Le béton coule à flot

10/08/2006 08:49
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L'Espagne, l'autre pays du bermuda recouvre son littoral d'une chape de ciment.
Pour qui s'est aventuré un jour dans la ciudad de los prodigios, le roman picaresque d'Eduardo Mendoza, qui relate l'ascension de l'espiègle Onofre Bouvila durant la période qui va d'une exposition universelle à une autre dans cette même cité de Barcelone, ou pour celui, plus probable, d'entre nous qui a lu le dernier livre de M.Houellebecq et se souvient que le narrateur avait une maison près d'Alméria qu'il quitta, il se souviendra que la réalité des côtes espagnoles s'inscrit dans son patrimoine. Depuis longtemps, un des moyens d'enrichissement privilégié en Espagne est le béton. Savez-vous que Florentino Perez, l'ancien président du Réal de Madrid y a commis ses premières fortunes ? Onofre Bouvila, jeune vagabond qui fit ses premiers sous en vendant un simulacre de shampoing magique à des ouvriers benêts du chantier de l'exposition de 18..., a grossi considérablement son patrimoine dans la spéculation immobilière. Le fait est que les espagnols aiment le béton. Chaque période de relative prospérité économique s'accompagne d'une bulle immobilière. Dans la culture du pays, rare sont les gens qui louent, les jeunes préfèrent rester une éternité vivre chez leur parents, jusque trente ans, pour avoir les moyens de s'acheter une maison, ce qui alimente l'activité du marché. Avec en plus, un tourisme exigeant en installations, les entrepreneurs ont tout loisir de faire florès en construisant à tour de grue. Le littoral est dévolu au tourisme de masse, et les villes et leur banlieue croissent exponentiellement, bien que la population, à cause d'une natalité faible, avance à rebours. La fin de la frustration des années franquistes poussent les gens à devenir propriétaire.


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Michel Houellebecq soulignait que les espagnols détestaient la culture avec un grand C et je le crois, par contre, ils sont très soucieux de leur culture avec un petit c, leur folklore, leur tradition, leur habitude qui font paradoxalement le bonheur des guiris, ces étrangers fous d'exotisme et d'ouverture d'esprit qui adorent une culture pourtant fermée, repliée sur elle-même, cratylienne. Il n'est pas impossible que cette frénésie de béton soit dû au peu de préoccupation qu'ils ont pour la culture, c'est-à-dire la beauté, le patrimoine, qui le laisse recouvrir les paysages que les poètes (comme de Vigny) appelaient à la contemplation et soit l'administration de cette culture, qui s'accommode de la chaleur avec de bien laides façades mais des intérieurs somptueux, pratiques et rafraîchissants, à l'image des patios ou des bodegas.

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