Candidature au poste d'entraîneur de la sélection belge de football

27/04/2010 13:05
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Etant donné que Dick Advocaat ait récemment quitté le poste d'entraîneur de Belgique, préférant la roulette russe, un ami à moi a envoyé sa candidature à la Fédération belge de football.
C'est assez hilarant, je vous partage donc la lettre qu'il a envoyé.
Bonne lecture ! :)

Citation:
A Monsieur François De Keersmaecker
Président de l'union royale belge des sociétés de football association
Avenue Houba de Strooper 145
1020 Bruxelles

Objet : candidature au poste de sélectionneur-entraineur de l'équipe nationale



Monsieur le Président,

C'est avec consternation que j'ai appris ces jours-ci le départ précipité de M. Dick Advocaat de la tête de l'équipe nationale. En effet, alors qu'une nouvelle ère s'ouvrait, laissant la porte ouverte à des lendemains qui chantent, en témoigne l'éclosion récente de nombreux jeunes joueurs belges en Europe, et après de longue années de vaches maigres pour notre football, il me semblait que l'union belge avait enfin trouvé en M. Advocaat un sélectionneur crédible, capable de hisser nos Diables dans les premières places du top mondial.
Cependant, l'attrait de l'argent et, ne nous voilons pas la face, le manque d'attrait toujours actuel de notre sélection ont une nouvelle fois eu raison d'un projet ambitieux. Le résultat est là : il abdique Advocaat.
Comme le disait mon ami Bob, il serait tentant de jeter l'éponge, mais, comme disait J.F. Kennedy, ne nous laissons pas abattre et réfléchissons calmement à un plan pour notre football. Votre premier choix s'est porté sur Michel Preud'homme, mais vous n'ignorez pas qu'étant actuellement sous contrat; l'ancien club d'Adekamni Olufadé ne souhaite donc pas le laisser partir. Puis, nous apprenons que M. Gerets prendra en charge la sélection marocaine. Une évidence s'impose : il va falloir chercher ailleurs. Par la présente, je souhaite apporter ma modeste contribution en vous présentant solennellement ma candidature au poste de sélectionneur-entraîneur de l'équipe nationale belge, et ce alors même que vous déclarez ces jours-ci dans la presse que vous n'avez encore rien décidé quant à cette question. J'y vois un appel du pied évident et j'ose espérer que mon sens de l'anticipation via cette candidature spontanée jouera en ma faveur.

Certes, vous considérerez sans doute de prime abord que mon jeune âge (19 ans) pourrait constituer un frein à l'embauche. Cependant, je vous invite à examiner avec la plus grande attention ma candidature et ainsi à ne pas faire de l'âge un critère d'exclusion.

Tout d'abord, un bon entraîneur est souvent un ancien joueur. Sur ce point, veuillez prêter attention à mon parcours assez riche : mon expérience en tant que joueur commence en 1994, au Club Sportif Gondecourtois (CSG). Jouant à tous les postes en débutant, je m'impose petit à petit au milieu de terrain, enchaînant assists et goals, grâce à ma vision et ma compréhension du jeu, éléments non négligeables pour un poste d'entraîneur.La suite s'écrivit au Lille OSC (aujourd'hui LOSC Lille Métropole), de 1997 à 2005. Je rencontre ainsi en janvier 2002 un petit bonhomme de 1,40m, prénommé Eden, sous les couleurs louviéroises. Les portes de l'équipe de France ouvertes, j'ai ainsi pu côtoyer la génération 87, ô combien prometteuse (Benzema, Ben Arfa, Menez, Gameiro, Nasri, Rémy, Mandanda, Diaby). Durant ces nombreuses années de pratique footballistique, j'ai pu côtoyer de nombreux joueurs aujourd'hui professionnels, mais aussi de nombreux entraîneurs m'ayant transmis différentes philosophies du jeu (du « casse lui la jambe » au « quand tu centres, essaie de lever la balle », sans oublier les fameux « ton pénalty, jamais en retrait » et « si un type n'a pas le même maillot, ne lui donne pas le ballon »), soit quelques bases élémentaires que j'appellerais les « fondamentaux » de mon bagage de technicien et que je compte importer chez vous. Les Diables devant effectuer bientôt de longs voyages en vue de la qualification à l'Euro 2012, j'ai justement moi-même déjà effectué de longs déplacements me permettant d'appréhender cette épreuve avec davantage de confiance : il fallait en effet parfois aller jouer jusqu'à Guingamp, et figurez-vous que nous avons même joué à Nice. Autant dire que les longs voyages dans le froid autrichien ou la chaleur turque me seront familiers grâce à l'expérience acquise en ce domaine.
L'apogée de cette courte carrière fut sans aucun doute la victoire lors du célèbre tournoi annuel de Barcelone en 2004. Ce jour là, devant une annexe du Nou Camp comble (environ 5000 personnes), nous écrasâmes l'équipe locale par 4 buts à 1. Notre équipe put alors soulever la coupe tant convoitée sous les vivas de la foule et de la sono hurlant «We are The Champions», remise par Monsieur Cruyff, semble-t-il dégoûté de ne pas remettre le précieux trophée à son club de coeur . Dans un joyeux esprit collectif, nous dédiâmes cette victoire à notre jeune entraîneur, que nous avions de façon fort opportune et originale surnommé « coach », pour l'esprit de camaraderie qu'il avait su instaurer au sein du groupe. Nous fûmes récompensés par une sortie au Quick (et Flupke) et un bowling, pour ne pas oublier qu'une équipe, c'est aussi hors des terrains.


Deuxième point des qualités que je souhaiterais vous exposer, mon expérience en tant qu'entraîneur. Elle ne constitue pas à proprement parler une expérience de terrain, mais avant toute pratique, il faut une théorie, comme disent les grands dictateurs. Spectateur régulier du stade Grimonprez-Jooris et du Stadium Lille Métropole depuis une quinzaine d'années, j'ai pu expérimenter mes compétences à de nombreuses reprises, en anticipant par exemple un changement décisif qu'il a fallu effectuer. Autre illustration, ce cri mémorable poussé à l'encontre de Ted Agasson un soir de match : « donne à droite, à Viseux ! » hurlai-je. Aussitôt dit, aussitôt fait, Agasson donnant à Viseux qui centra immédiatement sur la tête de Dagui Bakari, seul aux six mètres, qui envoya le ballon directement en touche. Certes, sur ce cas précis, l'action ne fut pas conclue par un but, mais c'est davantage l'idée que la conclusion qui a toujours guidé mon coaching. En faisant fi de la piètre qualité de certains joueurs, mes conseils pouvaient aboutir à une réalisation sublime. La jeune et talentueuse génération belge montante me permettrait justement d'éviter ce genre de désagrément.

De plus, mon expérience d'entraîneur est également complétée par une pratique régulière du baby-foot. Dans le cadre de ce jeu, comment nier que chaque joueur tient un véritable rôle d'entraîneur ? Passage d'une ligne à l'autre, mouvement des joueurs, déstabilisation de l'adversaire... Sans oublier une certaine propension au suspense dans les matches serrés, familiarisant ainsi aux rencontres à forte pression, contre les Pays-Bas par exemple.
Dans le même ordre d'idées, le développement des jeux vidéos « Fifa » m'a permis de connaitre amplement l'équipe nationale. En effet, lorsque j'y joue, il n'est pas rare que je prenne les Diables en raison de l'amour que je porte à cette équipe. De la sorte, ce jeu étant une fidèle copie de la réalité, je peux bien me rendre compte des caractéristiques techniques et physiques de chaque joueur. Mieux encore : je modifie les anciennes versions de Fifa et les actualise en prenant en compte lesdites caractéristiques. Ainsi, quand je reprends mon « fifa 98 », exit les Deflandre, Wilmots et autres Nilis. Place aux Fellaini, Pocognoli et De Camargo, en mettant en avant pour chacun leurs qualités. Par exemple, Hazard, à la réputation redoutable grâce à ses dribbles fantastiques, bénéficie d'une force de créativité de 99 sur 99, ainsi que d'une précision de tir de 99 sur 99. Ceci vous indique dès lors ma connaissance des valeurs de chaque homme, me permettant de les positionner au meilleur endroit sur le terrain. Récemment, lors d'un match avec la Belgique, Hazard n'étant pas attaqué à 40 mètres du but, je décidai d'appuyer sur la touche « D » de mon clavier, et le tir qui en découla termina sa course en pleine lucarne du portier adverse, impuissant. Il était vraiment dans son jardin, Eden. De même, les coups-francs sont souvent victorieux, même à distance lointaine. A l'inverse, un joueur moins en vue comme Antony Vanden Borre est déclaré « arrière droit », mais il n'est pas impossible de le retrouver « milieu gauche » en raison d'un piètre qualité de « repositionnement » de 22 sur 99. Vous pouvez donc aisément constater que la fiction peut joindre la réalité, et par là-même me former au poste que je convoite.

Enfin, dernière qualité que je souhaite mettre en exergue, et pas des moindres, l'école footballistique dont je suis issu. Je l'ai déjà signalé, je suis assidûment les performances lilloises, et vous aurez remarqué que cette équipe s'est signalée ces dernières saisons par une brillante qualité de jeu, et un football offensif. D'ailleurs, c'est dans ce club que se sont révélés les deux derniers joyaux du football belge, Eden Hazard et Kévin Mirallas. Mais souvenons-nous aussi que de nombreux belges sont passés par ici : mon père m'évoque ainsi souvent la larme à l'oeil les souvenirs d'Erwin Vandenberghe ou de Philippe Desmet. Plus récemment, je me rappelle combien Stefan Van Der Heyden a contribué à l'une de nos saisons galères en deuxième division il y a 12 ans. Sachez que cette proximité géographique me permet de suivre régulièrement l'actualité du football belge, notamment par le biais de Studio 1, ou via les excellents Marc Delire et Benoit Thans, à qui j'ai déjà parlé au téléphone pour évoquer quelques souvenirs liés à l'Euro 2000, ou encore avec Stéphane Pauwels, que je ne manque pas de saluer lors de ses nombreux retours sur les terres de la capitale des Flandres.

La préparation mentale des joueurs me semble être une composante essentielle du travail d'entraineur. Le 10 octobre dernier, je me suis rendu au Roi Baudouin afin de superviser les joueurs face à la Turquie, et je constatai avec étonnement que Jupiler faisait encore partie des sponsors officiels des Diables. Certes, la bière est l'un de nos symboles nationaux. Mais lorsque l'on se retrouve à la tête d'une jeune équipe inexpérimentée, il faut lui mettre le moins de pression possible, et vous n'ignorez pas que la bière, c'est beaucoup de pression. Je suggère donc de stopper notre partenariat avec cette marque.
Vous constatez dès lors ma connaissance sans faille du football belge. Sachez aussi que sur le réseau asocial facebook, je suis membre de deux groupes liés au football national, malheureusement liés à deux souvenirs pénibles et douloureux :
_ « Allemagne - Belgique (3-2), le 2 juillet 1994 : je n'oublierai jamais ! ». C'est la première coupe du monde que j'ai suivie avec assiduité. Ce pénalty non sifflé m'a fait comprendre que l'injustice faisait partie de la vie, d'où le rôle éducatif du football.
_ « Brésil - Belgique, le 17 juin 2002: je ne pardonnerai jamais à l'arbitre ! ». Cette tête de Wilmots était parfaitement valable, vous le savez très bien. Qui sait jusqu'où nous serions allés en cas de qualification ?

Peut-être pourrais-je déjà évoquer le schéma tactique que je souhaite mettre en place, mais je préfère ne pas trop en dire car l'incertitude plane encore sur ma nomination, et ma hantise serait qu'on me pique mon plan de jeu. Je me réserve doc pour une future rencontre en tête à tête. Sachez toutefois que je compte bâtir l'équipe autour d'une colonne vertébrale Bailly-Hazard-Van Buyten; on associerait dès lors l'équipe nationale aux initiales BHV, ce qui serait un sacré pied de nez aux tintamarre politique qui secoue encore le royaume. Ainsi, si je suis bien conscient de la capacité qu'a le football de générer des comportements hystériques et dépourvus de toute rationalité, il me semble qu'il peut également, dans un pays comme le nôtre, être un facteur d'unité et de cohésion sociales, rappelant par là s'il en était besoin que « l'union fait la force».

Pour terminer, je signalerai simplement que je n'ai pas d'exigence particulière quant au salaire que je percevrai. Je me contenterais même de la moitié du traitement de l'actuel entraîneur. Le staff médical et les entraîneurs adjoints actuels me conviennent également. Au cas où, j'ai quelques amis intéressés par un poste d'adjoint.


J'espère sincèrement que vous traiterez ma candidature avec le plus grand intérêt et en toute impartialité. Je reste à votre entière disposition si vous souhaitez me rencontrer ou obtenir de plus amples informations sur mon projet.

Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments sportifs les meilleurs.

D.B.

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