O.V.N.I: Objet Vivant Non Identifié

27/12/2005 02:44
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6 Mai 1978 : date de mon tout premier envol. C'est la Saint-Prudence, tout devrait donc bien se passer. Et puis je suis entre des mains expertes a-t-on certifié à mes parents. Ces mecs-là ont des diplômes. Oui mais j'espère juste qu'ils n'ont pas payé pour ça. C'est parti! Je sens une énorme poussée et pourtant j'étais bien confortablement installé dans mon siège place 1T-A . L'hôtesse ( quelle sage femme vraiment) me tapote les fesses. Voici déjà le premier fantasme assouvi. Je crie quand même, je suis un chieur. Et pourtant mon premier décollage s'est vraiment bien passé.
Voilà que nous traversons les nuages, une mer de coton où j'accroche mes rêves et mes Gi-Joe. Mais pas de guerre dans ma tête ou dans mon corps, les soucis n'apparaissent que quand la pression est plus forte. L'accueil à bord est exquis, tout le monde est au petit soin autour de moi et je peux faire mon entrée en 1ère classe. Mais je manque un peu de souffle. C'est l'altitude me dit-on. Alors je prends de la hauteur. Le ciel est plus dégagé, je vois déjà un peu mieux et un peu plus loin. Oh n'ayez crainte, pas trop loin sinon j'aurais déjà sauté. Tiens, les premières secousses. Ce n'est qu'un petit orage mais moi je le vis comme un ouragan. Quel nom de femme lui a-t-on donné cette fois-ci ? Je ne m'en souviens plus ou ne veux plus m'en souvenir.

Que de la viande... je parle du repas offert à bord bien entendu. On m'apporte à manger, ça fait grandir paraît-il. Sur le siège en face de moi je vois un sachet en cas de remontées stomacales imprévues. Mais j'espère ne pas être mal, ce n'était pas stipulé sur mon contrat de vol. En même temps, mes parents l'ont signé sans mon accord, je n'ai pas demandé à être ici moi. Peu importe, j'en profite, je déguste, j'assimile, je savoure, je m'empiffre et je bois. Un peu bouchonnée tout de même cette vinasse. Tout comme l'est le trafic aérien : de l'autre côté du hublot j'aperçois d'autres avions à l'état peu rassurant . Je ne suis donc pas le seul à voyager sans destination.

L'hôtesse me rejoint et me demande de rattacher ma ceinture. J'étais allé un peu vite en besogne, je l'avais déjà enlevée. Tant pis Miss, ce sera sûrement partie remise. Pas sûr : le ciel s'obscurcit. Les trous d'air m'estropient l'estomac et je vomis tout ce qu'on m'a fait ingurgiter. Et voilà que j'ai mal au coeur. Le malaise est bien localisé. Les yeux me piquent et l'avion pique du nez. Je suis tout blanc et les voyants d'alerte sont au rouge. C'est alors que je me rends compte que personne ne m'a donné de consignes de sécurité. J'appelle à l'aide mais personne ne répond. Je me sens seul. L'équipage a déjà quitté l'épave. Mais je me relève, je remonte seul la longue allée en m'accrochant à ce que je peux, et je rentre dans la cabine de pilotage. Je saisis les commandes : je suis désormais le seul maître à bord !

Tout n'est pas parfait mais l'avion relève la tête. C'est qu'on apprend vite dans l'adversité. Je vole un peu à l'aveugle, je fonctionne au radar ; pas très performant comme guide je vous l'accorde mais au moins j'ai des signaux. Me reste-il assez d'énergie pour continuer ? Le niveau de kérosène est bien bas et pourtant à la radio et sur les écrans la tour de Contrôle est optimiste. Balivernes et manipulations ! ça fait longtemps que je ne crois plus ce qu'on veut que je crois. Qu'importe : ma force c'est ma liberté de choix. Je peux tenter un retour sur terre mais il faudra affronter de nouvelles chutes sans parler du risque de carrément m'écraser au sol. Ou bien je décide de m'élever. En bas je sais ce qui m'attend, là haut je sais que l'on m'attend. Alors je mets les gaz et je fonce vers l'infiniment grand, moi l'infiniment petit.

Ça y est j'ai passé l'atmosphère et je suis en orbite autour de la Terre. Je vois les choses différemment. Avec de la distance, forcément. Et je ne suis plus seul : d'autres débris de l'espace ont trouvé leur trajectoire et naviguent désormais à toute allure sans avoir à puiser dans leurs réserves. Ici je respire, ici j'aspire à un avenir et je m'y verrai bien mourir. Mais j'ai le temps encore pour ça car ce n'est pas sur mon plan de vol. En attendant j'arrose la Terre de mes vers, ces petites poussières qui vous piquent les yeux dans des phrases délirantes. Faîtes vite un voeux, vous venez de croiser une étoile filante.

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