l'image d'un tournoi raté, qui peine à attirer le public. Ils sont ainsi à peine quelques centaines le mardi alors que le Racing attire 6000 personnes pour un match en retard remporté face à Nantes grâce à un but de Peretz sur un service de Glassmann (1-0). Plus embêtant encore, le Rhénus sonne bien creux le lendemain alors qu'à quelques pas Renaud remplit à ras bord le Hall Tivoli, pourtant plus petit. La victoire finale de Lendl n'efface donc pas un frappant constat d'échec pour un Harry Lapp qui reconnaît avoir pris le « plus gros bouillon de sa carrière » et va devoir faire face à un conséquent déficit.

La chronique politique du mois est dominée par la spéculation à la baisse sur le Franc, qui souffre notamment face aux Mark et au Dollar. Le ministre des finances Jacques Delors répète à plusieurs reprises que ces attaques sont « vouées à l'échec », mais doit finalement se résoudre à faire appel à la solidarité européenne, qui stoppe pour un temps la tourmente monétaire. Les élections cantonales sont une autre déconvenue pour le pouvoir socialiste, car marquées par une forte poussée de l'opposition. Ces élections marquent également une étape importante de la décentralisation puisque les conseils généraux sont désormais affranchis de la tutelle des préfets, et gérés par les seuls élus. Dans le Haut-Rhin, c'est à Henri Goetschy qu'échoit la barre tandis que dans le Bas-Rhin c'est Daniel Hoeffel qui prend la présidence d'une assemblée où l'on note l'arrivée d'un benjamin issu du canton de la Petite-pierre, un professeur de sciences naturelles nommé Philippe Richert.

Après la victoire face aux Canaris de Jean Vincent, le Racing enchaîne par un déplacement à Montpellier, d'où il ramène le nul qu'il était venu chercher (0-0). Pour son deuxième match, Patrick Ottmann parvient à nouveau à conserver sa cage inviolée, s'interposant notamment devant Baldassera tandis qu'en sens inverse une tête de Glassmann est sauvée sur la ligne par un Montpellierain. Solides dans l'Hérault, les Racingmen sont ensuite carrément dominateurs face à Lille, surclassé 3 à 0. C'est Lacuesta qui, pour son retour dans le onze, a mis d'entrée le Racing sur de bon rails grâce à une tête plongeante dès la 3'. Sept minutes plus tard, Francis Piasecki double la mise d'une violente frappe du gauche qui fusille Bergeroo (2-0 ; 10'). Après la pause, c'est à nouveau Piasecki qui sert Lacuesta pour la conclusion du score (3-0 ; 58'). Une belle victoire qui sanctionne un spectaculaire redressement du RCS au sortir de l'hiver, comme en l'année précédente. Conforté par ces résultats, Roger Lemerre se trouve en ballotage favorable pour poursuivre l'aventure en 1982-1983 tandis que son gardien remplaçant, en enchaînant quatre blanchissages successifs, donne du corps à une banderole entraperçue à la Meinau : « Patrick Ottmann troisième gardien au Mundial, Rohrwiller est avec toi ».

L'actualité hexagonale de la fin mars est pesante, avec le retour du terrorisme sur le devant de l'actualité. Une bombe placée dans le train capitole Paris-Toulouse explose le 29 mars au soir, provoquant la mort de 5 personnes alors que 20 ont été blessées. Un bilan qui aurait pu être bien plus lourd, mais, par miracle, le train n'a pas déraillé sous le coup de lé déflagration. Principal suspect, le terroriste international Carlos avait adressé fin février un ultimatum au gouvernement français pour exiger la libération de sa maîtresse Magdalena Kopp et de Philippe Bréguet, arrêtés alors qu'il préparaient un attentat à proximité des Champs-Elysées. Si la piste Action directe est également évoquée, c'est bien « Le Chacal » qui va rapidement concentrer l'attention des services de l'État.

Côté sportif, ce sont deux autres sports de balle qui dominent. En basket, le CSP Limoges est le premier club français à remporter une coupe d'Europe. A Padoue, les Limougeauds s'imposent en finale de la coupe Korac face aux Yougoslaves de Sibenik, grâce notamment aux 35 points du meneur américain Murphy (90-84). Du côté de l'Ovalie, le XV de France évite de justesse la cuiller en bois en s'imposant face à l'Irlande (22-9) lors de la dernière journée. Une victoire acquise grâce au rappel des anciens, et notamment les grognards du grand chelem 1981, ce qui ne manque pas de susciter certains regrets. Le comité de sélection mené par Jacques Fouroux est contesté pour ne pas avoir choisi plus tôt cette solution de bon sens, et son avenir semble de plus en plus s'écrire en pointillés.




Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

strohteam

Commentaires (3)

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  • Vivement un article sur Mars 83...
  • Excellent, quelques fautes de frappe qu'une dernière relecture aurait trouvées ;-)

    Ivan Ledl -> Ivan Lendl
    également une étape important de -> également une étape importante de
  • La chronique de strohteam s'enrichit chaque mois de nouveaux domaines. Toujours savoureux: les attaques spéculatives contre le franc, Richert élu à la Petite-Pierre, les autres sports... Encore meilleure, l'accroche pleine d'ironie sur la fraude à la CTS !

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