Le Guide du Routard de la Ligue 2 (1ère partie)

29/07/2006 21:36
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« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »

La relégation en Ligue 2 du Racing n'a pas que du mauvais. Elle va en effet permettre au supporter-voyageur des Bleus et Blancs de découvrir d'autres horizons, d'humer l'air d'autres stades, d'aller à la rencontre de vrais gens.
Car le supporter-voyageur du Racing était lassé de la Ligue 1. Lassé de ces déplacements interminables dans des agglomérations surpeuplées (Paris, Lyon, Marseille), dans de grandes villes bourgeoises et froides (Bordeaux, Nantes, Lille) ou dans des endroits où toute la misère du monde semble s'être donné rendez-vous (Monaco). Lassé de Geoffroy-Guichard, de l'Abbé-Deschamps ou de la Route-de-Lorient.
Heureux supporter du Racing, car c'est un retour à la terre qui lui est proposé cette saison, à travers une Ligue 2 qui sent bon l'herbe fraîchement coupée, la merguez qui grille et la bouse de vache.

C'est à une balade à travers cette Ligue 2 buissonnière que je vous invite, avec ce guide détaillant match par match les contrées que vous serez appelés à rencontrer. Certaines sont de vieilles connaissances, d'autres sont des terres vierges totalement inexplorées par le supporter-voyageur de base.
On pourra regretter l'absence de ces lieux mythiques que sont le stade de Bram et le stade Francis-Le-Basser, mais, belle consolation, on constatera que l'amateur de bons vins à tout à gagner de cette saison en Ligue 2.


4 août 2006 : Amiens (500 km de Strasbourg) – Fatals Picards ?

A peine remis de la Coupe du Monde et du Tour de France, le supporter-voyageur doit reprendre la route pour le premier match à l'extérieur de la saison à Amiens. Arrivé à Saint-Quentin, il devra faire preuve de vigilance en se rappelant que le Racing évolue désormais en Ligue 2 et ne pas prendre la direction de Lens.
La LFP a été clémente pour lui : pour ne pas trop dépayser le supporter-voyageur strasbourgeois, elle a décidé de lui offrir un premier déplacement dans une ville qui compte également une merveille de cathédrale gothique : Amiens (Chartres, Rouen et Bourges n'évoluant pas ou plus en L2). Après la visite de Notre-Dame, le supporter-voyageur pourra prendre place dans le coquet Stade la Licorne (rien à voir avec Tintin) et deviser avec les supporters de l'ASC qui gardent un souvenir impérissable de Chilavert au Stade de France (« y joue toujours chez vous, le ch'tiot gros ? »).

11 août 2006 : Niort (850 km) – Faire la peau des Chamois

Le supporter-voyageur prévoyant aura réservé ses congés du mois d'août à l'île de Ré. Il n'aura ainsi que peu de kilomètres à faire pour aller supporter les Bleus à Niort. Les autres devront se taper les 850 km séparant la capitale alsacienne de la porte du marais poitevin. Pendant que ses camarades effectueront leur périple, le supporter-voyageur pourra aller se gaver d'huîtres de Marennes-Oléron, histoire de montrer qu'on n'est pas de mollusques.
Arrivé au stade de la Venise-Verte, les supporters originaires du Haut-Rhin auront un drôle de comportement. Les Mulhousiens fraterniseront avec les supporters niortais, trop heureux de se rappeler que les Chamois commirent l'erreur historique de ne pas conserver Abedi Pelé et de le transférer au FCM. Les Colmariens se montreront perplexes : pour eux, la Venise est Petite, pas Verte.
Après la victoire du Racing, ceux qui n'auront pas pu apercevoir Jospin faisant bronzette à l'île de Ré pourront se rattraper en essayant de se faire inviter pour l'apéro par Ségolène dans son fief des Deux-Sèvres.

25 août 2006 : Tours (700 km) – Un petit Tours et puis s'en va

Revenu d'entre les morts, c'est le FC Tours qui se dresse sur la route du Racing en cette fin de mois d'août. Et là, la crainte envahit l'esprit du supporter-voyageur : qu'attendre d'une ville dont l'équipe arbore un maillot bleu fluo façon Stabilo d'une telle laideur ?
De plus, aucun supporter encore de ce monde n'était du dernière déplacement répertorié dans la cité tourangelle (le 8 mars 1987, déjà en Division 2, déjà 0-0).
Rassurons-nous : Tours est une ville splendide, estudiantine et commerçante, ville d'art et gastronomique. Et ceux qui regrettent la vie de château de la Ligue 1 n'hésiteront pas à aller à Chenonceaux, à Azay-le-Rideau ou à Amboise avant d'investir le stade de la Vallée-du-Cher où plane encore l'ombre de joueurs de légende (Desrousseaux, Devillechabrolle, Ferrigno, ce genre – ceux qui ont l'album Panini 84-85 savent de quoi je veux parler).
On n'oubliera pas de rapporter, avec les 3 points généreusement offerts, quelques bouteilles de cet excellent vin de gamay produit en Tourraine (le vouvray, ils peuvent se le garder).

15 septembre 2006 : Créteil (500 km) – Ne pas s'ensabler chez les Portugais

Encore une fois, la vigilance est de mise : ne pas oublier de quitter l'A4 avant le périphérique et la porte d'Auteuil, car le match de ce soir ne se déroule pas au Parkeuh des Princes mais plus modestement au stade Duvauchelle de Créteil.
Le supporter-voyageur qui aura réussi l'exploit de se garer aura peut être l'heureuse surprise de rencontrer un comité d'accueil composé non pas des habituels CRS et crânes rasés du Parc, mais d'avenantes Antillaises mouvant leur body au son de Zouk Machine.
Créteil présente un intérêt touristique limité, tout se passant à quelques kilomètres à l'ouest dans la plus belle ville du monde (Dieu sait que les Parisiens ont des aspects vraiment détestables, mais l'objectivité force à reconnaître que c'est vrai). Ceux qui ne souhaitent pas visiter la Tour Eiffel pour 142ème fois pourront organiser un pèlerinage à Lagny, ville natale de Francis Llacer.
Pour le retour, on pourra rendre service aux recruteurs du Racing en ramenant en covoiturage à Strasbourg un jeune joueur de l'équipe CFA du PSG (de préférence défenseur).

29 septembre 2006 : Ajaccio (800 km par Nice) – Une nuit bleue

Pas de grève de la SNCM le 29 septembre : c'est la prière qu'adressera le supporter-voyageur désireux d'encourager les Bleus sur l'Ile de Beauté. Il faut dire que l'AC Ajaccio ne quitte plus le Racing : monté la même saison, le club corse est relégué en même temps. C'est vrai qu'en se déplaçant à Ajaccio, on avait l'impression d'avoir déjà un avant-goût de la Ligue 2.
Le stade François-Coty n'était déjà pas au top en L1, il y a fort à parier qu'aucune amélioration majeure n'y sera apporté pour la L2. Autant en profiter pour aller piquer une tête : la température de la Méditerranée est encore agréable en cette saison, et la plage de Porticcio est magnifique... et moins bondée qu'au mois d'août.
Pour ceux que la bronzette n'intéresse pas, il faut rappeler la proximité de deux sites absolument époustouflants de beauté : le golfe de Porto et les calanche de Piana au nord d'Ajaccio, et les falaises de Bonifacio au sud. Sans oublier le vin rouge du Clos Capitoro, dont on pourra faire une bonne provision avant de remettre le cap sur le continent.

27 octobre 2006 : Gueugnon (450 km) – C'est en forgeant...

La voici, la Ligue 2, la vraie ! La Ligue 2 sans Gueugnon, c'est comme la Ligue 1 sans le Racing : cela ne peut être.
Gueugnon, petite ville du Charolais, Gueugnon, porte-drapeau du football des champs (au même titre qu'Auxerre ou Guingamp), Gueugnon et son légendaire stade Florent, euh... Jean-Laville. Gueugnon, resté célèbre pour avoir refusé la montée en 1ère Division en 1979, Gueugnon, terre de prédilection pour les jeunes Strasbourgeois (le dernier en date étant Rudy Carlier), Gueugnon, enfin, last but not least, berceau des Ultra Boys.
Gueugnon, toponyme concentrant dans ses deux syllabes toute l'essence de la deuxième division, Gueugnon et ses 9000 Gueugnonnais dont vingt footballeurs professionnels et 2000 vaches, Gueugnon et ses forges, Gueugnon, horizon indépassable du football hexagonal !
GUEUGNON, JE T'AIME !
(mais j'espère bien ne pas revenir la saison prochaine)

7 novembre 2006 : Reims (350 km) – Football-champagne ou coinçage de bulle ?

A nouveau, les habitudes du supporter-voyageur sont chamboulées en ce 7 novembre : voilà qu'il doit prendre l'A4, pour s'arrêter avant Paris, mais après Metz ! Il a en effet rendez-vous chez une légende bien décatie du football français : le Stade de Reims.
En contemplant sa cathédrale gothique où 25 rois de France se firent sacrer de 1223 à 1825, le supporter-voyageur pourra méditer sur le thème de la grandeur et de la décadence. Sorti de sa rêverie métaphysique, il se dirigera vers le Stade Auguste-Delaune (dont la seule évocation fait se maculer l'entrejambe de Thierry Rolland) et son architecture soviétique. L'ombre d'Amara Diané, qui connaît bien l'A4 lui aussi, planera sûrement sur la rencontre. Par contre, placarder des avis de recherches à l'effigie d'Abel Mphela aux alentours du stade est probablement une perte de temps.
Quant au mousseux local, vendu à des prix exorbitants sous le nom de « Champagne », il n'est pas utile de rappeler qu'il ne présente strictement aucun intérêt.

17 novembre 2006 : Brest (1050 km) – Mille tonnerres !

Et voici le déplacement le plus long de l'année : 1050 km (dont 250, à partir de Rennes, sous une pluie battante) pour rallier ce bout du bout du monde qu'est Brest (non, c'est pas vrai, le bout du bout du monde, c'est Cherbourg. Vous êtes déjà allé à Cherbourg ?).
Le dernier déplacement du Racing dans le Finistère-Nord est de bien sinistre mémoire : il s'agit du match de barrage perdu 1-0 en 1989, qui condamnait (déjà) les Bleus et Blancs à la L2. Depuis, Brest n'a pas changé : cette ville militaire et bétonnée fait toujours face à sa rade. Le supporter-voyageur pourra vivre son animation pétillante, fréquenter quelques uns des innombrables bars de la légendaire rue de Siam et fraterniser avec ces Bretons rudes mais chaleureux. Ne dit-on pas que les caractères alsaciens et bretons sont très proches ? (d'ailleurs, la seule chose qui sépare l'Alsace de la Bretagne, c'est... la France).
Attention cependant à ne pas trop être noir avant d'arriver au stade Francis-Leblé (sinon ça donne du sarrazin – Leblé-noir ah ah ah) afin de profiter de la belle victoire du Racing obtenue sous les yeux de Coco Martins, venu en voisin de Quimper.

8 décembre 2006 : Metz (150 km) – C'est qui, Chloren ?

La LFP fait décidément bien les choses : après le déplacement le plus long de la saison, voici en cette période de marché de Noël le déplacement le plus court, pour le seul et unique derby de l'année (Sochaux et Nancy ayant eu le mauvais goût de se maintenir en Ligue 1).
Mine de rien, cette affiche ultraclassique est historique, car il s'agit a priori du premier FCM-RCS répertorié en Ligue 2 (les historiens démentiront le cas échéant).
Le FC Metz est un bien curieux club : pilier de la Ligue 1 au même titre que le Racing, il réussit l'exploit de présenter un palmarès encore plus famélique que celui du club alsacien. Charge aux Bleus et Blancs de le priver de celui de champion de France de L2 2006-07.
On ne s'attardera pas sur ce déplacement connu de tous, on rappellera simplement que le laïus habituel (Metz ville-jardin, le charme de ses espaces verts, de ses îles, de ses canaux, patati patata) n'émeut que très peu quiconque habite Strasbourg, et on passera sous silence par charité chrétienne le nom des Côtes-de-Moselle.

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