Dracula 3000

18/05/2006 18:09
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L'an 3000. Au fin fond de l'espace, un vaisseau-secours amarre un vaisseau à la dérive et abandonné depuis plus de 100 ans. Las, son dernier occupant n'est autre que le Comte Dracula himself ! Sang pour sang nanar.
Réalisateur : Darell Roodt
Type : nanar gothiko-futuriste
Avec : Casper Van Diem, Coolio, des gourgandines et des acteurs labellisés nanar
Budget : 20 000 dollars, tickets restaurants compris
Dialogues : « je suis un vampire, l'être le plus méchant qui existe dans l'univers ! Je suis très méchant ! »

Tout, dans ce flim, fleure le nanar à 200km. C'est ça qui est bon. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise, c'est du pur, du 100% nanar, absolument pas coupé par des morceaux de navets dedans.

D'abord, le titre. Dracula 3000. Une histoire de Dracula à l'an 3000, dans l'espace. Déjà là on sent le génie. Surtout quand on voit ensuite Dracula, habillé comme en 1700, sur un vaisseau spatial censé représenter le fleuron de la technologie.
Les acteurs ensuite. Pour donner de la contenance, l'un ou l'autre nom connu. Le rappeur Coolio, pour commencer. Il est là pour donner une impression de relief au casting, et cela lui offre en contrepartie une occasion unique, au vu de ses talents d'acteur, de faire une incursion au cinéma. En commerce, on appelle cela un échange gagnant-gagnant.
Casper Van Diem. Lui, c'est l'acteur soi-disant connu dont les oeuvres traînent indéniablement et irrémédiablement des relents de bousasse. A part Starship Troopers, me soutiendront les moins ignares d'entre vous. Certes. Mais oserez-vous défendre le jeu d'acteur de Casper Van Diem dans Starship Troopers ? Bien sûr que non. Dans Dracula 3000, il joue le capitaine d'équipage, entouré d'un soldat accroc au chichon, interlouffé par Coolio, d'un black musculeux, d'un handicapé en chaise roulante, qui est peut-être le personnage le plus crédible, et de deux gourgandines écervelées.

Et v'là-t-y pas que le vaisseau du capitaine Van Helsing (NB : véridique, il s'appelle comme cela) s'amarre à une navette à la dérive.
L'équipage monte à bord, espérant trouver quelque trésor pour s'enrichir. Et bien sûr, le vaisseau-mère, qu'ils appellent affectueusement « Mother » (sans doute en hommage à la chanson des Pink Floyd) en profite pour se barrer tout seul. Jusque-là, rien de plus normal pour l'amateur de nanar averti. Mais là où l'on commence à saliver, c'est qu'au bout du couloir (oui, il n'y a qu'un seul couloir, filmé sous un maximum d'angles pour donner une impression d'immensité au vaisseau), il y a une pièce remplie de cercueils.
On reconnaîtra un plagiat honteux de Aliens, des êtres humains perdus dans l'espace et traqué par un chasseur redoutable (et là précisément de la scène de la découverte des oeufs).


Et à partir de là, on va de rebondissements en rebondissements. Et plus c'est capillo-tracté, meilleur c'est.
Coolio est persuadé qu'il va trouver de la beuh, de la weed, dans les cercueils. Donc, il commence à les ouvrir un par un, provoquant le courroux de son pote bodybuildé qui déteste la drogue (lui son truc, c'est les stéroïdes et les anabolisants, que des bonnes choses quoi).
Du coup, son pote se barre et le laisse seul.
Le temps de compter jusqu'à trois, l'équipage entend un cri dans la salle des cercueils et s'y précipite. Coolio est évanoui, jambe fracturée, et deux étranges marques au cou. Dans les nanars de vampires, personne ne comprend jamais rien devant la présence de deux marques de dents. Ce sont toujours « deux étranges marques, comme si elles avaient été faites par des dents très longues. « Je ne vois pas du tout ce que ça pourrait être ».
Evidemment, il devient vampire. Mais déjà que son personnage était complètement con avant, il le devient encore plus. Et il se met en tête, non pas de sucer le sang de quelqu'un, mais de violer l'une des gourgandines écervelées, après avoir proclamé « je suis un vampire, l'être le plus méchant de l'univers ».
Celle-ci s'enfuit et tombe nez-à-nez avec Dracula, très classe dans son costume de velours façon 19ème siècle alors que l'intrigue, je le rappelle pour ceux parmi vous qui ont les synapses obstruées de crasse et de pus, se déroule à l'an 3000 et des brouettes javanaises, en plein milieu de l'espace.

De son côté, le capitaine Van Helsing décide de contre-attaquer, et de chercher un moyen de combattre le monstre. Et il découvre qu'il n'est autre que l'arrière-arrière etc petit fils du célèbre chasseur de vampires, Dieu le pignole ! Quelle coïncidence incroyable qui ne peut arriver ailleurs que dans un nanar AOC !

Pendant ce temps, la gourgandine écervelée revient après avoir miraculeusement échappé à Dracula. C'est louche. Mais en fait, je vous la fais courte, c'est parce que c'est un robot-androïde, un peu comme Ripley dans Alien.
Le musculeux tue Coolio-vampire, Dracula tue l'autre gourgandine qui apparemment était une vraie cette fois, et Casper Van Diem arrive devant Dracula, gonfle les biceps et proclame fièrement : « je suis John Van Helsing, descendant de votre ennemi juré Abraham Van Helsing, et je vais vous filer une raclée ! ».
20 secondes plus tard, il est mort. Ridicule le héros, mais ça surprend agréablement dans un film de cette mauvaise qualité.
Bientôt il ne reste que le black musculeux et la gourgandroïde écervelée, qui s'enferment dans le poste de pilotage, et décident, après avoir eu une idée géniale, de mettre cap sur le soleil le plus proche, afin de faire choper une insolation au maître des Carpates. On apprend accessoirement auparavant qu'il est le dernier survivant de la planète des vampires. Détail sublimissime, qui non seulement repompe ce qu'il y a de pire dans le scénario de Highlander 2 (où pour justifier qu'après le 1 il y ait de nouveau des immortels, ils ont introduit ce concept : les immortels sont des extra-terrestres qui deviennent immortels en pénétrant dans l'atmosphère, concept à l'époque déjà vaguement inspiré de Superman), mais en plus n'apporte rien à l'histoire et rajoute une couche de connerie à l'ensemble du film. Donc Dracula est un extra-terrestre.

Tout heureux de cette bonne idée, notre ami Muscleman se demande comment faire passer le temps jusqu'à arriver au soleil, et la gourgandroïde écervelée lui apprend qu'elle a bien une idée et que, avant d'être reprogrammée pour la navigation interstellaire, elle était, je cite : « Une P2. Une Pute Programmée. »
Grand sourire de l'autre atrophié du bulbe, et début du générique de fin devant un plan du vaisseau qui vole vers le soleil.

Et là, ultime crachat au visage du spectateur bouche bée devant tant de connerie assumée jusqu'au bout, un filigrane apparaît en surimpression au-dessus de l'image du vaisseau, représentant une vidéo de l'ancien capitaine du vaisseau abandonné qui explique que devant la monstruosité de la menace présente à bord, il a dû se résoudre à prendre la dernière solution qui s'imposait. Et boum, le vaisseau explose. Fin. Rideau.
Et là, on se rend compte d'une chose incroyable, Darell Roodt, le réalisateur, savait parfaitement ce qu'il faisait. Un nanar. Assumé. Revendiqué. Comme un bras d'honneur à un producteur qui de toute façon ne lui aurait pas donné assez pour ne serait-ce que tenter de faire un film, un vrai, au premier degré.

La réunion se passerait dans le bureau crasseux du producteur véreux.
Darell Roodt : « j'ai un projet assez ambitieux, une héroïc fantasy interstellaire, visionnaire et futuriste, avec une menace qui...
John Smith, le producteur, le coupant : « vous avez 20000 dollars. Et attention, je veux de l'action, du suspense, des frissons, des retournements de situation, des guest-stars, enfin des gens connus quoi. Rien à foutre de votre machin visionnaire. De l'action, sinon, croyez-moi, votre carrière est terminée.
D.R : « bon, alors j'ai peut-être un plan B. Ca serait un capitaine de vaisseau interprété par Casper Van Diem, toujours disponible celui-là, qui trouve une navette abandonnée. A bord, Dracula, qui viendrait en fait de la planète des Vampires. On pourrait renforcer le casting par un ou deux rappeurs has been et qui voudraient tenter une reconversion dans le « ciné ». Pas Ice Cube, il est définitivement grillé depuis Anaconda. Par contre on en trouvera d'autres, Run DMC ou Coolio par exemple. »
John Smith : « Génial ! J'achète !!!! »
D.R, le sourire aux lèvres : « Dont acte. »


Bonne nuit les zenfants.

Le nanaconda

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par takl · Dernier message par anaconda

  • Petite note a propos de ce cher Casper. Si maitre Verhoeven lui a confié les clefs de Starship troopers (un bon film a mon sens) à lui et à une nenette aussi dénuée d'expression faciale et de talent que denise richards (qui à d'autres atouts, j'en conviens), c'est précisement pour souligner au stabilo large le manque de substance de ses personnages dans ce films, bon gros patriotes neuneus. Le choix de bons acteurs aurait précisement pu faire passer ce film dans la catégorie des nanars, voire des bouses. respect Verhoeven!
  • Je n'y avais jamais pensé, mais ça tient debout ! Et c'est génial ! Du coup la scène où ils se font tatouer avant de gonfler leur biceps devant la caméra est absolument génialissime !
    Putain c'est extra !
  • Je confirme les propos de takl, j'ai lu la chose je ne sais plus où, le casting de Starship Troopers (un pur chef d'oeuvre à mon sens) est totalement assumé de A à Z.
  • Oui, c'est un excellent film. Mais est-ce que Casper Van Diem le sait ou l'a su, pour le coup du casting ?

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