Galaxina

23/06/2006 11:04
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Le jour où un collègue m'a ramené le DVD en me disant : « tiens, je l'ai trouvé à un euro à Rond Point », ça fleurait déjà la bonne pioche. Quand j'ai lu l'accroche « Enfin l'homme a inventé un robot sexy ! Et très redoutable !!! », j'ai compris que j'approchais d'un truc énorme, de quelque chose qui me dépassait peut-être.
Un peu comme les étapes de dégustation de vin : quand tu tombes sur une très bonne bouteille, tu pressens déjà à la vue et au nez que tu vas prendre un pied dingue en le buvant, et ça t'en tourneboule tout à l'avance.
http://www.navetscultes.free.fr/pages/img_chroniques/galaxina_cov...

Un nanar, c'est pareil. Des fois, ça a l'histoire d'un nanar, ça a les acteurs d'un nanar, mais c'est pas du nanar. C'est du vulgaire navet. Et d'autres fois, beaucoup plus rares, tu ne sais pas les conditions exactes, il y a sans doute beaucoup de mystique derrière tout ça, mais tu sais avant même d'y goûter que tu es tombé sur un grand cru, sur un millésime exceptionnel juste en lisant le titre ou en entendant le contexte de trouvaille. Le genre de phénomène qui donnerait presque envie de croire en dieu, nom d'une turlutte !

Galaxina, c'est ça. J'avais l'intuition avant même de le voir de tenir un bijou. C'est donc un peu nerveux que j'enfournais la galette dans le lecteur.
Et j'ai été soufflé par l'explosion de connerie dès les premières secondes, qui sont un plagiat honteux de Starwars, vous savez la vue sur l'espace avec le texte en oblique qui défile vers l'infini. Excusez-moi au passage si je ne vous insulte pas assez dans cette fiche, mais je suis très ému dès que je repense à Galaxina. Ce qui ne remet pas en cause mes sérieux doutes habituels sur vos capacités intellectuelles, bien entendu.

Parce que Galaxina, c'est du nanar fauché, certes. C'est du nanar à mauvais acteurs, certes, c'est une histoire d'une débilité absolue, certes. Mais c'est totalement assumé, et jamais ça ne se prend au sérieux.
Comme si le réalisateur s'était dit « tiens, je suis parti pour faire une merde, alors autant me marrer. Et puisque mon producteur n'a pas voulu payer pour un scénariste, et que j'ai pas envie de me casser le cul, je vais repomper les plus grands succès du cinéma, et essayer d'en faire une histoire, dans la grande tradition du ciné B italien. »

Alors le flim ouvre sur la présentation du vaisseau Infinity, police interstellaire, qui navigue dans l'espace en l'an 3008. (copyright Startrek)
A son bord, la voix-off nous présente d'abord les sergents Thor et Buzz. Thor c'est le héros neurasthénique un peu sportif et beau gosse, qui fait de la muscu en mentant sur les chiffres de ses pompes. Buzz, c'est le bleu de l'équipe, amateur de fumigations étranges et illicites comme le laisse supposer son nom.
Ensuite, sur la musique de Ainsi parlait Zarathoustra (copyright 2001 Odyssée de l'Espace), apparaît pour la première fois le capitaine Butt, gros beauf ripailleur, grivois et surtout : moustachu ! (ingrédient nanar). La grande classe.
http://galaxina.free.fr/img/Capitaine%20Cornelius%20Butt.jpg

Le reste de l'équipage : un vieux chinois comme dans Gremlins qui fait que parler en énigme (copyright Yoda) et qui fume un truc super fort à la pipe, et un black mécano qui parle comme le flic de Beverly Hills, qui a des ailes de chauve-souris et les oreilles pointues (copyright Startrek).
Dans le cachot du vaisseau, une grosse bête poilue extrêmement mal faite, puisque c'est limite si on voit pas la tirette dans le dos du déguisement. Cette bébête a la particularité de se nourrir de cailloux et de pas supporter les vannes vaseuses du capitaine.
Le vaisseau est piloté par Galaxina, gourgandroïde d'autant plus écervelée que dénuée de parole. Nonobstant son physique sublime, Dorothy Stratten montre ici un véritable non-talent d'actrice. L'anecdote est qu'elle a été assassinée par son compagnon le jour même de la sortie de Galaxina.

Après s'être pris une branlée en combat intergalactique par un méchant vaisseau piloté par le vilain Ordric, sosie fauché de Dark Vador (copyright Starwars), et avoir expulsé de son ventre pendant le repas une sorte de lézard (copyright Alien), le capitaine Butt reçoit l'ordre d'une secrétaire de la police intergalatique de partir à la recherche de l'étoile bleue de quartz, pierre qui a la particularité de représenter la puissance des étoiles. Pour info, avant de transmettre l'ordre de mission, la secrétaire gourgandine vue en hologramme se dénude pour exciter les mâles du vaisseau et réjouir les amateurs de nanars.
Deuxième info, pendant tout le flim, à chaque fois qu'est prononcée « étoile bleue de quartz », une sorte de musique céleste (oh-aaaahhh) retentit, à la grande stupeur des personnages. Complètement nanar.
Comme la planète où se trouve l'étoile bleue est à 27 années lumière, l'équipage a le droit de s'arrêter dans un bordel intergalactique. On a le droit au grand romantisme du capitaine qui, répugné par le visage d'une extra-terrestre au corps pourtant sublime, lui place un sac en carton sur la tête avant de l'emmener faire sa besogne.

Puis l'Infinity part pour un voyage de 27 années lumière, piloté par Galaxina pendant que l'équipage dort dans des caissons cryogénisation (copyright Alien). Celui du capitaine est d'ailleurs déréglé par la bestiole qu'il a recraché, et qui le prend pour sa mère. On s'aperçoit durant le voyage que malgré son état de robot Galaxina a des sentiments pour Thor, qui lui est très attiré par la plastique de la gourgandroïde.

Galaxina est envoyée en mission sur la planète, qui ressemble à une ville de far west. Elle retrouve l'étoile bleue de quartz dans un saloon rempli d'extra-terrestres (copyright Starwars), et peut quitter le saloon après avoir gagné un duel (copyright Il était une fois dans l'Ouest) face au méchant Ordric/Dark Vador (copyright Starwars).

Hélas, elle se fait enlever par une secte de motards (copyright Easy Rider) à cheval qui vénèrent une moto représentant le Dieu Harley David Son.
Heureusement, Thor, en bon héros musculeux et neurasthénique, vient la délivrer, et ils ramènent l'étoile bleue de quartz à bord de l'Infinity.

Après encore l'une ou l'autre péripétie, la pierre fabuleuse finira mangée par la créature amatrice de cailloux.

http://galaxina.free.fr/img/croc-roc.jpg

Rideau.

Et là, dans le salon, vous avez le nanaconda, scotché par une telle avalanche de conneries, qui ne peut s'empêcher d'applaudir.
Quelle histoire débile ! Quels mauvais acteurs !!!! Quels mauvais effets spéciaux !
Le pied absolu ! La révérence qu'il faut rendre à Galaxina, c'est qu'à aucun moment le flim ne se prend sérieux. Ce qui en fait un flim très agréable à regarder au 4ème degré, car ce n'est pas non plus une parodie façon Mel Brooks. Une merveille. A voir. Absolument.


Dans la salle poisseuse du producteur véreux, un réalisateur explique : « vous m'avez commandé un film, mais vous me donnez pas de budget, ni de scénariste. Donc j'ai pensé : on pourrait surfer sur la vague de succès des films de science-fiction en ce moment, on réussira bien à tromper des spectateurs sur la marchandise, et vu l'argent investi, on sera vite bénéficiaire. »
Le producteur : « génial, j'achète ! »

Bonne nuit les zenfants,

Le nanaconda

http://galaxina.free.fr/img/maurice.jpg
http://galaxina.free.fr/img/Ordric%20le%20Mordric.jpg

PS : la majorité des images viennent d'un site consacré entièrement à Galaxina : par ici

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