Arbitrage : la "double peine" analysée à travers les Lois du Jeu

23/10/2017 15:25
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Dans les discussions d'après-match, les décisions arbitrales, qu'elles soient en faveur ou contre le racing, font souvent débat. Il est question dans ce billet d'analyser le principe de "double peine" (i.e. péno + carton rouge) à travers ce qu'en dit la loi. Alors, M. Rainville as-t-il pris la bonne décision?

De la "double peine" au "dernier défenseur", des notions déjà confuses

Il faut constater que la fameuse double-peine (pénalty + rouge) censée ne plus être en vigueur depuis 2016 fait débat sur de nombreux matches (récemment en LDC et bien entendu lors de Nice - Racing). Il faut dire que ce sont des situations confuses, source à interprétation et souvent lourdes de conséquences sur un match. Cette confusion s'ajoute à une ancienne confusion (la fameuse notion de "dernier défenseur") doublée à une évolution récente de la loi (puisque l'abolition de la double-peine date de 2016).

La notion de dernier défenseur était source de conflit avant 2015 puisque associée au simple fait que "si le dernier défenseur fait faute, il est exclu". C'est inexact. D'abord parce que le dernier défenseur est bien souvent le gardien (précision qui peu sembler superflue mais je peux vous assurer que face à la loufoquerie de certaines situations il vaut mieux être clair sur certains points). Ensuite parce que la loi n'a jamais mentionnée ce "dernier défenseur". A la base, les Lois du Jeu (notamment la Loi 12 qui nous intéresse) mentionnent que tout joueur qui commet une faute et qui anéanti par la même occasion "une occasion de but manifeste" est exclu. Ainsi, c'est l'arbitre qui doit juger si le joueur anéantit une occasion de but manifeste ou pas. Pour cela, les lois du jeu identifient des critères (théoriques) censés aider les arbitres dans leur prise de décision. Les critères suivant doivent donc être pris en compte :
- la distance entre le lieu de la faute et le but ;
- le sens du jeu (cas nombreux où l'attaquant va en direction de la touche ou du poteau de corner) ;
- la probabilité de conserver ou de récupérer le ballon ;
- le placement et le nombre de défenseur.

Souvent, le fameux cas d'école de l'attaquant partant seul défier le gardien et fauché par un défenseur revenant en catastrophe a donné lieu à une exclusion dudit défenseur (à raison) et à fait apparaître la notion de "dernier défenseur". Or au regard des critères, il me semble que cette notion est inexacte.

L'évolution de la loi, fin de la double peine?

2016 aura vu la loi évoluer en vue de l'Euro dans un but de "sécurisation" des matches. Je vous la fait court et retranscrit ici ce que dit exactement la loi.

Si un joueur empêche l’équipe adverse de marquer ou annihile une occasion de
but manifeste en touchant délibérément le ballon de la main, le joueur doit être
exclu où qu’ait été commise la faute.

Si un joueur commet une faute contre un adversaire dans sa propre surface de
réparation pour annihiler une occasion de but manifeste
, l’arbitre doit accorder
un penalty et avertir le joueur fautif SAUF si :
• la faute commise consiste à tenir, tirer ou pousser un adversaire ; ou
• le joueur fautif n’a pas essayé de jouer le ballon ou n’était aucunement en
mesure de le faire ; ou
• la faute commise est quoi qu’il en soit passible d’un carton rouge
indépendamment de l’endroit où elle est commise (faute grossière, acte de
brutalité
, etc.)…
…auquel cas le joueur doit être exclu.


A cette lecture, la loi me semble claire. Toute la difficulté est d'appliquer ce texte très théorique aux réalités du terrain et ça, c'est le boulot de l'arbitre. Notez que si on est en dehors de la surface, la loi ne change pas et les critères pour décider si une occasion de but manifeste est anéantie ou pas restent de vigueur.

Et Nice - Strasbourg dans tout ça?

Après visionnage de la faute de Seka et de la lecture de la loi du jeu, je crois qu'il faut admettre que M. Rainville a pris la bonne décision en excluant notre défenseur. Seka n'est pas en mesure de jouer le ballon et il a tenu, ou poussé le joueur niçois, soir deux des critères pour qu'il prenne un rouge.

Maintenant, même en bonne connaissance des textes officiels, les images peuvent prêter à discussion et interprétation. J'ai souvenir de réunions d'arbitre de ligue houleuses où même devant 15 ralentis, l'assemblée n'était pas d'accord. Cela pour conclure que l'arbitrage n'est pas une science exacte et qu'une place est laissée à l'interprétation. Et ce d'autant plus lorsque l'arbitre n'a qu'une fraction de seconde et une image parfois tronquée pour prendre la bonne décision.

Source
https://www.fff.fr/common/bib_res/ressources/450000/4500/160630135623_lois_du_jeu_fifa.pdf

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