Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Racing des années 40

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Flux RSS 165 messages · 17.526 lectures · Premier message par schlesier · Dernier message par kitl

  • Sur le Racing 39-45, vous trouverez un nouveau portrait (tragique) de joueur, celui de 'Buwi' Schaaf sous le lien
    https://racingstub.com/page.php?page=joueur&id=653
  • En terrain ennemi

    Sous l'occupation, le Racing devenu Rasensport Club, affronte les équipes SS. Entre soumission et pieds-de-nez patriotiques.

    Le 3 septembre 1939, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne. Trois jours plus tard, un communiqué laconique est publié : « Jusqu'à nouvel ordre, tous les matchs de compétition et amicaux sont suspendus. » Les Strasbourgeois sont évacués vers le Sud-Ouest. L'histoire du Racing est mise entre parenthèses. Pas pour longtemps. En Dordogne où de nombreux Strasbourgeois se sont exilés, un jeune homme entend bien continuer à le faire vivre.
    Paul Wolff a 18 ans et un passé de joueur chez les minimes du Racing. A la mi-septembre de 1939, dès son arrivée à Périgueux, il décide de regrouper tous les Strasbourgeois de la région autour du ballon rond. Le premier jeudi, une douzaine de jeunes footballeurs alsaciens sont au rendez-vous. Tous ont moins de 20 ans et une farouche volonté de redonner sa superbe à l'équipe. Le Racing de Périgueux est né.

    Champion de Dordogne

    En 16e de finale de la coupe de France, ils éliminent contre toute attente les Girondins de Bordeaux et leurs internationaux : 3-2. « En 90 minutes nous sommes devenus des héros », s'émeut encore Paul Wolff.
    Quelques mois et un beau palmarès plus tard, ils remportent même le championnat de Dordogne. Avec les encouragements de la région. « On était très soutenu par la population locale, poursuit Paul Wolff. C'est grâce à eux que le Racing de Périgueux a pu exister. Nous, on n'avait plus rien. Ils nous ont tout donné : chaussures, vêtements, terrain... Tout. » Mais en mai 1940, c'est l'offensive allemande, et le 22 juin, l'armistice est signé. Les Strasbourgeois rentrent chez eux. Le Racing de Périgueux est dissous après huit mois d'existence. En juin, l'Allemagne annexe la région, supprime la ligue alsacienne de football amateur (LAFA) pour la remplacer par le Gaufachwart Fussball, sa propre section. Le professionnalisme est interdit. Le Racing change de nom pour devenir le Rasensport Club. Blessé sur le front nord au début des offensives, Paul Gebhardt, ancien minime, intègre le club dès la fin 1940.
    Il revoit encore « ces saluts hitlériens qu'[il devait] faire au début de chaque match. Des gestes d'autant plus mal acceptés que nous étions considérés comme le club qui restait français. A l'inverse du Red Star ».
    Sous la pression allemande, le Red Star est devenu le club des SS : l'ancien nom allemand FC Franconia est rétabli avant d'être remplacé par le « Sportgemeinschafft SS ». « C'est tombé sur lui, car à sa création en 1900, il était déjà allemand », souligne Alfred Wahl, historien du football. Sur les maillots, l'étoile rouge du club est remplacée par une tête de mort et le signe SS.
    La compétition d'hier entre le Red Star et le Racing devient une bataille patriotique pour les Strasbourgeois. « C'était le seul endroit où les gens pouvaient crier, se défouler », se souvient Pierre Heintz, fils de Joseph Heintz, président de l'époque. Il a joué dans cette équipe entre 1941 et 1945 : « Depuis le terrain, on voyait très bien les policiers SS dans les gradins, encerclant le public. Mais cela n'empêchait rien. Tout le monde sifflait le Red Star et nous applaudissait. »
    Pour Paul Gebhardt, les joueurs du Red Star n'étaient pas des SS, mais « faisaient déjà partie de l'équipe avant-guerre et ne pouvaient plus en sortir ». Pierre Heintz et Paul Wolff préfèrent nuancer. Ils rappellent que certains racingmen sont entrés au Red Star après l'arrivée des nazis. A coup d'argent ou de menaces ? L'histoire ne le dit pas. Reste que les frères Waechter, Emile et Pierre, Charles Hummel et même la star du Racing, Fritz Keller, ont endossé le maillot SS en 1940. « Keller est même devenu la vedette du Red Star, témoigne Pierre Heintz. Lors de son premier match contre nous, il a été sifflé pendant 90 minutes. » Pour autant, l'ancien joueur préfère dédramatiser. « Nous, les joueurs, nous nous connaissions tous, nous ne pouvions pas nous détester. Certes, les matchs étaient âprement disputés, mais ce n'étaient que des matchs. "

    Hitler contre un kouglof

    Alors, le Racing, club de la résistance passive ? Sur ce sujet, de nombreuses légendes circulent. L'histoire a retenu celle d'une équipe du Racing en maillot bleu, short blanc et chaussettes rouges lors du premier match qui l'opposait au Red Star SS. « On est tombé sur ces chaussettes par hasard, et c'est en voyant la ferveur du public que nous avons réalisé », rectifie Pierre Heintz. Ce jour-là, les hommes de Joseph Heintz écrasent le Red Star par 3-0 devant 15 000 personnes. Le Racing n'a perdu aucun des huit matchs disputés contre l'adversaire SS.
    Un autre épisode dont Pierre Heintz s'enorgueillit, se produit fin 1940. Capitaine de l'équipe junior, il est en déplacement à Landau, au coeur de l'Allemagne nazie afin de disputer deux matchs. « A l'époque, avant de débuter une rencontre, on s'échangeait fanions et présents. Pour l'occasion, on avait fait deux gros kouglofs. Un pour chaque match. » Au premier match, Pierre Heintz dépose son kouglof dans les mains du capitaine allemand. Et reçoit, en contrepartie, un buste d'Hitler. Le lendemain, deuxième match, même rituel. Cette fois, Pierre Heintz s'avance et, sous le fanion, offre à son adversaire le buste du Führer reçu la veille. « Retour à l'envoyeur. Et le kouglof, on l'a englouti le soir même ! »
    L'ordonnance du 23 août 1942 rend bientôt le club exsangue. Des Alsaciens ont la nationalité allemande et sont incorporés de force. C'est le cas de Gérard « Bouwi » Schaaft, ancien joueur très prometteur de l'équipe de Périgueux. Mobilisé comme fantassin sur le front russe, il est tué en 1943. Il n'avait pas 23 ans. D'autres suivront.
    A la Libération, le Racing sonne le rappel. La saison 1945-46 voit déjà le retour de l'équipe professionnelle. Oscar Heisserer, Paul Gebhardt, entre autres, composent l'effectif. Même les frères Waechter font leur retour. Paco Mateo, un petit nouveau, arrive tout droit des Girondins de Bordeaux et fera les belles heures du Racing des années 1950. « Je l'avais connu à Bordeaux, en 1939 et recommandé à mon père en 1941, se remémore Pierre Heintz. En août 1945, je suis revenu du front russe et Paco m'attendait sur le quai, avec mon père. » Un nouveau chapitre de l'histoire du Racing s'ouvrait.

    source : MSCinfo
  • Vis à vis de l'article ci-dessus, paru la saison dernière dans "News d'Ill", magazine d'étudiants en journalisme à Strasbourg, il faut leur tirer un vrai coup de chapeau, pour une enquête effectuée dans des conditions pas toujours faciles. Bravo.
  • Superbe sujet, très complet.

    J'avais toutefois quelques intérrogations
    Le "am Wasserturm", c'était la Meinau ?
    Le le 7 juin 1942, le 1/4 de Coupe d'Allemagne contre Schalke04, il s'est joué à Strasbour apparement. Au Tivoli ou à la Meinau ?
    Merci
  • Capture d’écran 2019-02-14 à 18.36.34.png
    Modifié par athor ·
    athor
    Article très intéressant sur l'excellent site Drogue, Bière et Complot contre le LOSC, qui raconte la fin de la saison 1946/1947 et le match Bordeaux-Racing donné à rejouer, car le Racing avait aligné une équipe d'amateurs pour préserver les titulaires habituels pour la finale de coupe de France.

    EDIT: au passage, je vous invite à relire ce topic, c'est une fabuleuse mine d'or !
  • schlesier a écrit, le 07/06/2004 20:26 :
    J'ai scanné l'article pour refaire une mise en page. Dans le "Who's who des deutschen Fussballs - Deutsche Vereine" (1800 clubs!) de Hardy Grüne, il est indiqué que ce club jouait au stade "Am Wasserturm" (4.000 places). De quel stade peut-il s'agir?

    Par contre, comment puis-je joindre la photo dans ce forum?


    france-stades a écrit, le 11/07/2010 16:20 :
    Superbe sujet, très complet.

    J'avais toutefois quelques intérrogations
    Le "am Wasserturm", c'était la Meinau ?
    Le le 7 juin 1942, le 1/4 de Coupe d'Allemagne contre Schalke04, il s'est joué à Strasbour apparement. Au Tivoli ou à la Meinau ?
    Merci


    Tiens en parcourant le topic certains stubistes se posaient la question concernant le stade "Am Wasserturm". D'après une carte de Strasbourg des années 40, ce devrait être le stade de la rue "Am Wasserturm", rue perpendiculaire à la rue du Jura et qui se rapproche de la rue de Palerme, dans le quartier Université/Esplanade.
    Carte
  • Il y avait donc un château d'eau à la Citadelle. Est-ce que @inter l'a connu ? :)
  • A priori, la rue Am Wasserturm est l'ancien nom de la rue de Palerme
    https://www.archi-wiki.org/Adresse:Rue_de_Palerme_(Strasbourg)
  • 14 janvier 1940 : premier acte de résilience du Racing

    Le RCS sera samedi en Nouvelle-Aquitaine pour un 16e de finale de la coupe de France. C’était aussi le cas il y a 80 ans, avec une victoire contre Bordeaux et une différence de taille : la Deuxième Guerre mondiale avait complètement démantelé l’équipe. Retour sur un fabuleux exploit.

    Cliquez ici pour lire la suite de cet article écrit par @fsrcs
  • Un Anglais (Rick Haswell) a publié aujourd'hui sur twitter une série de photos inédites d'un match amical disputé le 8 mai 1945, au stade de la Meinau, entre le Racing et des soldats de la Royal Air Force (parmi lesquels son père). Ce match, remporté 10-1 par le Racing, était l'occasion de fêter la fin de la guerre. Pour l'anecdote, donnée par Rick Haswell, c'est l'équipe de la RAF qui a marqué en premier.

    https://racingstub.com/uploads/cache/big1024/uploads/media/5eb50a...
    https://racingstub.com/uploads/cache/big1024/uploads/media/5eb50a...
    L'équipe de la RAF
    https://racingstub.com/uploads/cache/big1024/uploads/media/5eb50a...
    L'équipe du Racing
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  • Bien vu Athor...
    Trés belle photos; certaines inédites (?) dans la base de données du Stub...
  • Toutes ces photos sont inédites, puisqu'elles viennent d'une collection privée de la famille d'un ancien membre de la RAF. Et l'existence de ce match n'a jamais été mentionnée dans les livres consacrés à l'histoire du Racing.
  • Soit le jardinier était encore au front ou sur le chemin du retour, soit on tondait très haut.
    La pub en allemand, c'est toute l'Alsace de 45, française mais avec des difficultés à parler la langue officielle et alsacienne avant tout. Ah, en ce temps il y avait des brasseries alsaciennes.
  • athor a écrit, le 08/05/2020 12:46 :
    Toutes ces photos sont inédites, puisqu'elles viennent d'une collection privée de la famille d'un ancien membre de la RAF. Et l'existence de ce match n'a jamais été mentionnée dans les livres consacrés à l'histoire du Racing.


    ...un vrai trésor, on ne peut que remercier cette personne d'avoir rendu cela public et d' avoir diffusé ces photos historiques.
  • On remarque bien les destructions d'une partie de la tribune principale, causées par les bombardements.
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