Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Les transferts : quelles histoires !

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Un nouveau marché des transferts débute bientôt et comme à chaque fois, il sera révélateur de la situation sportive de l'équipe mais aussi de l'environnement économique, politique, culturel du club. Et ça fait presque un siècle que c'est comme ça.

Le monde amateur
En 1919, il n'y pas de championnat de France mais des compétitions régionales amateurs : le 1er championnat d'Alsace débute en octobre, les matchs y sont particulièrement rudes et les joueurs transférés de la « France de l'intérieur » sont stupéfaits : « Les Alsaciens étaient taillés comme des bûcherons et avaient la tête dure comme du bois ! » disait Louis Cocheteux, le Mulhousien. « Ce premier championnat d'Alsace était passionné, très dur. Les Alsaciens avaient un formidable esprit de clan (...). Sans pitié entre eux, ils étaient terribles contre tout ce qui n'était pas alsacien. »
Sélestat, Mulhouse dominent la compétition tout comme l'AS Strasbourg, qui fait appel à des joueurs étrangers et qui n'hésite pas à les payer, allant à l'encontre des règles de l'amateurisme. Dans la France entière un véritable marché aux joueurs débute : on fait des promesses financières et matérielles aux joueurs, leur offrant même parfois un emploi au statut social inespéré (l'exemple de ce tailleur de pierre devenu employé de commerce).
Le Racing suit le mouvement : pour vaincre, l'ambitieux président Charles Belling renforce le club en arrachant la moitié de l'équipe de Cronenbourg (dont le très redouté arrière Hildenbrandt), sans doute contre quelques primes alléchantes.
Grâce à ces transferts, le Racing remporte deux fois de suite le titre de champion d'Alsace.

Au fil des années, le football prend de l'ampleur face aux autres sports. En 1927, le Président de la République assiste pour la première fois à la finale de la coupe de France. En 1928, la route vers le stade où se tient la nouvelle édition de cette finale est saturée d'automobiles dès la fin d'après midi.
L'argent commence à rentrer dans les caisses des clubs (3 000 spectateurs à Strasbourg à 2 FF l'entrée) et certains joueurs comprennent rapidement comment en tirer profit. C'est le temps des transactions secrètes, des enveloppes tendues dans les coins sombres des vestiaires...
L'argent ne fait cependant pas le bonheur de tous : en 1925, Maurice Weber demande au Racing non pas de l'argent, mais... une chambre à coucher.

L'arrivée du professionnalisme
A mesure que les enjeux grandissent, le temps consacré au foot par les joueurs augmente, ce qui conduit les présidents à verser de plus en plus régulièrement ce qu'on appelle pudiquement les « remboursements de frais ». Comme le dit Gabriel Hanot : « vous ne pouvez pas empêcher des gens qui gagnent difficilement leur vie d'augmenter leur revenus au moyen de l'un des dons que la nature leur a dispensé ».
L'idée d'un championnat professionnel progresse, mais la Fédération tergiverse de longs mois avant d'organiser le 1er championnat national professionnel en 1932. Cependant la plupart des joueurs conserveront encore longtemps leur autre activité professionnelle. Paradoxalement le professionnalisme ne fait pas l'affaire des joueurs car cela signifie la fin des petits chantages et d'une certaine liberté : désormais ce ne sont plus les présidents qui dépendent d'eux mais bien l'inverse...

Le Racing passe pro le 10 juin 1933 et devient, par défaut, le plus grand club de la ville car les autres équipes s'y refusent, persuadés que le professionnalisme ne peut perdurer en France. Une fusion est bien envisagée avec l'AS Strasbourg, mais ses dirigeants craignaient trop le professionnalisme pour que cela aboutisse : le Racing ira donc seul, sans l'argent de son riche voisin mais avec les sourires en coin des autres clubs strasbourgeois, convaincus que le RCS va s'y casser les dents.
C'est le contraire qui se produit : 20 000 spectateurs se ruent à la Meinau pour voir les Oscar Heisserer, Oskar Rohr, Alexander Schwartz, tous recrutés à bas prix.
Rohr par exemple qui avait de sérieux problèmes avec les impôts suisses, ce qui permet au Racing de l'engager : le secrétaire général Zinsmeister allant le chercher en lui faisant passer la frontière française dans le coffre de sa voiture...
Mais le professionnalisme a de hautes exigences financières : Emile Mathis, grand industriel automobile (collaborateur de Bugatti) devient le 1er gros sponsor du club. Cela ne suffit pas à conserver Schwartz, vendu pour renflouer les caisses. Un an plus tard, c'est Heisserer qui s'en va.

Le temps de la guerre
Un tiers des Alsaciens est évacué dans le Sud-ouest, dont forcément quelques footballeurs. L'activité se poursuit en Dordogne où l'on créé l'Entente Périgueux-Strasbourg. C'est sans doute le transfert le plus dramatique mais peut-être aussi le plus beau que l'Histoire impose : « Strasbourg de Périgueux ! C'est magnifique, ça vous a une de ces gueules, ça sonne » (Jean Eskenazi, grand journaliste sportif).
L'Entente devient champion de Dordogne et brille en Coupe de France, rendant fière la population déplacée, émue de voir ses enfants à la une des journaux sportifs.
Au retour dans l'Alsace annexée, le professionnalisme est interdit et les clubs doivent participer à la Gauliga Elsass. Le Red Star Strasbourg devient le SS-Sportgemeinschaft et tente de recruter les meilleurs joueurs de la région, notamment ceux du Racing. Certains acceptent, d'autres refusent.
Une fois ces transferts effectués les nazis interdisent les mutations de joueurs.

Les joueurs dépendants
Après la guerre Paco Mateo arrive. L'Espagnol, réfugié à Bordeaux à cause de la guerre d'Espagne, y rencontre une sportive alsacienne, elle aussi réfugiée. Il ne tarde pas à la séduire et Mateo préfère la suivre en Alsace plutôt que de retourner en Espagne. Le voilà donc au Racing !
En 1947 Mateo est convoité par l'OM qui lui propose un énorme contrat de 5 MF. La tentation est forte d'autant que cette somme peut enfin permettre à la famille Mateo de posséder sa propre maison.
Mais le président Joseph Heintz parvient à trouver les mots justes : « Paco, tu as un fils qui est né à Strasbourg, tu ne peux pas quitter cette ville maintenant. » Il lui propose alors un contrat de 800 000 F par an et... une bicyclette. « Ouna bicycletta ? d'accord, je signe ! »

Heintz est un président extrêmement possessif, détestant qu'un joueur alsacien souhaite aller voir ailleurs :
François Remetter décide de partir à la fin des années 1940 ? « Petit con » lui dira-t-il.
«-Tu n'es qu'une tête enflée, ou tu restes, ou je briserai ta carrière.
- Et bien je m'en irai.
- Aussi vrai que je m'appelle Heintz, aussi vrai je t'empêcherai de partir.
- Aussi vrai que je m'appelle Remetter, aussi vrai je partirai.
»
Remetter partira mais les règles alors en vigueur l'obligent à passer par un club amateur avant de pouvoir rejoindre un autre club pro.
A cette époque les joueurs sont en effet liés à leur club jusqu'à l'âge de 35 ans et les transferts éventuels se font selon la volonté des clubs, les joueurs n'ayant que peu de latitude.

Les multiples exemples strasbourgeois
En 47, pour le renouvellement annuel des contrats, les dirigeants organisent une mise en scène destinée à intimider les joueurs, tous convoqués dans la salle de la Mauresse (rue du vieux marché aux poissons) . 25 dirigeants assis à une table disposée en fer à cheval, et en face une chaise où vient s'asseoir tour à tour les joueurs à l'appel de leur nom, pour un entretien musclé : « combien tu veux ? mais tu n'étais pas bon ! etc.»
Finalement le contrat est signé sans que le joueur n'ait pu discuter de quoi que ce soit.

En 1950, Edmond Haan - qui avait été prêté à Nîmes - est sollicité par de nombreux grands clubs lui proposant d'excellents contrats. Mais le Racing fixe l'indemnité à la somme exorbitante de 6 MF. Haan doit donc revenir à Strasbourg où on lui accorde simplement une prime de 300 F pour... son déménagement.
Haan forme alors un duo de choc avec Ernst Stojaspal, le Viennois qui préféra signer au Racing plutôt qu'au Milan AC. En contact avec le club italien, Stojaspal - rayonnant pendant la coupe du monde 54 - voit débarquer chez lui les dirigeants strasbourgeois : Stojaspal se sent culturellement plus proche de Strasbourg que de Milan, il accepte en quelques minutes de rejoindre le Racing.
Mais 3 ans plus tard, il est transféré contre sa volonté à Béziers car Strasbourg manque d'argent, comme toujours...

En 1952, René Hauss apprend par le président bordelais qu'une négociation est engagée avec le Racing pour son transfert dans le club girondin, tout juste champion de France. Hauss attend impatiemment la fin des tractations, sans résultat ; un an plus tard, il apprend que les dirigeants du Racing ont refusé le transfert en affirmant de leur propre chef qu'Hauss ne souhaitait pas quitter l'Alsace...
Bien plus tard, quand Hauss annonce son départ après 20 ans de présence, le président Heintz lui infligera un cinglant « Va t'en ! Tu n'es plus mon fils ! Je ne veux plus te voir ».

Les crises et le changement
En France, la situation de dépendance des joueurs finit par peser à tel point que le professionnalisme est remis en cause au début des années 60. A partir de 1953, chaque intersaison révèle son lot de joueurs réfractaires au système, prêt à mettre leur carrière en péril pour défendre leur volonté. Et peu à peu l'idée de créer un syndicat se fit jour alors que certains joueurs renoncent à leur carrière pro.
C'est le cas Jean-Pierre Kress, brillant gardien du Racing, qui préfère redevenir amateur et retourner travailler dans l'entreprise familiale.
Le cas aussi de Joseph Heckel dont l'avenir dans l'usine de chaussures de son père est tracé. Mais l'entreprise bombardée pendant la guerre met du temps à se reconstruire, ce qui lui permet de jouer un temps avec le Racing. Bien que sélectionné en équipe de France, il arrête tout pour retourner avec succès dans l'usine familiale (c'est lui qui invente la 1ère chaussure vraiment adaptée au foot).

Au début des années 60, comme les autres clubs français, le Racing n'a pas d'argent. Les dirigeants demandent à la municipalité une rallonge pour l'achat du Niçois Victor Nuremberg, dont le niveau réel suscite un vif débat. La polémique enfle et le maire Pflimlin charge Germain Muller de mettre son nez dans les comptes du club, histoire de savoir si cette rallonge se justifie.
Dans le doute, la somme ne sera pas allouée car selon eux « à Strasbourg, on ne peut pas se permettre un deuxième procès de Nuremberg ».
D'où l'idée de faire massivement confiance aux jeunes, pour la première fois dans l'histoire du club : Jean Schuth, Gérard Hausser, Gilbert Gress notamment signent et bénéficient des conseils des Hauss, Haan, Mateo.

Dans le même temps le syndicat des joueurs est créé en 1961.
En 1969, le contrat à vie est remplacé par un contrat à durée limité et variable selon l'âge. Les présidents s'y opposent ce qui provoque la grève en décembre 1972.
Organisée par Philippe Piat et Claude Le Roy, cette grève est largement suivie par les joueurs : sous l'influence de Marc Molitor, les Strasbourgeois refusent de jouer à Marseille.
Paco Mateo rassemble alors les jeunes du club qui vont remplacer les grévistes au Vélodrome (défaite 4-0). Parmi ces jeunes, Léonard Specht, qui gagne à l'occasion sa place dans l'équipe pro.
Molitor a sans doute trouvé sa motivation dans la mésaventure qu'il subit au début de sa carrière. Encore amateur au Racing, lui et Dario Grava étaient accusés par la Fédération d'avoir pris contact avec plusieurs clubs professionnels, ce qui n'était pas autorisé. Interdit de signer pro pendant 1 an, ils doivent donc rester à Strasbourg. Mais selon eux, ce sont les dirigeants strasbourgeois qui ont monté ce coup, façon peu élégante de les contraindre à rester à Strasbourg...

Années 70, la télévision diffuse de plus en plus de matchs et les clubs arborent désormais une publicité sur leurs maillots (la 1ère date de 1969). Une banque devient sponsor du Racing, mais au lendemain du 1er match, surprise : les DNA ont gouaché la pub sur les photos, ce qui aurait pu remettre en cause cette source financière essentielle (un accord sera finalement trouvé...)
Un an plus tard, le Racing engage deux Valenciennois : Dominique Dropsy et Maya Joseph Yegba. En bonus, Valenciennes offre un troisième joueur : Jacky Duguépéroux.

L'ère des « grands » patrons
Début des années 1980, l'intérêt des médias permet aux joueurs de gagner de mieux en mieux leur vie. Cela attire aussi les hommes politiques et/ou d'affaires.
André Bord et Gérard Schmaltz sont les dirigeants du club quand Didier Six rejoint le club en novembre 80. Recruté contre l'avis du staff, son statut de star doit permettre de relancer l'équipe après un début de saison médiocre. Le transfert est rocambolesque : mardi, Bruges accepte le transfert après une nuit d'âpres négociations ; voulant absolument l'aligner contre le PSG le vendredi (pour le fameux choc psychologique), Schmaltz doit faire parvenir la lettre de qualification signée par les dirigeants belges à Paris au moins 24 heures avant la date du match ; il traverse donc en pleine nuit la frontière belge pour s'arrêter dans le premier village, à Armentières ; il réveille la postière et insiste pour qu'elle appose le cachet postal ; coup de chance, la jeune femme est passionnée de foot et ne fait pas d'histoire ; Schmaltz retourne ensuite à Bruges et embarque Six, sans bagages, qui peut participer au match (1-0).

En 1986 Daniel Hechter arrive et promet « un apport personnel conséquent », mais c'est surtout la mairie qui soutient encore et toujours le club et ses transferts (27 MF en 87, 28 MF en 88).
Il laisse partir l'excellent argentin Juan Ernesto Simon pour recruter le brésilien Edivaldo Pita à 12 MF. Dans la transaction le 1er intermédiaire prend 580 000 F, le second (le neveu de Valery Giscard d'Estaing) empoche 210 000 F. De plus un compte en Suisse est ouvert et les impôts de Pita sont payés.
On a donc pensé à tout. Sauf à un petit détail, vérifier la condition physique de Pita : souffrant d'une fracture de fatigue non décelée, il ne jouera que 21 matchs.

En 1989, le recrutement pléthorique (Wolfgang Rolff, Thomas Allofs, Eric Geraldes, Didier Monczuk, Sylvain Sansone, Olivier Dall'Oglio, Franck Orsoni, Gilles Leclerc, Youri Djorkaeff, Jean-Luc Buisine) est effectué par l'entraîneur Gerard Banide... qui démissionne quelques journées plus tard, ne supportant pas les sifflets du public.

La même année, les socialistes arrivent à la mairie et demande les comptes du club mais Hechter ne peut chiffrer le déficit du Racing...
Un audit le précise rapidement : 92 millions de francs cumulés en 10 ans. Le club est un immense gouffre financier.
Le Racing est alors obligé de recruter malin et y parvient grâce à l'immense carnet d'adresses du recruteur Raymond Hildquand j'ai un joueur dans l'oeil, à recruter éventuellement, je l'ai aussi dans les oreilles et dans le nez. Je me renseigne sur lui à tous les niveaux, même dans le kop. Je pose des questions à un chauffeur de taxi... »). On lui doit les Yvan Hasek, Yvon Pouliquen, Stephen Keshi, Alexander Vencel, Olivier Dacourt, Martin Djetou, et tant d'autres.

Puis en 1997, l'arrivée de Patrick Proisy annonçant de grands joueurs à la Meinau. Démagogie ou naïveté ? Rapidement on a découvert « un IMG qui a mal apprécié les coûts du football, qui n'en avait pas d'approche et qui a été débordé par l'envolée des prix. » (Alfred Wahl)
De plus la gestion sportive et humaine est encore plus déplorable que d'habitude : Henri Camara est recruté sans pouvoir jouer, par manque de place (quota d'extracommunautaires atteint). Malik Diop est laissé blessé et sans club, après avoir dû céder la sienne, de place, à José Luis Chilavert.

Seule décision positive, le nouveau centre de formation : « Ce droit à la formation est une chance pour le Racing. C'est aussi une dignité pour les joueurs » disait la municipalité.
Une chance pour le Racing... l'unique chance ?


Sources et citations :
Il était une fois le Racing ; coll. (Berger Levrault - 1991)
Grande et petites histoires du football alsacien ; Francis Braesch (LAFA - 1989)
Racing : Autopsie d'un mythe ; Jean-Louis English (Objectif Alsace - 2000)
Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours ; Wahl et Lanfranchi (Hachette - 1995)

filipe

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