Il nous avait manqué...

07/10/2008 17:11
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Drôle d'endroit pour un concert... C'est donc au Palais des Fêtes de Strasbourg qu'aura lieu le concert d'Alain Bashung en ce 4 octobre 2008. Le Palais des Fêtes et sa salle de bal qui sent bon le 19ème siècle... L'endroit est pimpant : je n'y étais plus retourné pour un concert depuis celui de Blur époque Parklife (je crois que ça évoquera des souvenirs à certains :D).

Tout le Strasbourg bobo semble s'être donné rendez-vous sous le plafond voûté du Palais. Rodolphe Burger a pris place au balcon. Ambiance très BCBG pour un concert de rock... Il est vrai que c'est un (soi-disant) enfant du pays qu'on est venu applaudir, le désormais sexagénaire Alain Bashung, figure tutélaire de tout ce que l'Hexagone peut produire comme musiciens de qualité. Le rocker assagi sillonne la France pour défendre les chansons de son dernier album « Bleu Pétrole », et il fait halte ce soir dans la région qui l'a vu grandir.

Il est 20 heures 30 et des bananes, les lumières s'éteignent et l'obscurité se fait dans la salle : noir sidéral et quelques plats d'amibes ?

Sous les vivats de la foule, le chanteur fait son apparition sur la scène : costume anthracite sur chemise claire, borsalino assorti. La silhouette est amaigrie, les traditionnelles lunettes noires dissimulent mal le visage émacié. Nous dirons pudiquement qu'Alain Bashung n'est pas au mieux de sa forme.

Après les quelques mots d'usage, le concert démarre par l'ascension de la face nord de l'Everest : Bashung et ses musiciens attaquent « Comme Un Légo », le morceau de bravoure du dernier album. On est rassuré sur la présence de Bashung : la voix, cette voix qui vous griffe et vous caresse, véritable main de fer dans un gant de velours, la voix est toujours là, magique. La formation qui l'accompagne est réduite à 4 musiciens : on est loin des fastes de la Tournée des Grands Espaces, tour de chant précédent (et magistral) du Bash. Le public, fasciné, écoute dans un silence quasi-religieux le chanteur scander les phrases de Manset. Les arrangements sont somptueux.

Histoire de réveiller son monde, le bassiste (sosie de Mamadou Bah) empoigne sa contrebasse et Bashung enchaîne sur « Je T'Ai Manqué », qui entraîne un début de danse de Saint-Guy parmi l'assistance. Suit « Hier à Sousse », et ses « ici à Sfax » qui résonnent curieusement dans la ville d'adoption d'Haïkel Gmamdia. Tout cela est bien, on se croirait dans un cabaret berlinois des années 50. Et le rock, bordel ?

C'est ce que se dit Bashung, qui arrête de plaisanter et laisse fondre sur le public ébahi la rythmique incandescente de « Volontaire » et les stridences de la guitare de « Mes Prisons ». Ca y est, c'est bien lui, il est de retour.

Pendant une heure et demie se déploiera l'habituelle caravane de Bashung : le chien qui n'en démord pas, les ombres qui s'échinent à chercher des noises, le saut à l'élastique dans le Vercors, le soldat sans joie, le pauv'caribou déshonoré par cheval fou, les vagues perpétuelles sismiques et sensuelles, Samuel Hall et sa mortadelle, les monarques et leurs figurines, l'ébauche au pied de la falaise : il ne manque personne (ou presque). Même la rouquine carmélite vient dire bonjour, certes elle n'est plus toute jeune.

La jouissive version punkoïde de « Légère Eclaircie » laisse le public sans réaction (sans doute n'aime-t-il pas être secousecousecoué avec méthode), mais les premiers accords de « Je Tuerai La Pianiste » remettent le feu aux premiers rangs.

Aux détours de quelques reprises (dont le « Night In White Satin » qui figure sur « Osez Joséphine »), la séquence émotion survient avec l'interprétation, seul à la guitare, de « Angora », dont les paroles n'ont pas fini d'estomaquer les présents : « Le souffle coupé, la gorge irritée / Je m'époumonais sans broncher ». Brrr...

Bashung fait monter sa compagne sur scène pour une gentille reprise de « Calamity Jane ». Puis il reprend sa posture de crooner prophétique pour délivrer une version crépusculaire du grandiose « Mes Bras » (« Mes hélices se sont lassées de te porter aux nues »...). Il ne faut toujours pas réveiller la Belle au Bois Dormant avant 2043 et il y a encore des voies d'eau dans la coque du Poséidon.

Et, comme souvent, cela se finit avec « Malaxe » et sa basse obsédante, qui clôt le concert avec maestria et sous les applaudissements qu'on imagine. Bashung est bien vivant, et il continue à regarder avec dédain la concurrence : il a toujours une longueur d'avance.

Seuls petits cumulus à verser au dossier : l'absence de morceaux de l'album « L'Imprudence » (exception faite de « Mes Bras ») et surtout qu'il n'y ait eu aucun express pour nous emmener vers la félicité. C'est pas grave, on a pris l'escalier.


http://www.voir.ca/blogs/francis_hbert/bashung2.jpg

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