Délire est-il hic ?

26/01/2006 02:17
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J'ai un projet : devenir soûl. Mais ne vous méprenez pas, c'est pour le plaisir. Je veux juste avoir le vin en poupe pour voler un tantinet plus loin. Plus loin, ou alors au moins ailleurs, ce sera déjà ça. Je veux que mon corps devienne l'hôte de lieux humides, je veux faire le plein de carburant dans la machine à rêver tout seul. Je veux goûter l'or liquide qui conquiert les palets, celui qui déchaînait autrefois les passions au sein des cuveaux druidiques. Celui qui était réputé conférer l'invincibilité aux guerriers nus et peints de tatouages violets dans la vallée vermeille des girafes ambrées. Mais moi je m'affublerais de verres, c'est une couleur qui se marie si bien avec les bleus.« Help yourself ! » qu'on dit en anglais, alors je me donne un coup de main et je lève le coude. Je savoure ma boisson céréalière, je sens le jus buccal tapisser mon antre.
Ça fait plus d'une heure déjà que je rebaptise mon foie, que je le muscle religieusement. En pleine prière le vif esprit des levures s'est emparé de ma tête, en traître . Pas sûr qu'il y trouve encore une place, c'est un vrai bordel car je n'ai pas eu le temps de ranger. Maman va me gronder. Alors j'essaye de faire le ménage. Mes vieilles habitudes masculines me poussent à dissimuler comme je peux les souvenirs poussiéreux. Et je me dis que ça ne serait pas très judicieux de les remettre sur le tapis. Ah...douce euphorie qui fait dire des conneries et parfois en faire.

Et c'est bien parti pour : mon foie devient un sac à vin et je le saccage ! J'ai étanché ma soif depuis au moins 4 verres déjà. Là, j'avale plus que je ne bois. Je crois être devenu le suppô(t) de Bacchus, mais avec le recul je me dis que c'est bien lui qui m'encule. Oups, je deviens vulgaire...C'est la preuve implacable que l'alcool commence son oeuvre. Laissez-moi faire amende honorable de ce comportement déplacé. Sincèrement ? non, j'esquisse juste une excuse. Je m'absous ? non j'absorbe. Je me dessaoule ? non je me dissous. Je m'affine ? non je m'avine. Et c'est de pire de pire de bière en bière.

Cette ivresse me lasse, je change de flacon. J'ouvre une bouteille de vin et le livre de ma vie. Je n'ai pas encore trouvé de titre. Peut-être Les Raisins de la Colère... Tiens, plutôt Les Fleurs du Malt ! Quoique non, ce n'est pas beau de l'air : ça gonfle vite, alors tournons tout aussi vite la page. En plus, moi le noyé des profondeurs, je confesse ne lire qu'en surface cette oeuvre bâclée de désoeuvré. Alors dérivons, désirons, détruisons et on verra bien où tout ça va nous mener.

En attendant je picole , je pique Eole et me prends un vent. Puis un vin. L'amour rend fort ? Dans l'immédiat c'est plus l'amour amphore. Alors je me raccroche au fait que certaines boivent la tasse pendant que moi je bois tranquillement mon verre. Et je chopine tout en chipotant sur le sort funeste de mes amours viniques dont je vais décider l'issue: vin coeur ou vin cul ? On me murmure à l'oreille que c'est celui qui ment le mieux qui s'en sort. Et ce n'est pas Pinocchio qui va me contredire avec sa gueule de bois, preuve que les lendemains de fée sont toujours difficiles. Salope ! Désolé...c'est venu du coeur. Pour pas qu'il se perde, je trouverai bien un visage où poser ce mot infâme. Ah non, c'est « une » femme qu'on dit. Logique : une femme c'est féminin, et c'est bien là que repose le mâle de l'Humanité.

Allez, une dernière salve. Se désaltérer c'est littéralement chasser l'alter, l'Autre. Et par définition l'alter est lourd à porter (à force de boire on prend des kilos...). Pourtant, la réalité dépasse l'affliction et si certains me conseillent de mettre un peu d'eau dans mon vin, moi je crie au sacrilège ! L'éthylotest m'en voudrait de ne pas tourner au jaune pâle, une couleur que je lui lègue volontiers.

Mais il n'y a que les cadavres que l'on met en bière et je l'affirme : la seule eau dont je m'abreuve est l'eau-de-Vie ! Car ce plaisir unique qui se dérobe au court du temps est un breuvage que l'on boit de deux façons . L'une sans grande surprise quand on le boit en petites gorgées. L'autre est une porte entrouverte sur le Paradis, qui vous claque à la gueule sitôt qu'on y goûte à l'excès. Et moi j'ai choisi mon camp : celui de la Passion ! Une cause qui m'enivre et qui lorsque je doute me donne une bonne raison de vivre. Même dans l'abus. Jusqu'au jour où je ne me relèverai plus.

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