Internet permet des sites où des gens se rencontrent, mais parfois, des gens rencontrent des sites, comme Le Blast qui ne se remet pas de sa dernière déception.
Imaginez-vous inconditionnel d'une série américaine, vous n'en perdez pas une miette, chaque jour, c'est votre rendez-vous, vous vous en délectez, vous adorez.
Vous aimez cette excitation que cela provoque, vous vous laissez surprendre aux mêmes mécanismes de son humour, vous aimez être une proie, à tel point que vous délaissez votre personnalité pour reprendre les tics des protagonistes, leur expression, ils sont vous, vous voulez être eux, l'identification progresse, à côté de votre existence, il y a eux, présent dans votre vie idéal. Les regarder, c'est du petit miel. Comment vivre sans, en vient-on à se demander, si on a la chance de la lucidité?
Cet état m'est tombé dessus. Non d'une série télévisée, mais d'un blog collectif, enrichi d'heure en heure par des contributions variées, riches et piquantes. Je rêvais de reproduire (copier-coller) ce miracle, mais j'avais toujours une idée de retard, alors je revenais tant de fois sur le site que le visiteur que j'étais dormait dans les couloirs. J'étais pris dans la toile et j'appréciais. Il s'appelait ILYS. De l'érudition, de la vivacité, de la drôlerie. Soudainement, comme si on avait changé les voix ou les acteurs de votre série préférée, le site a muté dans une nouvelle version, méconnaissable et irritante. La médiocrité coule comme du béton en Espagne. Comme si le président du fan club de votre série adorée s'était invité au centre de l'intrigue en gardant son excitation hystérique d'être ainsi parachuté. La nouvelle version d'I like your style . net a promu, croyais-je, un petit suffisant tout content d'être là, qui ne pouvant contenir sa joie d'être admis, il pisse des billets. Le site de fan a remplacé, me disais-je, le site en lui-même. La série rejouée par ses fans à la place de la série. Où sont Brice de Nietzsche, Lorenzo, nicolas, Bambi Shooter et Von Mises? C'est devenu le rassemblement puéril et niaisement enthousiasme devant canal jimmy un dimanche soir, on a un peu honte de subir la provocation idiote et la satisfaction dégoulinante d'en être (Nous, à ILYS...)
Je m'étais fait une raison, alors je n'y revins plus. Je retournais comme le badaud sur les décombres de la fête, par nostalgie, dans les vestiges de la première version. Puis je me rendis compte que le groupie était déjà là, sévissant et que ce site finalement n'a pas changé de style, c'est bien le même. Je me dis que peut-être moi-même j'ai muté, je n'avais aucune raison d'être déçu.
Rien a changé et pourtant je suis déçu.