J'entame une série de billets intolérants de et de mauvaise foi que j'espère longue. Dans ce billet, j'ai décidé de m'attaquer gratuitement à la Capoeira, sans sommation.
La Capoeira qu'est-ce que c'est ?!La capoeira est un art martial brésilien qui puise ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l'esclavage au Brésil. (wikipedia.org)
Concrètement, deux personnes effectuent des mouvements de combats stylisés, pendant que leurs compères jouent de la "musique" à l'aide d'instruments rudimentaires.
Jusque là, pas de problème, je ne "chie pas". Ce qui m'horripile n'est pas tant la Capoiera en tant que telle, mais la mode qui se développe autour d'elle en France. Quand on est jeune, un peu rebelle (étudiant quoi !), il est de bon ton de faire de la Capoiera, et surtout d'en parler et de s'en vanter. En bref, la Capoiera c'est "la liberté", "l'art incarné", "la réconciliation du corps et de l'esprit, de la violence et de la douceur, de la musique et de la danse" (rien que ça !).
Ainsi, ceux qui la pratiquent (jamais depuis plus de deux mois en général) ont une certaine suffisance. Voilà ce que ça donne :
Moi : Ah, donc tu fais du sport ?
Pseudo-Capoieriste : Non, je fais de la Capoiera, nuance, c'est plus que du sport...
M: Ah...
PC : Bah c'est aussi artistique, le sport c'est pas artistique, regarde le foot...
M : Parce que Redondo qui taquine le cuir le buste droit, Ronaldinho qui perce la "défense" du Real, Trezeguet qui assassine l'Italie, c'est pas de l'art ?!
PC : Laisse tomber, tu comprends rien...
M : ...
La Capoiera, c'est classe, ça vient de loin. Faire du handball, ça ne fait vibrer pas grand monde, un sport allemand, quelle tristesse ! Le foot, c'est beauf et puis ça vient juste d'Angleterre, c'est pas fun. Par contre la Capoiera, c'est le Brésil, les racines africaines, c'est roots, c'est raffraichissant ! Ideal pour paraitre ouvert, à l'écoute du monde, cultivé... (ne demandez pas de placer le Brésil sur une carte du monde, d'en connaitre la capitale ou encore le Président...)
Les pseudos-capoéristes s'essaient parfois à une démonstration dans un couloir de fac, pour montrer l'un ou l'autre geste. C'est rarement convainquant. Ils s'en tirent toujours avec une pirouette : bon, j'en fais que depuis 3 semaines, mais j'ai un pote qui est super bon, c'est hyper impressionnant. Il y a toujours le "pote qui en fait super bien", mais qu'on ne voit jamais.
IL suffit aussi de peu de pratique pour pouvoir flamber. Au bout de 6 mois, on est un vieux de la vieille, on est au top de la hierarchie de la ville. Dans n'importe quel sport lambda, 6 mois de pratique suffisent à peine pour avoir un niveau de débutant... Allez jouer au foot le dimanche au stade de l'Ill avec deux ans d'expérience dans les jambes, vous passerez pour un charlot. Pointez vous au cours de Capoiera du SIUAPS de la fac (bondés, assaillis par des jeunes demoiselles attirés par le corps des beaux professeurs), avec une petite année d'entrainement, vous êtes le roi du monde. C'est la négation de l'effort, l'oubli que pour parvenir à toute maitrise, il faut du travail, et beaucoup !
Bien sûr, la compétition est proscrite (je parle des pseudos-capoéristes toujours) : on pratique pour le plaisir uniquement, pas question de se laisser pervertir par la rivalité. Quel dommage, tout ce qui fait le sel du sport, c'est la compétition justement ! Quoi de meilleur qu'un match de foot où l'on joue le terrain, qu'une partie de pétanque où l'apéro est en jeu, etc... ?!
Voilà, que les capoeiristes talentueux me pardonnent, je n'ai rien contre eux. Quant aux autres, ils laisseront bien vite tomber cette mode passagère pour embrayer sur la prochaine, un art martial indonésien, des techniques de relaxation mongoles, ou je ne sais quoi d'autre. Tant qu'ils pourront parader dans les jardins publics l'été...
Edit : les prochains je chie sur... seront consacrés, si je suis motivé, au djembé, aux bolas, au didjéridoo, à l'Olympique de Marseille, etc...
