Cessez-le-feu aux basques

24/03/2006 17:18
586 lectures
Mardi dernier la bande terroriste ETA annonce un cessez-le-feu permanent qui doit commencer le 24 mars 2006, à minuit. Notre correspondante, almendraleja, nous livre les faits.
La situation est la suivante : la bande n'a pas fait des victimes mortelles depuis mais 2003 (bien que le PP insiste à dire que l'on ne peut pas assurer qu'ils n'étaient pas mêlés au 11-Mars, et cela contre l'avis de la police, mais là, c'est une autre histoire). Le Gouvernement socialiste n'a jamais caché sa volonté (cela figurait sur leur programme) d'établir un dialogue politique avec l'ETA si celle-ci acceptait de déposer ses armes.

A cela, il faut ajouter une action des socialistes dans le sens de conférer davantage d'autonomie aux régions espagnoles (il est important de savoir, qu'en Espagne, la droite est fermement opposé à la décentralisation, le motus de Franco étant « España Una, Grande y Libre », même si le « libre » il était enclin à l'oublier).

Nous sommes face à la cinquième trêve déclarée par l'ETA. Qu'est-ce qui fait la différence cette fois ? Le contexte, d'abord (absence de morts depuis des années...), puis l'existence de nombreux indices sur les relations ETA-Gouvernement ces derniers mois (nous sommes face à une trêve largement annoncée).

Nous savons tous que le dialogue ne pouvait pas avoir lieu avec un Gouvernement du PP, tout simplement parce que le PP refuse par principe la possibilité de l'indépendance du Pays Basque, pour eux, cette condition ne peut pas faire parti des termes de la négociation, et encore plus : il exige de l'ETA le renoncement à une telle exigence.

Maintenant, l'ETA réclame ce qu'elle sait que le Gouvernement socialiste est prêt à lui donner : un referendum d'indépendance au Pays Basque (et cela, à terme). Referendum que l'ETA ne demande pas seulement à l'Espagne, mais aussi à la France.

Ce referendum lui a toujours été refusé ; et par le PP, par principe, et par le PSOE, qui a toujours dit que les résultats seraient faussés dans un climat de violence. Une fois la violence finie, le referendum peut, à terme, avoir lieu. Même, cela nous donnera enfin l'occasion de voir ce que veulent les basques, il était grand temps.

Il y a encore beaucoup de choses à résoudre.

La situation politique créée par l'annonce de la trêve est la suivante : le parti socialiste au Gouvernement le qualifie de bonne nouvelle, mais affirme qu'il attend de signes clairs d'absence définitive et permanente de la violence pour entamer le dialogue. Le reste des partis soutiennent le Gouvernement, sauf évidemment le PP, puisqu'ils sont opposés à la tenue du referendum. Ils ont affirmé qu'ils vont donner leur appui institutionnel au Gouvernement parce qu'autrement, quand les dialogues auront échoué, on va les blâmer pour cela.

Un phénomène curieux depuis le retour socialiste au Gouvernement, qui prend de l'ampleur avec la trêve, est la campagne anti-roi qui mènent les medias proches au PP. l'ABC est maintenant durement critiqué par le PP. L'ABC, journal monarchiste, appuie les actions du Roi. Il ne faut pas oublier que Juan Carlos a été un des principaux acteurs de la mise en place de la Démocratie en Espagne, et qu'il a aidé à designer le régime de décentralisation autonomique. Ayant accepté de se borner dans ses actions à accepter la Constitution (qui lui enlève tout pouvoir non symbolique), Juan Carlos fait la sourde oreille au PP quand ses responsables lui demandent de sortir les chars pour défendre l'intégrité du territoire espagnol face à l'attaque socialiste (rappelons-le, persévérer dans la décentralisation).

En tout cas, il ne faut pas oublier que « Spain is different », et cela fait un moment que nous nous demandons si le Roi ne serait pas de gauche.

Nous avons peut-être sous nos yeux l'exemple à suivre pour régler notre régionalisme belliqueux.

Commentaires (1)

Flux RSS 1 message · Premier message par kibitz · Dernier message par kibitz

Commenter

Flux RSS Le stublog de Kgu
almendralejo1319729516.jpg

almendralejo

Voir son profil complet

Chargement... Chargement...