A tous les membres du Cosi, pour la réunion au sommetde demain, prière de réfléchir à ces éléments. Rappellons-nous que nous devons rivaliser, telles sont nos prétentions, avec psychologies.com
Notre ami P.D.L.R. a parlé d'un passage terrible de notre non moins ami Pascal. Tel un petit enfant effrayé par le noir, je me suis jeté corps et âme dans la sombre réflexion du philosophe. J'avoue que cela me titille avant de m'endormir, en me rasant et aussi en regardant une émission avec N.Sarkozy.Effrayons nous ensemble si vous le voulez bien.
"Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non, car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non, car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges ou des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées."
Pensées (1670),
fragments 123 et 323 dans l'édition L. Brunschvicg.