Dans une semaine, mon groupe et moi-même devront rendre notre controverse de sociologie dans le cadre du devoir commun entre l'ENTPE et l'ENPC. Afin de faire partager notre petit travail, je mettrai certainement notre compte-rendu sur le site (une vingtaine de pages). Petit avant-goût avec l'introduction...
Janvier 2005. Maud Fontenoy part affronter le Pacifique à la rame et en solitaire. Aventure largement médiatisée, occasion également de rappeler les épreuves qu'elle avait du traverser lors de son périple sur l'Atlantique deux ans auparavant, et notamment le fait que, son dessalinisateur étant tombé en panne, elle « s'était forcée à boire son urine pour survivre », selon ses dires.Mars 2006. Dominique Courteille, ressortissante belge de 57 ans, dérive durant cinq jours au large de Phuket. Elle est retrouvée à plusieurs centaines de kilomètres de la côte par un bateau de pêcheurs. « Pour éviter la déshydratation et survivre, j'ai bu mon urine » confie-t-elle à un journaliste de l'association Salvanos (Association de recherche européenne pour la recherche, la sécurité et le sauvetage en milieu aquatique).
Deux exemples qui nous ont conduits sur la piste de l'urinothérapie
L'urinothérapie est une pratique que ces défenseurs qualifient de « thérapie naturelle », que ces détracteurs les plus modérés qualifient de « médecine alternative » et que ces opposants les plus radicaux traitent de « charlatanisme ». Elle consiste à boire son urine, à s'en faire des cataplasmes, des bains de siège et de pieds, à se laver le corps et les cheveux, à s'en faire des frictions, etc. En résumé, un usage aussi bien « interne » qu' « externe » fait de sa propre urine ou de l'urine des autres. Véritable « panacée » pour les uns, cet « élixir de vie », comme le nomme Coen Van der Kroon, pourrait guérir de tous les maux : les cas de grippe, de rhume, de fractures, de maux de dent, de peau sèche, de psoriasis et d'une foultitude d'autres problèmes d'épiderme. Certains mentionnent aussi des effets contre le vieillissement et le sida, d'autres contre les allergies, les morsures d'animaux et de serpents, ou encore l'asthme, les cardiopathies, l'hypertension, les brûlures, le cancer, les intoxications aux produits chimiques, la varicelle, l'entérite, la constipation ou encore la pneumonie. Elle combattrait la dysenterie, les oedèmes, l'eczéma, l'irritation des yeux, la fatigue, la fièvre, la gonorrhée, la goutte, la présence de sang de l'urine, la petite vérole, les troubles immunologiques, les infections, l'infertilité, la calvitie, l'insomnie, la jaunisse, l'hépatite, le sarcome de Kaposi, la lèpre, les troubles du système lymphatique, l'urticaire, les nausées matinales de la grossesse, la gueule de bois, l'obésité, le virus du papillome, les parasitoses, les ulcères gastriques, les rhumatismes, les taches de naissance, les accidents vasculaires cérébraux, la congestion, le lumbago, le typhus, la gastrite, la dépression, l'herpès simple, la tuberculose, le tétanos, la maladie de Parkinson, le pied d'athlète, le diabète, ainsi que d'autres maladies d'origine endocrinienne. Pour Christian Tal Schaller, la thérapie par l'urine pourrait même guérir toutes les maladies. Pour d'autres, l'ingestion d'urine, en cas de pénurie d'eau, pourrait « aider à rester en vie quelques jours », délais au-delà duquel cette pratique s'avèrerait mortelle (selon Madame Chantal Bian).
Certains, cependant, modèrent ces propos, pensant que l'urinothérapie pourrait effectivement guérir certaines maladies, mais que cela ne serait pas dû aux propriétés de l'urine mais à plutôt un effet placebo (Effet Placebo, le pouvoir de guérir, Danielle Fecteau). Mais tous ne se rallient pas à ce point de vue. Loin d'être un médicament, l'urine serait très toxique, selon le ministère de la santé du Cameroun. La controverse, qui s'était d'abord développée au sein d'une sphère comprenant médecins généralistes, professeurs, chirurgiens, urologues, psychologues, psychologues, urinothérapeutes et naturothérapeutes, a atteint, dès 1996 et la première conférence mondiale sur l'urinothérapie en Inde, la scène publique et médiatique. Le débat s'est alors propagé au sein du grand public et par conséquent au sein de la scène politique et juridique. Citons par exemple encore une fois le gouvernement du Cameroun, qui face à l'engouement de sa population pour l'urinothérapie, fut contraint de prendre position.
Dans ce dossier, nous avons décidé de parler de la controverse qui s'est établie autour des différentes méthodes et usages internes de l'urine. Les usages externes ont en effet, depuis toujours, permis des déclarations assez consensuelles (à l'intérieur de la communauté scientifique médicale) et n'ont jamais réellement prêtés à controverse tant il existe une large différence, surtout psychologique, entre le fait de s'arroser d'urine et celui de l'avaler.
Principal véhicule d'élimination des déchets de l'organisme (filtrés par les reins), l'ensemble des acteurs s'accordent dire que l'urine comporte des éléments indispensables à la vie (sels minéraux, déchets azotés, différents acides, hormones, vitamines, enzymes), mais où alors fixer la limite entre toxicité et bienfaits ? Boire ou non son urine, telle est alors la question.
Notre dossier sera, dans sa forme, séparé en trois parties représentant l'évolution de la controverse et les grandes questions qui se posent encore actuellement. La première partie tentera de faire apparaître comment la controverse sur l'Amaroli, pratique ancestrale indoue, s'est transformée en controverse sur l'urinothérapie. Ensuite, nous essayerons de réunir les différents argumentaires qui font ou non de l'urine un élément sain à boire. Nous verrons enfin la polémique qui est née autour de l'éventuelle vertu dont disposerait l'urine pour guérir des maladies diverses et variées.
Simon_