Le retour des Morts-Vivants

13/06/2006 16:13
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Souvenez-vous. Il y a quelques semaines, je vous racontais « la Révolte des Morts-Vivants », histoire fraîche et légère de zombies templiers hérétiques et énuclées qui chevauchaient des chevaux démoniaques et persécutaient de jeunes gourgandines écervelées. Arté, dans son cycle trash, se préparait à diffuser la suite, présentée par la chaîne elle-même comme un bon gros nanar.
Le nanaconda, à l'affût, a veillé et l'a vu. Rien que pour vous.
http://www.arte-tv.com/i18n/content/tv/02__Communities/C3-cinema_...

Je reprends le pitch de base pour les plus crétins d'entre vous, malgré sa limpidité extrême. Dans la « Révolte des Morts-Vivants », nous faisons la connaissance de Berzano, un sympathique village portugais abandonné, qui a la particularité de posséder un charmant cimetière dont les tombent s'ouvrent chaque nuit lorsque retentit la cloche, pour laisser sortir des zombies/squelettes barbus qui s'avèrent être des moines templiers hérétiques et aveugles. A l'époque on ne savait pas bien pourquoi.
Du coup, le réalisateur Amando de Ossorio décide de reprendre son juteux filon, et de faire une suite. Enfin pas vraiment une suite. Je m'explique.
Dans le premier épisode, les morts-vivants semblaient sortir aussi souvent de leur tombe que vous rêvez de moi, c'est-à-dire toutes les nuits. Forcément, la routine, ça manque un peu d'exceptionnel. Du coup, Ossorio a dû se dire « j'ai déjà les décors, un concept super, je vais juste y rajouter du suspense ». C'est parti.

Le flim ouvre sur une scène qui doit être censée se passer il y a fort fort longtemps, vu les tenues dont sont atiffés les personnages. On y voit de très mauvais acteurs représentant des moines templiers en train de torturer une jeune fille. Bing ! Gourgandine dénudée, première ! Ca démarre très fort dans le nanar. Puis ils s'abreuvent de son sang, car ils vouent en fait un culte à Satan.
Scène suivante, des villageois pas contents débarquent à Berzano, et s'en prennent aux templiers. Ils leur brûlent les yeux « pour qu'ils ne retrouvent jamais leur chemin en enfer ». Comme quoi ils sentaient déjà le truc venir. Enfin ils les brûlent totalement. Quel intérêt de leur brûler les yeux avant, puisqu'on les crame en entier ensuite, me demanderiez-vous si vous aviez un QI qui dépasse celui de la moule? Aucun, c'est pour insister sur le cérémonial et le tragique de l'instant. Ou alors c'est que le scénariste est aussi mauvais que je le pense. Inutile de vous dire que les cris de souffrance des acteurs au moment de l'énucléation sont aussi crédibles que les simulations de votre partenaire pendant l'acte.

Scène suivante, de nos jours, Berzano, Portugal. Enfin, de nos jours, façon de parler, vu que le flim a été tourné il y a une bonne trentaine d'années. Le village en effervescence prépare le 500ème anniversaire de la victoire des villageois sur les templiers. Inutile de vous dire que ceux-ci ont bien l'intention de ne pas rester tricards à la fête.

Et les tombent s'ouvrent, reprenant allègrement des cuts du premier épisode. Les zombies enfourchent leur monture et foncent vers le village. Là aussi, foncent, façon de parler, parce que dès qu'on les voit à cheval ça se passe au ralenti. C'est beaucoup plus classe.
Ils font une première escale près d'une maison isolée. A l'intérieur, une jeune et fraîche gourgandine écervelée, et son horrible compagnon quadra et moustachu. Y a que dans les nanars et dans le football qu'on voit voir des mecs aussi laids se taper d'aussi jolies et innocentes gourgandines. Notre moustachu nanaresque de service regarde sa compagne avec autant de romantisme dans les yeux qu'un goret sevré de sa truie depuis de longues années. Hop, gourgandine dénudée, deuxième !
Les zombies, polis, attendent qu'ils aient fini pour frapper à la porte. Véridique ! Ils frappent à la porte ! « Toc ! Toc ! Qui c'est ? C'est nous les zombies templiers ».
Ils tuent le pourceau aux bacchantes qui a eu l'imprudence d'ouvrir en moins de temps qu'il ne vous en faut pour dire « louffe ». Pendant ce temps, la gourgandine s'enfuit après la traditionnelle torsion de cheville qui handicape.
Elle finit tant bien que mal par arriver au village. Les templiers aussi, et le carnage commence. Enfin façon de parler bien sûr, puisque le budget n'était pas suffisant pour financer de la fausse hémoglobine. On suppose donc qu'il y a un carnage.
Quelques survivants se terrent dans l'église, et cherchent un moyen de s'échapper. Evidemment, dans le lot, il y a le maire pourri qui va causer plusieurs pertes. A la fin, restent les deux héros, que je n'ai même pas pris la peine de vous présenter tellement ils sont insignifiants, et une petite fille dont les parents sont morts. Ils tentent une dernière échappée, et là, surprise : le jour s'est levé et les zombies sont redevenus de bêtes cadavres barbus.

Et les héros s'en vont au loin, dans la lumière bienfaitrice du soleil levant. Et ça aussi, c'est classe.

Les moins du flim : les zombies mettent au moins une heure pour cavaler au ralenti les 500 mètres qui séparent le cimetière du village, du coup c'est assez chiant par moment.


Les plus :
- une scène de viol dans l'église qui n'apporte strictement rien à l'histoire mais qui a le grand mérite d'offrir une ration supplémentaire de gourgandine dénudée.
- Les acteurs moustachus sont légion, et c'est beau.
- Les scènes de cheval au ralenti, on ne s'en lasse pas.
- Le budget : comme pour le premier, une grande partie des scènes extérieures qui sont censées se passer la nuit sont en fait tournées en plein jour, sans doute faute de budget éclairage suffisant. Et ça se voit carrément.
- Un déni honteux de l'histoire du premier épisode, mais une réutilisation sans complexe des décors et de certains passages et plans du premier, pour économiser à la fois les décors et le script.
- Des invraisemblances qui ajoutent du piment : à un moment, les personnages décident d'aller au-devant des zombies pour voir s'ils sont réellement en train de se pointer. Ils partent à pied, et grâce à un raccourci, mettent quatre fois moins de temps à faire l'aller retour que les moines sur leurs chevaux démoniaques. Je kiffe (comme disent les djeun's et Laurent Boyer).

Un nanar qui combine tous les ingrédients magiques : gourgandines, moustachus, reprises telles que de décors et séquences d'un autre flim, budget misérable. Ca ne nous donne qu'une envie : se projeter dans la salle d'un producteur espagnol, qui a le portrait de Franco accrochée à son mur.
Armando de Ossorio : « j'ai une super idée de flim, ça serait une histoire de suspense et de frissons, un peu mystique.... »
Le producteur : « je vous arrête, votre dernier film était tellement mauvais qu'il est hors de question que je vous reconfie un budget ! Votre carrière est terminée ! »
Ossorio : « justement, je me proposais de réutiliser les décors du premier, et certaines séquences, et d'employer des gens du coin. Du coup, mon seul soucie reste de financer deux-trois pelloches et la cantine ».
Le producteur : « dans ce cas, génial ! J'achète ! »


Bonne nuit les zenfants.

Le nanaconda


PS : à noter que le titre en VF peut se confondre avec un flim américain des années 80, que j'ai vu récemment. Je ne pense pas vous en parler prochainement, car il n'est pas assez mauvais.

PS2 : la fiche sur la révolte des Morts-Vivants : ici

Commentaires (8)

Flux RSS 8 messages · Premier message par nikolko · Dernier message par anaconda

  • Le film américain c'est celui ou les zombies sont dus à des futs toxiques militaires? Celui la meme ou le méchant punk du début parle de respect des morts dans un cimetierre? Celui la meme ou les zombies parlent??
    Un grand film!
  • Exact, les zombies parlent, une punkette fait un strip dans le cimetière, et ils interrogent une femme tronc. Enorme. Peut-être que j'en ferai une fiche finalement.
  • Je te conseille "la nuit de la terreur" qui pourrait te faire plaisir aussi ;)
  • Jamais entendu parler, mais je viens de lire la fiche sur allocine. Vivement sa diffusion !!! ;)
  • Petite rectification : en cherchant le film que je t'ai conseillé sur internet, je me l'ai trouvé qu'à travers "le manoir de la terreur" qui lui est un film de zombies. Gageons que la nuit de la terreur doit de toute façon etre pas mal.
    Sinon ne passes pas à coté de "l'enfer des zombies" de Fulci qui est presque plus fort que Zombie de Roméro.
  • Ah oui oui oui, le manoir de la terreur est une merveille de nanar italien. Je ne l'ai jamais vu, mais il est difficilement trouvable je crois.
    L'enfer des Zombies est culte effectivement de Fulci. J'avais aussi vu au-delà, de Fulci.
  • Je découvre avec grand plaisir ton site. Dans le même genre, je te conseille Zombie Holocaust. Un avant goût ici après : http://naindien.com/spip.php?article22
    Salutations du Nain Dien
  • Merci cher Nain Dien, je suis allé sur votre page qui est un condensé de bonheur en poils.
    A très bientôt

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