A Aurélien et à ses contemporains
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il-vecchioMessage rédigé le 25 mars 2011 entre 20h30 et 21h mais non posté immédiatement pour causes de problèmes récurrents de la Stub.
Salut bisamme et bonsoir Aurélien,
en me promenant cet après-midi, au bord de l'eau, sous une brise fraîche et la rage au ventre suite aux dernières extravagances de JLK qui a lancé l'opération "retraite d'Ukraine" (*), j'ai soudain songé à aurelien, l'ado dont la sempiternelle question, la marque de fabrique est "quelqu'un a été à l'entrainement", entrainant irrémédiablement le courroux et l'énervement de katzo68.
C'est vrai, il devrait faire ses devoirs le gamin, au lieu de s'enquérir de l'entrainement. Il n'a que 15 ans.
Et je me suis revu à 15 ans. Nous n'avions pas ces "conneries" de X-Box, de Nintendo, de téléphone mobile, d'internet. L'ordinateur était quasiment inconnu et il n'y avait qu'un téléphone à cadran par foyer dont les communications hors circonscription coûtaient une fortune.
Mais aux yeux de nos parents, nous avions d'autres "conneries" comme le skateboard qui faisait fureur. A 15 ans, on courait les filles et mon papa m'emmenait parfois à la Meinau. J'avais découvert le Racing l'an passé. Il venait de remonter (déjà...) et avait accompli une très belle saison terminant 3e. La saison de mes 15 ans était belle. Oh, il n'y avait pas de stub pour demander aux adultes qui était à l'entrainement. On n'allait pas ainsi à Strass, le réseau autoroutier était un tout petit peu moins limité que les compétences en gestion de JLK. On n'avait pas de revue de presse, juste les DNA ou l'Alsace selon sa localité.
Mais le vendredi ou le samedi sur le coup de 20h30, on se retrouvait à la Meinau, tous, de Wissembourg à St-Louis.
Pas d'ultras, pas de groupes de supp, mais une Meinau qui encourageait les siens. A 15 ans, on s'enflamme, on s'identifie, on se passionne, on vibre, on stresse à chaque fois que l'adversaire à la balle, on tressaille à chaque mouvement offensif du Racing, on gueule "aux chiottes l'arbitre" aussi fort que les grands, on comprend très vite que les gardiens adverses ont une sexualité atypique et oooooooooooooooooooooon leleurdi. On s'effondre lorsqu'on prend un but, on exulte lorsqu'on marque et l'on sort de la Meinau tout ragaillardi à chaque victoire.
On a même la chance d'assister à quelques matches de coupe d'Europe. En ce temps, on n'avait pas 5 matches télévisés par semaine. Parfois, St-Etienne, l'Equipe phare du foot français daignait laisser la télé diffuser un match. Alors, pensez vous, un match de coupe d'Europe à la Meinau, c'était l'Evènement de l'année à la Meinau.
Babba, Babba, do müà m'r ànnà. Gal Bàbba! Et papa qui en avait aussi une folle envie a dit oui. Oh putain, à 15 ans, je découvrais la coupe UEFA. Il fallait remonter un 2-0. Impossible ou presque. On est passé par le fol espoir suite à un 2-0 vers la 20e, au désespoir du 2-1 à la 44e et une mi-temps de déprime, une bonne partie de seconde mi-temps la tête dans le sac. A 15 ans, tout passe dans ta tête, tu danses sur les montagnes russes et soudain la fusée qui te propulse vers l'incroyable à 3-1. Là, t'as 15 ans, t'es entouré de 25.000 supps qui se mettent à y croire et toi évidemment tu y crois encore plus. Tu gueules à te péter les cordes vocales. Nous gueulons tant et plus que le 4-1 tombe et toi, gamin tu ne t'arrêtes pas de brailler, toi au milieu de cette foule vociférante.
T'as 15 ans, tu sors des étoiles dans la tête, tu es sur la planète Mars, Uranus, Saturne, celle que tu veux. Le lendemain t'as la voix éraillée, morte, éteinte, mais tu t'en fous, t'as vu le miracle.
La saison se poursuit. Tu continues à t'enflammer, tu te prends pour un statisticien, un expert, tu tires des plans sur la comète, tu n'es pas rationnel, c'est normal c'est de ton âge.
Le printemps arrive, les jeans font place aux jupes, les filles sont toujours plus belles et le Racing continue. Tu y crois radicus mordicus, normal à 15 ans il suffit d'un rien pour croire que le Graal est à portée de main.
Un soir de mai, tu te retrouves écrasé au milieu de 35.000 personnes (29.000 chiffre officiel, mais crois moi ce sont bien 35.000), tu sues toute ton eau sous le soleil, mais tu as 15 ans, tu es quasi insensible. Tu hurles, tu gueules, tu sais qu'il FAUT le gagner ce match. Tu te déshydrates, mais pas question de quitter ta place debout à la mi-temps. Enfin, le soleil baisse, la température fraichit, tu es moite, dans la promiscuité de cette foule tendue vers un seul but. Au coup de sifflet final, c'est la victoire, tu exultes, tu es sûr de toi, tu sais avec cette assurance, cette certitude qu'on a à 15 ans, que c'est fait.
Il te reste un match gamin. Tu le passes devant ta radio et le lendemain après-midi tu es sur le quai de la gare au milieu de toute l'Alsace qui s'est donnée rendez vous sur ce quai 1. Tu as 15 ans, tu te faufiles jusqu'au bord du quai. Fais gaffe gamin de ne pas te faire écraser car la foule pousse. Tu n'as rien emmené à boire et le cagnard de juin tape dur. Fi de ces conditions matérielles, tu suis le camion de la gare à la place Broglie. Tu es fou, ils sont tous fous autour de toi. Tu vis le plus beau jour de ta vie, le titre!!
Peux tu imaginer Aurélien?
Ce n'est pas le délire d'un vieux, ce sont simplement quelques bouts de souvenirs. J'ai passé ton âge et je pense à ta génération. Tu as bien du mérite de te passionner pour un club de National. Mais que t'a-t-on proposé? Un jeu fade, une équipe limitée, des tarifs prohibitifs, mais de la place, beaucoup de place dans la Meinau, maigre consolation.
Ce qui me révolte au Racing, c'est qu'hormis la période de la coupe d'Europe contre l'Inter et Liverpool, il n'ait rien proposé de valable aux jeunes de 15 ans. 15 ans, l'âge où l'on s'enflamme où l'on est marqué par certains évènements.
Ce soir, c'est une veillée funèbre ou presque. T'as 15 ans, tu veux encore y croire. Je n'ai plus 15 ans, j'ai perdu mes illusions. Mais déjà tu ne m'écoutes plus, tu crois au sauveur-repreneur et il est bon que tu y croies. Si tu n'y crois pas à ton âge, tu n'y croiras plus jamais.
Mais quel gâchis, que de générations déçues! A travers Aurélien, c'est à tous ces jeunes de 15 ans qui auraient tant voulu pouvoir s'enflammer pour le Racing que je songe ce soir.
La rage, la tristesse, la haine, le dépit. J'aurais tant aimé qu'Aurélien ou d'autres jeunes de 15 ans puissent aussi vivre une épopée du Racing.
(*) il y a aussi une version napoléonienne. -
il-vecchio on t'a reconnu
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Qu'il semble loin le temps où les vacances scolaires menaient vers le Stub des hordes de collégiens surexcités aussi immanquablement que les matchs contre l'OM nous valaient le débarquement de tout ce que la France pouvait compter de Cyber-hooligans marseillais...
C'était exaspérant, aujourd'hui c'est le bon vieux temps.
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Et dire que moi je n'ai connu que deux belles choses au Racing, la Coupe de 2005 et le montée en 2007, le reste n'est que de la déception
En tout cas super l'article ! :) -
Ca aurait mérité la Une, très beau texte
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On sait enfin l'âge de il-vecchio :)
Effectivement très sympa ce texte, c'est vraiment triste que les gamins d'aujourd'hui ne puissent pas (ne pourront plus jamais ? :( ) vivre de beaux moments avec le racing. -
Magnifique (+)
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MERCI Il-vecchio pour ce texte, ca fait mal mais c'est tellement vrai, et je me reconnais dans ce texte avec quelques années d'écarts.
Je suis à la fois triste et heureux d'avoir connu tout ses instants magiques que le racing m'a procuré et, la pensée que tout cela risque de se terminer pour longtemps me fait mal, très mal!!!!
Presque 30 ans que je suis le racing avec tous ses haut (ah que c'est bon) et tous ses bas qui font partie du jeu, que tout cela ne soit plus que souvenirs je ne peut m'y résigner. C'est comme si l'on arraché une partie du livre de ma vie !!!!!!!!!! -
Bien joué il-vecchio ! (+) (+)
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Chapeau l'artiste (+)
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Serait-ce le livre d'or ante mortem du Rcs ?
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Tout simplement magnifique (+)
J'ai découvert le racing à 5-6 ans et non 15. L'intertoto, l'UEFA face au Milan AC, puis peu longtemps après y a eu la coupe de la ligue 97, et l'UEFA contre les Rangers, Liverpool et encore l'Inter. Me souviens avoir pleuré de déception suite à l'élimination face l'Inter, c'est que j'y avais cru moi !
Il y a certes eu la coupe de France et une nouvelle coupe de la Ligue mais que le club est tombé bas !
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Belle épitaphe ! (+)
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Bravo.
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"Si la vie est un film de rien, ce passage là était vraiment bien..."
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Message qui mérite la UNE du stub! Je me reconnais tellement dans ce message.
J'ai découvert le raçing à 10ans lors d'un racing-monaco. Une meinau comble, une victoire 3-2 face au monaco de bartez trezeguet et consort. Depuis ce jour, le raçing fait parti de vie et il n'en sortira plus. J'ai vécu énormément de désillusions en plus de 10ans avec comme point culminant le déplacement a Montpellier. Mais je suis toujours la.
Mais une chose est certaine aujourd'hui, le racing ne fait plus rever les jeunes. C'est normal me dira-t-on. Mais meme si cela parait anodin, ça ne l'est pas. Ca signifie le début de la fin. Si les jeunes ne revent plus à 15ans, qui supportera le racing dans 10, 20, 30ans?... -
La question ne se pose même plus, la fin est de toute façon proche ..
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Message supprimé à la demande de son auteur
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J'ai enfin pris le temps de lire cet excellent texte et cela me rappelle que pour mes 15 (14 / 16
) ans, le RCS jouait l'Europe le Milan AC, l'Inter ... Ronaldo à l'hotel DIANA de Molsheim. Maintenant la princesse est sortie de la route, le Racing aussi :(
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J'en ai la chair de poule... Merci il-vecchio
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