L'informatique a une part dans la crise - conférence de M. Volle du 23.04.2009

25/04/2009 02:37
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Le site de Michel Volle : www.volle.com
(ce compte-rendu est approximatif)
¤ depuis cinquante ans, le paysage économique change, c'est la chute libre des activités primaires, les activités secondaires décroissent vite, les activités tertiaires dominent
¤ la France n'a pas la fibre économique, la culture entrepreneuriale comme démarche collective n'a pas pris, elle dédaigne l'économie libérale, elle n'est plus un acteur international dominant
¤ les acteurs économiques s'intitulent 'entrepreneurs' mais bon nombre deviennent 'prédateurs'. Dans leur contribution au résultat global on note le gros succès des seconds
¤ on avance que 40% du commerce international est constitué de commissions et de rétrocessions de toutes sortes, on parle de 'marchés toxiques' et de 'dérives mafieuses'
¤ l'entreprise informatisée mute en Entreprise Automatisée avec une fonction coûts/quantités devenant fonction constante et impliquant /1 - un coût marginal de production faible /2 - un très gros appel aux capitaux au lancement d'un produit ('ultracapitalisme') /3 - un risque important pour l'entreprise si le produit fait flop /4 - pour sécuriser sa réussite, une attitude très violente, hypercorruptrice en amont du lancement /5 - l'exigence d'un fort rendement et d'une position monopolistique /6 - le besoin d'une mondialisation de son marché facteur de baisse des coûts /7 - l'adoption d'une attitude "féodale", seigneuriale, guerrière en bordure de son territoire et oppressive en interne avec ses servants
¤ mais l'informatisation d'une entreprise ne consiste pas simplement à accueillir l'informatique, l'entreprise informatisée est une Autre Entreprise
¤ l'informatisation réussie d'une entreprise tient de l'oeuvre d'art et en tout cas l'assemblage hétérogène de solutions techniques tangente l'impropriété et n'est pas pérenne
¤ l'entreprise individualisée fléchit, on opère en réseau d'entreprises où l'une assure le leadership et où les autres collaborent, l'informatique assurant le lien entre les processus
¤ l'informatisation a sa part dans la crise économique à côté de la très grande 'financiarisation' de l'économie et de la volonté d'obtenir un rendement de 15% impossible à tenir
¤ particulièrement, la réduction des coûts supprime le contrôle de l'outil par l'humain, trop cher, et ainsi bon nombre d'opérations du monde bancaire sont confiées aux automates, en 'auto-contrôle'
¤ les automates empilent les fonctions mathématiques et les codes à haut niveau de complexité atteignent l'illisibilité de la relecture, voire l'abandon de la maintenance
¤ la part de l'erreur irréductible d'un code est de 1 ligne sur 10000, mais c'est bon, il 'marche', les sécurités gênantes obligent les états majors à débrancher les avertisseurs d'anomalies
¤ on prend le risque, on a compris qu'on n'assumera rien personnellement, 'ça s'amortira globalement', l'effet réseau masque le risque et on composera s'il ressurgit explosivement (Tchernobyl)
¤ les négligences et les erreurs de cette nature sont doublées d'un risque systémique, il apparaît qu'informatiser à haut niveau nécessite une concentration insoupçonnée de philosophie et de morale, bien avant que de laisser la place aux techniciens, et sur cet approvisionnement-là on fait l'impasse
¤ l'économie informatisée dépasse l'esprit et n'est pas globalement 'pensée', on substitue du robot sage à de l'humain indocile, on automatise ce qui peut l'être et on est déjà bien content comme ça
¤ l'entreprise est un lieu anormalement conflictuel où les salariés se voient dans un sanctuaire social
¤ l'entreprise est un lieu à risque où l'entrepreneur regarde le salarié comme un acteur improbable, inadapté aux objectifs de l'entreprise et aux impératifs du marché
¤ l'entrepreneur se regarde lui-même comme un simple opérateur de marché, non comme 'la' solution sociale pour ses employés, il n'en a pas la vocation et trouve inepte le poids qu'on lui fait porter
¤ grand discoureur-littérateur, le français ne produit quasi rien en hardware/software, il importe tout, il lui faudra 10 ou 20 ans, c'est à dire l'éternité, et en marche forcée pour venir au premier plan
¤ en revanche il a quelques dispositions culturelles qui lui permettent de s'en sortir même s'il lui faut constater qu'il n'est pas présent sur l'avant-scène et que le génie français n'a pas opéré
¤ du reste, la génération informatique chante trop vite la victoire du software magique, la maîtrise d'ensemble est absente et la destructuration de ce qui fonctionnait sans elle se généralise
¤ on place du robot standard partout, même en dépit du simple bon sens, peu importe qu'aucun modèle satisfaisant n'encadre la démarche, on atteint avec fatalisme le niveau de l'inintelligence
¤ bref, avec la multiplication de ces 'unités de matière provisoirement vives', des soucis lourds vont apparaître dans la formation, l'éducation, la santé, etc
¤ l'informatisation de l'économie semble être à l'échelle d'un siècle, les quelques dizaines d'années passées sont trop justes
¤ il faudra autant de temps pour passer à l'ère de l'informatisation de l'économie qu'il en a fallu pour passer à l'ère de l'industrialisation, s'il y a problème c'est à la racine, il a un caractère conceptuel
¤ la révolution informatique n'a ni son Adam Smith ni son Keynes, il lui manque son grand esprit unificateur, elle ne trouve pas non plus des pouvoirs publics avisés
¤ on suit, on n'est capable que de mesures tardives ou à contre temps, les corps d'élite ne peuvent pas restituer des schémas amortis puisqu'il faudrait les créer
¤ au total, personne ne pilote cette nouvelle phase de la transformation économique et le phénomène de mondialisation n'a pas de cadre maîtrisé
¤ on note que ce qui devrait rester le 'bien commun tels que les 'tuyaux' ou les 'réseaux' est privatisé, signe premier que la collectivité publique ne sait pas se positionner
¤ le blanchiment des activités 'mafieuses' est pratiqué par quasi toutes les banques, cherchons celles qui n'ont aucune antenne en paradis fiscal, les dénégations sont une mince façade
¤ l'argent parallèle abonde, personne ne refuse des commissions entre 15 et 30% pour le blanchir
¤ la technique est simple et rodée, elle repose sur un programme informatique de fractionnement et de diffusion diluée
¤ avec quelques paravents et une extrême limitation du nombre des initiés, c'est fait et toute enquête judiciaire restera vaine
¤ la communauté humaine arrive à un carrefour où la suite de la route reste à inventer

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