Je viens de quitter la porte Kirschleger, après deux mois d'études cliniques. J'ai gagné quelques sous, en prêtant mon corps. Je suis un habitué de la Science. Dans ce cas, on testait sur mon "corps sain" des substances et leur degré de toxicité, je n'ai jamais eu trop mal, on a arrêté l'expérience plutôt que prévue. Par contre, la peau de mon bras s'est durcie, je ne reconnais plus, mon petit derme doux imberbe et érogène. Ma copine est partie, je le voyais bien qu'elle s'amusait mieux avec son groupe d'amis, elle riait avec eux, évoquer des choses futiles et moi, j'avais droit aux plaintes et douleurs physiques. J'attendas qu'elle finisse de dormir, en général. Je ne sens plus mes dents, ce n'est pas désagréable.
Je repense à ce russe avec qui je jouais aux échecs chaque jour et ce marocain flambeur qui revenait d'Angleterre où il s'était fait oublié des institutions françaises, il a aiguisé son sens des affaires. Je lui souhaite du succès.
On a résilié mon forfait de téléphone. Une fois que mon argent tombera, je m'achéterais un forfait hors de prix et une petite merveille technologique.
J'ai été contacté. J'appartiens au panel. Je devrais participer à une émission de grande audience, car j'ai une question à poser à un ambitieux ministre. J'aimerais lui dire que les gens ne sont pas assez progressistes pour élire un nabot de 1m68, cocu et d'origine étrangère (sinon je serais président, hé hé). Mais cela ne fait rire que moi, j'ai les lèvres gercées et ce serait douloureux.
Je lui ai dit que j'aimerais partir en Afrique du Sud, j'aimerais aider dans une vaste exploitation agricole de boers, puis, apprendre, avec l'esprit bâtisseur, cultiver l'esprit pionnier, qui nous manque ici, dans notre pays, puis, pourquoi pas ? si la violence se calme là-bas, reprendre une ferme avec des animaux, des potagers et des jardins, des beaux jardins. S'il pouvait me payer le billet d'avion, lui dis-je, je serais content, je voterais pour lui, lui dis-je.