Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Skunk à Nancy

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Par zottel, jpdarky
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3 comm.

Oui aux quatre points, nan si deux.

(Ce papier n'est pas sombre, ni noir. Il est très clair, et franchement si vous vous y perdez, la direction décline toute responsabilité et vous invite à vous interroger sur vous-même. Malgré sa clarté limpide, sa transparence qui ferait passer la vie publique finlandaise pour un odieux ramassis de truands ouzbeks, le Comité attire votre attention sur le fait qu'il serait bon de prendre tout ça avec un certain recul, que certains dénomment "deuxième degré". Nous on dit recul, parce que suite à nos interrogations d'il y a deux semaines, nous n'avons reçu aucun éclaircissement sur la nature du "deuxième degré", qui est-il, quels sont ses réseaux. En résumé, à part le passage sur la bergamote qui est un véritable scandale, l'article n'est pas bien sérieux, et franchement, le fait de devoir le préciser à chaque fois jette un sale doute sur l'avenir de l'humanité. Bisous.

Ce papier est particulièrement sombre et noir, voire carrément opaque, en conséquence de quoi, nous vous invitons à ne pas le prendre, ou alors à la limite au deuxième degré. Mais finalement, c'est quoi le deuxième degré ? Non parce que c'est facile aussi, on dit une connerie, genre "Tu pues", et quand le type vient nous demander des comptes avec sa copine la barre à mine pour l'appuyer, on répond piteusement "Nan, mais c'est du deuxième degré". Mais en est-ce vraiment? Qui saura faire ressentir au lecteur la détresse de l'être errant dans les vallées vides et cosmiques de l'interrogation textuelle ? Qu'est-ce que le deuxième degré, HEIN ? Bref, faisez pas les cons.)


Les conclusions de l'enquête étaient sans équivoque ; Nancy II suit immédiatement Nancy I dans l'ordre arithmétique. Le troisième larron était introuvable, comme le troisième Roi Mage (Gaspard ? Aramis ? Averell ?). Autant dire que c'était plutôt maigre comme indice, maigre comme le genou du Commissaire Zorky, la brindille du district (voir Jura Sud).


Et pourtant, il roule


Nancy est le lieu où se déroule Lucien Leuwen, de Stendhal, qui aima son insignifiance et sa constance en arrière-plan du tumulte des passions. Dans une fonction assez voisine de la carafe de whisky des Feux de l'Amour. Lucien Leuwen à ne pas confondre avec Johnny Lewerknepfle, de Philippe Djian, qui raconte l'histoire insignifiante d'un restaurateur exotique sur fond du fracas et du grouillement incessant de la vie citadine trépidante de Neuwiller. Rien à voir donc.

Nancy est située à 60km de Metz, ce qui fait un bon et un mauvais point. Pour mieux marquer sa différence, Nancy possède le Tram de Nancy, une sorte de tram ordinaire mais qui chemine parfois sur pneus - moyennant de légers ébranlements de la mécanique et autres menus fracas - évoquant la première révolution industrielle. C'est au moment où le Tram, cabré comme un mustang, renonce à regret à la liberté de la route pour la monotonie du rail. Notons encore que le Tram de Nancy est parfois décrit comme le Bus de Nancy, une sorte de bus ordinaire cheminant parfois sur rail. Grotesque !

La "Mise au Point" du Tram dura 5 ans. Véritable couteau suisse urbanistique, le Tram peut également se transformer en hélicoptère ou en fusée Ariane. Mais les tracas liés à la fameuse Mise au Point diminuent la portée révolutionnaire d'un transport de ménagères ralliant Nancy d'un bout à l'autre en 4 secondes chrono, au lieu de 5 minutes. A moins de prendre en considération la fraîcheur intacte du poireau ? Ce qui fait un bon point.


Si y'slave, c'est qu'y s'nettoie, et si ce n'est toi, c'est donc ton frère


Essayons le Tram ! Nous survolons, à la seconde 2,13, la Place Stanislas.
La place Stan' est un brouillon malhabile de ce qu'on a appelé ailleurs le bon goût, la mesure et l'élégance françaises. Elle s'appelle Stanislas, du prénom du premier plombier polonais - Stanislas de Pologne -, un homme dont on ne connaît pas le patronyme. Il n'en avait certainement guère, comme c'est souvent le cas chez ces gens-là, citons Georges Sand : « Mon bon Frédéric, ou Stanislas, enfin quel que soit le nom qu'on vous donne, vous regarderez aussi la chasse d'eau, il y a un bruit » (dans Les Polaks c'est pas des Portos, 1853).
Stanislas, appelé pour changer un robinet, était gaucher et strabique. Il déborda malencontreusement la soudure au laiton. Aussitôt, il entreprit de tapisser le tuyau entier pour camoufler l'accident. Ce fut le début du drame...

De fil en retouche, Stan' barbouilla l'ensemble des grilles innocentes de la place avoisinante, la discrète place Christophe Lemaître, pourtant voué à demeurer en plomb. Hélas ! Une fois passée à la lampe à souder de Stanislas, elles brillaient davantage qu'un roi gitan. On rebaptisa la place du nom du coupable. Autant dire que la barbouille dura longtemps, avant que cet âne y s'lasse.

Elle brille tant qu'on l'aperçoit depuis l'espace, juste à gauche de la muraille de Chine. La place Stanislas fut à l'origine de la célèbre méprise de Youri Gagarine alors en orbite autour de la Terre ; « Oh merde, ma gourmette ! Je descends ».
Pour aller à Nancy, Youri attendit le Tram. Il attendit comme le font les Nancéens, jusqu'à épuiser toutes les ressources du fatalisme. Mais même l'âme russe a des limites, et la Mise au Point en était à balbutier. Par conséquent Youyou préféra rentrer directement chez lui. Ce fut là une occasion manquée de jeter un pont entre deux mondes, en Lorraine, dans l'antichambre entre la steppe de Dostoïevski et la civilisation. Ce qui eût fait un bon point.


Comme un citron


Pourtant, le Russe y aurait été accueilli comme un prince, surtout s'il avait été meilleur plombier que ses cousins slaves.

Pour le dépaysement, il aurait pu compter sur la mirabelle de Nancy, qu'on distingue facilement de la mirabelle de Metz parce qu'elle est strictement identique. Un parfum de Moselle et autant de mauvais points.

En revanche, pour faciliter l'acclimatation, il y aurait eu les bonbons à la bergamote, une sorte de citron qu'on retrouve dans le thé Earl Grey « goût russe ».
L'amateur devrait tout de même être discret. La bergamote est un péché de grand-mère, qui si elle était honnête, se contenterait de thé au thé. Soyons-en certains ; les grand-mères qui prennent du thé « à la bergamote » recherchent le vice dans l'insoupçonnable thé dégueulasse. En enfer, elles seront cuites pour l'éternité dans du jus de citron bouillant, ça leur apprendra à jouer les rosbifs d'opérette.

Nous venons d'écrire "rosbifs": c'est bas, vil et gratuit, un peu comme le geste de ce détraqué qui un jour empoisonna les magnifiques ours du parc de la pépinière à Nancy (près de la place Stanislas). L'ours, le thé, l'Anglais et le chacal chafouin sont des créatures de Dieu. Vous a-t-on jamais parlé des défunts ours de Nancy et de leur empoisonnement ?

Les Nancéens, contrairement aux maissois, ont conscience de l'inanité de leur existence, de l'ennui profond que suscite leur ville. Un jour, en plein conseil municipal, Jean-Hugues Couture s'écria (avec un forte sonorité nasale) : « Mais merde les mecs on doit faire quelque chose, c'est pas possible. La dernière fois que j'ai vu un touriste, c'était un Canadien qui essayait une sorte de bus, mais un qui apparemment se transformait en fusée, et le gars voulait aller à Sète. Seulement il avait des problèmes avec la Mise au Point de son bouzouk, et bon voilà. Bref, PERSONNE ne vient. Moi je pense qu'il faut apporter du glamour à notre ville, du pep's, un truc bath quoi, quelque chose de sensas'. Du coup j'ai eu une idée, attendez vous allez voir, c'est un peu "fou fou", mais ça vaut le coup d'y penser : alors pour être attrayant et attractif et comme qui dirait sexy, si on s'inspirait d'une ville attrayante, attractive et sexy ? Hein ? Hé ouais. Du coup, j'ai pensé, on pourrait se dénicher un ou deux ours là, comme à Berne. »

Le silence qui suivit l'intervention de Jean-Hugues n'était plus du Jean-Hugues, mais ce dernier le prit pour un assentiment. Enfin tout ça c'est du passé, et la folie bernique (du genre de la folie de Berne quoi) a déserté la ville en même temps que l'âme des ours.

On le comprend, pour finir : Nancy est l'occasion d'effacer le souvenir hideux de Moulins, l'équipe de mathurins préhistoriques qui brisa la jambe de Kéhi et pour quel butin : un match nul ! Ce qui fait, ça va sans dire, deux mauvais points.

Article dont jpdarky est un peu ce que le sel est au thé

zottel, jpdarky

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