La révolte des Morts-Vivants

20/04/2006 10:12
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Une jeune fille veut passer la nuit dans un village abandonné et se fait dévorer par des chevaliers zombies templiers hérétiques et énuclées. Deux amis à elle sont prêts à tout pour découvrir ce qui lui est arrivé. Attention, nanar !
Nanar franquiste de Amando de Ossorio
Avec : des gourgandines écervelées, des mauvais acteurs issus de séries Z ou de flims X des 70's, et des squelettes barbus/zombies templiers hérétiques

Aaaaaaahhhhh ! Oui ! Ca faisait longtemps que le nanaconda ne s'était pas mis un nanar dans le cornet, un nanar 100% pur jus, taillé juste comme il faut pour rentrer dans le costume « nanars à Nana ». Hé bien c'est fait, et ça fait du bien par où ça passe. Tous les ingrédients sont là, de la gourgandine écervelée et dénudée à la moindre occasion et/ou défaillance de scénario, du jeu d'acteur qui ferait honte à Paul Préboist, des effets spéciaux comme on aimerait en voir plus souvent, bref du bonheur en tortillas.
Des fois, la vie, c'est beau comme un nanar.

Pour l'anecdote, il croit me sembler que Franco était encore au pouvoir à l'époque du tournage, ce qui peut expliquer que l'intrigue se passe au Portugal, au milieu de pèquenauds superstitieux (faut rappeler que les Portugais il y a 30 ans tenaient le rôle des Beurs d'aujourd'hui dans l'imaginaire collectif).

Au début du flim, un type guinché façon Lord Anglais, genre le mec qui aurait été recalé au casting d'Amicalement Vôtre, parce que premièrement il joue extrêmement mal, et puis deuxièmement, faut bien le reconnaître, il a une sacrée gueule de con. Si, si je vous assure. Me rappelle quelqu'un d'ailleurs....
Plouf plouf. Donc, disais-je avant de m'égarer dans les méandres de la création littéraire (je me la fouette si je veux), au début du flim, un train. Dans ce train, l'ersatz de Brett Sinclair, que nous appellerons Brad Sinclair pour plus de commodités, plutôt que « ersatz de Brett Sinclair », et deux gourgandines écervelées. L'une de ces deux gourgandines fait comprendre à notre ami Brad que ce train qui s'engouffre dans des tunnels lui donne des idées pourtant réprimées et interdites par la bonne morale chrétienne en dehors des liens sacrés du mariage (Desproges, sors de mon corps). En clair, elle se ferait bien taper la motte dare-dare, voire même dard-dard.
L'autre gourgandine joue les bougresses effarouchées et, vexée de se faire prendre son tour de « à dada sur le cheval de grand-papa », décide de descendre du train en pleine campagne portugaise.
Et voilà notre grosse maligne qui arrive avec son sac de couchage dans un village abandonné, dans lequel n'importe quel individu sain d'esprit (c'est à dire moi, pas vous évidemment bande de larves) déciderait de ne surtout pas passer la nuit.
Evidemment, étant à peine plus intelligente que vous, elle décide le contraire, et s'enferme pour la nuit dans une bâtisse en ruine. Alors là, pour combler l'absence totale de scénario jusqu'à présent, hop, une scène de gourgandine dénudée. La scène de gourgandine dénudée, c'est un peu le liant façon mayonnaise, l'ingrédient indispensable pour réussir son nanar.
Puis elle se couche.
Minuit, l'heure du crime. Une cloche se met mystérieusement à sonner, et les cercueils s'ouvrent.
Alors là, comme j'avais raté les premières minutes du flim, et donc le titre explicite, je me suis fait le luxe d'un petit suspense : dans les cercueils, vampires ou zombies ?
Bon évidemment, je ne me serais jamais posé la question si j'avais commencé à regarder à l'heure. Bref.

Donc les zombies, sortes de squelettes habillés et très barbus (je vous rappelle que l'action se passe au Portugal), essaient de rentrer dans la bâtisse. S'ensuit une folle course poursuite d'au moins 5 minutes entre des morts-vivants qui se déplacent à 1km/h et une connasse qui fait rien que de tomber dès qu'elle en a l'occasion. Je vous ferai la confidence que les morts-vivants sont tellement mal faits que jusqu'à ce qu'elle se fasse enfin buter par des zombies montés sur (et non pas montés comme) leurs chevaux démoniaques, je n'étais pas sûr qu'ils lui veuillent du mal. Ce qui vous résume toute l'ambiance réussie du flim, puisqu'à la base, la raison de vivre du mort-vivant, c'est de manger de pauvres victimes innocentes.

Retour à la civilisation. Nos deux fornicateurs sont en train de prendre leur petit déjeuner à la terrasse d'un hôtel, et commencent tout doucement à culpabiliser d'avoir laissé leur pote descendre du train au milieu de nulle part.
Ils culpabilisent d'autant plus que la police ramène son cadavre. La police soupçonne une bande de contrebandiers de la région, mais Brad Sinclair, lui, n'en est pas si sûr, d'autant que les mystérieux silences des habitants autour du village de Bolzano lui ont mis la pute à l'oreille (oui, sa copine ne le lâche plus, elle a peur).
A la bibliothèque, ils finissent par apprendre qu'à Bolzano, il y a 500 ans, des chevaliers templiers avaient été pendus et énuclées car considérés comme sataniques et hérétiques. Ensuite, on devait sans doute apprendre encore plein de choses très intéressantes, mais c'est le moment mal choisi par votre serviteur pour aller satisfaire une envie naturelle.
Quand je suis revenu, l'action se situait dans la morgue. La gourgandine-zombie se réveille en petite tenue, tue le garde, puis essaie de bouffer une fille dans l'immeuble adjacent. Malheureusement pour elle, sa victime lui met le feu. Apparemment les zombies craignent les flammes. Peut-être une information intéressante pour la suite ? Hé bien en fait non, pas du tout.

Et pendant ce temps, Brad Sinclair.... A la planque des contrebandiers, débarque notre dandy anglais. Achement balaise le gars, il a trouvé tout seul la planque de bandits recherchés depuis des mois par la police.
Il explique au chef des contrebandiers, que nous appellerons Pedro, que la police les soupçonne, mais que lui ne les pense pas coupables. Pedro, si vous voulez, c'est l'archétype de l'acteur porno des années 70, moustache, oeil torve et chemise col en V. Et il lui explique son plan : « le seul moyen de savoir ce qui s'est réellement passé est de rester une nuit à Bolzano ». Si ça c'est pas du stratège, je ne m'y connais pas.
Et donc nous retrouvons Brad, Pedro, et leur gourgandine respective dans la même vieille bâtisse qu'au début.
Pedro part faire un tour dans le cimetière avec la pétasse de l'Anglais, et la viole, pour nous offrir une nouvelle scène de gourgandine dénudée, et aussi pour lui montrer qui est le chef, par les moustaches de sa mère !
A peine le temps pour Pedro d'allumer sa clope d'après l'amour (NB : je suis un monstre) que la cloche lugubre se met à retentir. Et les tombes se soulèvent....
Alors, je vous la fais courte : Pedro se fait bouffer dans le cimetière, Brad Sinclair devant la porte de la bâtisse, parce que les deux gourgandines sont trop occupées à se battre ensemble pour lui ouvrir la porte. Absolument ridicule. Puis vient le tour de la compagne de Pedro. La dernière survivante comprend que les templiers zombis sont aveugles, puisqu'énuclées et qu'ils se fient aux cris de terreur. Elle essaie donc de s'enfuir en silence. Tiens, je viens de remarquer en faisant une faute de frappe qu'énuclée était l'anagramme d'un mot bien sympathique.

Et alors là, je n'ai plus rien compris. Au départ on la voit courir en boitant (une gourgandine qui essaie de fuir devant un grand danger se tord obligatoirement la cheville) dans la plaine désertique, puis elle arrive le long d'une ligne de chemin de fer. Un train passe s'arrête, un mécano essaie de l'aider, et la seconde d'après, on se retrouve avec un bordel monstrueux puisqu'il semblerait que des zombies font un carnage dans les wagons. La seconde d'après le train arrive en gare.
Plusieurs explications envisageables :
- je me suis endormi et je me réveillai par intermittence
- le réalisateur n'avait plus de budget et a dû trancher dans le vif

Toujours est-il que le train arrive en gare, avec la radasse cachée dans le tas de charbon, et que les voyageurs qui attendent sur le quai veulent monter dans le train et se mettent à pousser des cris de terreur. Et c'est fini.

Un nanar magnifique, porté à la quintessence par des acteurs formidables et des scènes de gourgandines dénudées amenées fort à propos. Quand je lis qu'Arté arrive à trouver à cette oeuvre une forte tension érotique et une atmosphère oppressante, je pleure de joie. Et quand je lis que le deuxième épisode de cette tétralogie, qui passe jeudi 20 avril à 0h35 sur Arté, est encore pire, je salive. Et que ceux qui ne sont pas d'accord aillent se faire énucler.

Projetons nous dans la salle de réunion d'un producteur espagnol à la fin des années 60, lorsqu'un scénariste lui explique : « j'ai un scénar béton, ça serait des morts-vivants templiers sataniques sans yeux qui tueraient des gens pour se venger, ou pour n'importe quelle autre raison, je suis pas obstiné, et à la fin ça serait un peu mystérieux et on pourrait en faire 3 autres épisodes. »
Et le producteur : « génial, j'achète. »


Bonne nuit les zenfants,

Le nanaconda

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