Over the Top

15/03/2006 20:30
2.596 lectures
Un routier bodybuildé gagne un camion et le respect de son fils au grand concours de bras de fer. Rien qu'un synopsis comme ça, ça impose le respect et ça augmente le seuil de tolérance face aux diatribes du nanaconda. Chapeau, M. Stallone.
Over the Top / Bras de fer, c'est avant tout une histoire d'hommes. Une histoire de l'humanité. Paternité, reconnaissance, solitude, rivalité, amitié, amour, loyauté. Apprendre à connaître l'autre, prouver à l'autre que l'on gagne à être connu. En remportant des challenges de bras de fer.........

Jusqu'à la dernière phrase, je trouvais que je ne m'en sortais pas trop mal pour mettre un peu d'émotion dans le pitch. Mais l'idée même du synopsis est tellement crétine que vous auriez pu l'écrire sans difficulté. Nonobstant votre analphabétisme, j'aurais été tout à fait disposé à le croire d'ailleurs. Donc, je disais, le synopsis est d'une débilité tellement crasseuse qu'il ruine de toute manière les meilleures intentions de promotion. Donc, perdu pour perdu, sautons à pieds joints dans le nanar, le pied gauche d'abord si possible, ça porte bonheur.

Over the Top, c'est un concentré de 100% de jus de nanar, avec un petit goût chimique quand même qu'ont les productions à gros budget (le Stallone se serait sucré 12M de dollars pour sa prestation quand même hein, ce qui doit représenter 120 fois le budget de l'Antre de Frankenstein, pour vous dire. Du coup ça fait cher le biceps, puisque Stallone ne joue pas avec sa tête). Tous les ingrédients de base sont là, respectés, en place, bien dosés.

Devant son ex-femme, agonisant sur son lit de mort (pléonasme pour renforcer l'intensité dramatique d'entrée de jeu), Lincoln, routier musculeux mais atrophié du bulbe, accepte de reprendre contact et d'apprendre à connaître son fils, petit merdeux insolent d'une douzaine d'années, qui sous l'influence de son grand-père maternel, prend son daron pour une tanche. Faut dire aussi que le Lincoln a jusqu'à présent moyennement assumé son rôle de père, socialement et financièrement.

Et le gamin, il est pas vraiment ravi de partir en virée avec son père. Ce qui peut se comprendre aisément vu que le passe-temps favori de celui-ci, pendant qu'il conduit son camion, c'est de soulever des poids avec son bras droit à l'aide d'un subtil système de poulie. Je vous jure que c'est vrai. Donc vous imaginez le niveau de la conversation.

Et le matin, devant le soleil levant, dans une iconographie d'une poésie et d'une puissance absolues, il fait des tractions accroché à la jante de son camion, filmé à contre-jour. En clair, c'est un gros beauf.

http://www.filmdeculte.com/photo/culte/overthetop/image.jpg

Mais c'est le genre de gros beauf à qui on n'irait pas lui dire en face que c'est un gros con bouffi d'inculture et d'ignorance. Parce qu'il a une grande passion, un peu comme Omar Shariff, sauf que lui c'est le bras de fer. Et il les enchaîne au fur et à mesure des restos routiers. Le schéma est toujours le même : on croit qu'il va perdre, et là, métamorphose : il tord sa lèvre, retourne sa casquette, replace sa main et gagne. Kitchissime.
D'ailleurs il le dit lui-même : « Quand je retourne ma casquette, je fais le vide, je deviens... comme ce camion. Une machine. »
Un truc dans le style en tout cas. Vous imaginez la consternation du gamin, pour peu qu'il ait reçu une éducation potable, entendre son géniteur débiter des phrases qui atteignent de tels sommets de connerie, que même vous à côté on vous prendrait pour Einstein. Enfin non, quand même pas vous. Enfin bref. C'est des coups à en prendre pour 10 ans de psychanalyse ça.

Et le Lincoln, il n'a qu'un objectif en tête, un but, un rêve : gagner le championnat du monde de bras de fer qui a lieu à Las Vegas, et dont le premier prix est un camion qui permettrait à Lincoln de se mettre à son compte. C'est sa musique, son feeling, sa raison God save the queen. (Une bière à qui comprend, bande de larves. Vous connaissant ça ne devrait pas me coûter bien cher).

Donc en chemin, si on récapitule, il soulève des haltères en conduisant, fait des tractions au soleil couchant/levant accroché à la jante de son camion, et pour essayer de gagner son coeur, laisse son fiston conduire le bahut et essaie de lui apprendre l'art du bras de fer, et la technique du « Over the Top ». Comme le titre du flim, bien vu, vous n'êtes pas aussi glands que vous en avez l'air finalement. Non je déconne, vous l'êtes, hein !
Et en quoi consiste cette technique, me demanderiez-vous si vos synapses pouvaient se connecter de temps à autre? Et bien, c'est la phase dite du repositionnement des doigts, qui permet à Lincoln de tordre la main de son adversaire et de prendre l'ascendant dans un combat. Pour cela, il faut d'abord se retourner la casquette en phase préparatoire, voir phrase culte plus haut.

Nous avons donc des combats en trois phases principales, comme quoi le bras de fer est aussi un sport technico-tactique :
Phase 1 : retournement de la casquette pour ne plus penser à rien et devenir une machine, comme un camion en fait.
Phase 2 : rictus de la lèvre pour bien montrer qu'on est à bloc
Phase 3 : technique du Over the Top, et victoire finale.


http://www.filmdeculte.com/photo/culte/overthetop/3.jpg

La fin du flim se passe dans un espèce de hangar pour le championnat du monde. Là, vous avez une collection de ce que l'Amérique a dû produire de pire dans les années 80 en termes de sales gueules. Ils sont sales, musclés, bêtes et méchants, ce sont les adversaires de Stallone pour ce grand tournoi. Notamment un qui bouffe des mégots de cigarette et boit de l'huile de vidange. Le genre de type que bizarrement madame l'ambassadeur n'invite jamais à ses fêtes pourtant réputées pour le bon goût de la maîtresse de maison.
Pour renforcer l'aspect compétition, le tournoi et les matches sont coupés de fausses interviews des concurrents. C'est énorme quand on y pense.

Pour vous la faire courte, Stallone se blesse en qualifs, mais parce que son fils est là pour le voir il continue, plus fort que la douleur. Rien que ça, je dis chapeau. Et il bat ses opposants les uns après les autres, casquette à l'envers et rictus à la mâchoire.

http://www.filmdeculte.com/photo/culte/overthetop/2.jpg

Jusqu'en finale où il rencontre un molosse stéroïdé et lobotomisé, qu'il bat aussi grâce à la technique "OtT". La grande classe. Il gagne le camion de ses rêves, et accessoirement le respect de son fils.

Over the top est un nanar typique des années 80, rempli de clichés qui fleurent bon l'hommage à la force physique et au courage, avec des tentatives d'introduction d'émotion qui tombent invariablement en flops pathétiquement savoureux.

Je pense que tous les amateurs de nanars de ma génération l'ont vu, donc je ne le conseillerais pas. Mais qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour être dans la salle de réunion du PDG de la Cannon en 1986, le jour où un scénariste sous LSD est venu le trouver en lui disant : « j'ai peut-être une idée. Ca serait l'histoire d'un routier qui fait de la muscule dans son camion, et qui ferait des bras de fer pour regagner l'amour de son fils. Bon comme ça, c'est vrai que ça pue du zboub comme scénar, mais si on mettait Sylvester Stallone en premier rôle ça le ferait peut-être, finalement. »
Et le producteur : « Génial ! J'achète ! ».

Bonne nuit les zenfants.

Le nanaconda

Commentaires (9)

Flux RSS 9 messages · Premier message par conan · Dernier message par Agathe

  • Rooooohhhhh! Je proteste! Il est excellent ce film! J'ai même versé une petit larme à la fin quand je l'ai vu pour la première fois! (Bon j'ai une excuse, je devais avoir 11-12 ans).
  • Il est génial .... dans la catégorie nanar !
    C'est un pot-pourri de nanar façon années 80 avec du budget. J'aimerais bien le revoir !
  • J'adore la critique sociale dans ce film, parce que le beau-pêre de Stallone est quand même aussi riche que Bill Gates, et veut empêcher que son petit-fils retrouve ses racines prolétariennes. Bon c'est pas du Eisenstein mais y'a de l'idée!
  • Ben j'avoue que je me rappelle pas bien du grand-père à part qu'il passe son temps à pourrir Stallone devant le gamin. Donc je suis passé rapidos sur le sujet.
    Enfin, je doute que le réal de Over The Top ait le même cerveau que celui d'Eisenstein ;)
  • Une critique over the top! Bravo!
  • Merci bien ;)
  • Cannon est un nom culte, un label qualité pour les nanars ! Dès que je vois leur logo au début d'un film, je sais que la soirée sera bonne :))
  • Oh que oui !
    Une AOC du nanar ! :))
  • Pffffff.... T'as rien compris mon pauvre ! J'ai rien d'autre à dire, je dois être aussi inculte que Lincoln Hawk. Si être intelligent c'est faire une critique bidon sur un film qui représente bien autre chose que ce que tu dépeins, je préfère être con tiens. Et puis à quoi bon avoir la tête bien pleine si on sait pas s'en servir.

Commenter

Flux RSS Du nanar, des nanas, et du nanaconda !

anaconda

Voir son profil complet

Chargement... Chargement...