Qu'on me rende mes santons

06/02/2006 02:32
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Avis aux caricaturistes danois : dans ma famille, la période de Noël ne se prête pas trop à l'humour sacrilège.
Par exemple, la composition de la crêche était un sujet sérieux.
Comme les Legos, d'ailleurs.

Nous étions bien embarassés avec l'âne : bien avant que je ne m'eveillât à l'importance du rite, il lui était arrivé un terrible accident qui l'avait laissé mutilé d'une patte. Ma mère consacrait une partie de l'Avent à caler notre âne tripode entre le mur et le "petit" Jésus (notre spécimen était particulièrement dodu : ramené à la taille du boeuf, je dirais 300-400 kg. Le portrait de Son Papa ? En tout cas, on comprends où passait le pognon des Rois Mages). Pour la distraire un peu entre deux fournées de bredalas, mon frère ou moi aidions parfois l'infirme à tomber. Et pourtant, eu égard à son rôle majeur dans l'Evangile (faites souffler une truite à la place, et c'est la pneumonie !) , elle ne nous permit jamais de l'équiper d'une prothèse. Eh oui, une jambe de bois d'allumette aurait fait désordre dans tout ce sacré.

Tout comme le Jésus aux hormones, ses rois mages étaient un peu hétéroclites. Sauf.. si on les rangeaient par taille décroissante, avec Averell au premier plan. En vue rasante, et en voulant y croire, on avait une impression de perspective. A défaut de foi, l'imagination enfantine y suppléait avantageusement...

En plus de tourmenter son âne, nous allions parfois jusqu'à poser à ma mère d'épineux problèmes théologiques. D'après le Canon maternel, la laisse du chameau qui suivait Melchior (ou un autre) devait être relachée. Mon frère et moi penchions plutôt pour l'hypothèse suivante : après des centaines de kilomètres à suivre trois illuminés, un chameau est de mauvaise humeur. Surtout à minuit passé. Dieu ou pas (comme dirait l'autre)! Nous étions donc partisans d'une laisse tendue. Les Evangélistes ne nous aidaient pas vraiment à trancher... A force de va-et-vient laisse tendue/laisse relâchée, notre santon a sûrement fait autant de kilomètres que le vrai (bon, nan... mais presque).

http://images.google.fr/images?q=tbn:t9-WG6q1nR8VbM:www.quebecweb...

Et les moutons ? me direz vous. Sans doute pas les santons les plus importants, mais les plus nombreux. D'ailleurs à l'école, nous avons tous été berger dans une crêche vivante, non ? si ! (sauf les moins éveillés, qui faisait mouton. D'autres encore faisaient Joseph/Marie/Roi mage - les sales petites ordures) Eh bien le santon du berger est explicite : en position de marche, ployant sous le poids de l'agneau sur ses épaules... on comprends qu'il vient d'arriver. Mais ma mère s'acharnait à placer les moutons, non pas en troupeau, mais éparpillé autour de la crêche. Etait-ce pour de sombres raisons de symétrie du buffet ? Etait-ce à dire qu'ils s'étaient dépêchés pour être sur la photo ? Avaient-ils flairé le coup et devancé les bergers, voire la fameuse étoile ? D'ailleurs, dans ce cas, combien d'heures séparaient leurs arrivées ? Je me souviens par exemple qu'un spécimen à la piété douteuse était affalé sur le côté, la panse gonflée de gras ray-grass de Judée...

Depuis un ou deux ans, les passions se sont apaisées. Ma mère a acheté une de ces crêches toutes faites, riquiqui, d'un seul tenant. Je suis désolé, c'est pas ressemblant. On s'attends à tout moment à en voir sortir un coucou. C'est bien simple, je la hait (pas ma mère, la crêche). A moins... qu'elle ne tombe par terre..

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