Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

RCS - Nantes : elle est longue cette pré-saison non ?

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Après-match
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Par knack90
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© azzu

Une semaine après la défaite face au RC Lens, la Meinau s’est à nouveau remplie un vendredi soir pour la réception des canaris nantais. Une opposition moins prestigieuse, synonyme, pour beaucoup de supporters alsaciens d’espoirs de renouer avec la victoire. Focus tactique sur une soirée inoubliablement oubliable.

Le Racing (8ème de L1 et 10 pts au coup d'envoi) recevait ce vendredi 6 octobre, le FC Nantes (13ème avec 8 pts). Les Strasbourgeois viennent de connaître leur première défaite à la maison et reçoivent des Nantais, fraîchement battus par le rival rennais. L’une comme l’autre équipe compte bien sur ce match pour se relancer comptablement en championnat.
Toutefois, une différence majeure de contexte : d’un côté Patrick Vieira fait face à la grogne montante d’une large partie des supporters mais semble avoir le soutien sans faille de sa direction, pendant qu’en face, Pierre Aristouy bénéficie d’un soutien populaire assez large alors que sa direction semble attendre la première occasion pour lui retirer les rênes de l’équipe.

Des absences notables pour les deux équipes, notamment en attaque, avec Emegha d’un côté et Mohamed (suspendu) et Ganago de l’autre. S’ajoutent Fila côté bleu et Centonze chez les Canaris.

Patrick Vieira est attendu au tournant par les supporters strasbourgeois, une semaine après la prestation très mitigée face aux Lensois. La défense commence, certes, à trouver ses marques mais l’animation offensive quasi inexistante frustre une Meinau à qui le club a peut-être un poil survendu le potentiel de ses nouveaux cracks offensifs.
Dans ce contexte, j’avais espéré deux choses pour ce match face à Nantes : voir enfin de la continuité dans les principes tactiques du coach alsacien et un peu plus de patience de la part du public. #visionnaire

L’entraîneur strasbourgeois décide de renouveler largement son équipe par rapport à celle de la semaine dernière avec pas moins de quatre nouveaux joueurs: Guilbert, Mwanga, Gameiro et Mothiba. Une pensée particulière pour le pauvre Junior Mwanga, absent des feuilles de match pendant tout le début de saison, entré 10 minutes à Metz et qui se retrouve, deux matchs plus tard, propulsé titulaire pour un premier match à la Meinau dans un rôle de milieu relayeur qu’il ne connaît pas et dans un effectif en recherche de certitudes collectives. On sent là, la patte d’un entraîneur pris « pour son savoir faire en termes d’encadrement des jeunes ».

On retrouve néanmoins le système à 4 joueurs en défense mis en place depuis quelques matchs par Patrick Vieira et certains autres marqueurs forts :
- la charnière centrale Nyamsi/Perrin, sponsorisée par Massey Ferguson, accompagnée de ses qualités de vitesse, de mobilité et de relance.
- le triangle pointe basse au milieu
- un trio en attaque

Par contre, les animations défensives et offensives sont complètement retravaillées. On sent un coach toujours en recherche de certitudes. Pas forcément inquiétant dans un match de préparation de début de sai… (soupir)

Ainsi Marvin Senaya, dépossédé de son poste de latéral droit par Guilbert, malgré deux prestations plutôt convaincantes à Metz et face à Lens, se retrouve recyclé dans un rôle mi-piston, mi- relayeur, visant clairement à restreindre l’influence du très offensif latéral gauche nantais Quentin Merlin. Pas forcément une idée farfelue sur le papier, l’équipe d’Aristouy penchant nettement à gauche, avec la paire Merlin/Simon, quand elle joue en 4-3-3. Oui, sauf que pour ce match, le FC Nantes se présente en 5-3-2, notamment pour compenser l’absence d’un avant-centre capable de jouer seul devant (Mohamed ou Ganago) et sans doute avec l’idée de pouvoir combiner au sol face à nos deux centraux. Bref, le coup tactique tombe à plat avant même le coup d’envoi.

Equipe


Ismaël Doukouré et Junior Mwanga se retrouvent donc avec la charge compliquée d’assurer seuls la protection de l’axe défensif alsacien et d’assumer les transitions défense/attaque, secteur déficient du collectif strasbourgeois depuis le début de saison. Exit donc l’idée d’un Doukouré en demi-centre, visiblement spécifiquement travaillée pour contrer les Sang et Or la semaine passée.

En attaque, soucieux d’éviter l’isolement de l’attaquant central (ici Lebo Mothiba), les deux ailiers (Ângelo Gabriel et Kévin Gameiro) deviennent des attaquants de soutien, positionnés initialement dans les demi-couloirs plutôt que le long des lignes de touche.

Un mix donc entre adaptations tactiques à l’adversaire et tentatives de correction des lacunes du match précédent.
Recherche de progrès diront les plus optimistes, navigation à vue rétorqueront les autres.
En tout cas, un contre-pied aux discours du staff alsacien de travail dans la continuité et sur le temps long. Comment espérer trouver une cohérence tactique et collective en modifiant les systèmes et les compositions à chaque match ?
À titre personnel, j’espérais que Patrick Vieira se décide enfin à affirmer ses principes tactiques, dans un match à notre portée. Comment ne pas être déçu ?

En tout état de cause, on schématisera le système du Racing comme cela :

Equipe


Début de match difficile pour les Alsaciens, clairement en difficulté dans la compréhension de ces nouvelles animations défensives et offensives. En face, Nantes, avec Chirivella et Mollet qui naviguent entre nos lignes, confisque le ballon et présente une maîtrise technique et collective bien supérieure aux Bleus.

L’arrière-garde du Racing, en difficulté, notamment pour ressortir les ballons, se permet même d’offrir des occasions toutes faites aux Canaris, comme sur cette passe en retrait trop molle de Guilbert, que Mollet ne parvient pas à convertir face à Sels (7ème minute). Le Racing pliera mais ne rompra pas durant la première demi-heure, cela malgré une flopée de frappes et de corners concédés (5 dans les 15 premières minutes) .
On notera que si la volonté de Patrick Vieira de bloquer le côté gauche nantais semble fonctionner (en même temps, Guilbert et Senaya font face au seul Merlin), de l’autre côté, Marcus Coco profite de l’incapacité du onze alsacien à se rééquilibrer dans la largeur pour attaquer la zone dans le dos de Thomas Delaine sans discontinuer. Pour illustration, la position moyenne du piston droit nantais sur l’ensemble de la rencontre se situera au même niveau que celles de Moses Simon et Florent Mollet. En comparaison, la position moyenne de Frédéric Guilbert sera à hauteur de celle de Lucas Perrin, soit 30 mètres plus bas que celle de Coco. La suite nous démontera que cela n'est pas sans conséquences.

Toutefois, petit à petit, les minutes passent et duo de récupérateurs alsaciens commence à sortir la tête de l’eau (pendant que le pauvre Marvin Senaya est toujours occupé à cueillir des champignons le long de la ligne de touche). Quelques récupérations un peu plus hautes d’Ismaël Doukouré et quelques prises d’espaces de Junior Mwanga permettent, lors des 10 dernières minutes de la mi-temps, une première période de réelle pression strasbourgeoise, avec en point d’orgue une belle occasion au bénéfice de Mothiba, malheureusement incapable de convertir un bon centre venant de la droite (39ème). Le momentum est peut-être en train de changer ?

On se dit que Patrick Vieira, sans doute heureux d’avoir réussi à passer cette première mi-temps sans encombre au niveau du score, va profiter de la pause pour corriger les évidentes malfonctions de son équipe. La sortie de Senaya ou d’un Frédéric Guibert, très en difficulté, serait logique et pourrait permettre différentes options :
- l’ajout d’un défenseur central pour soulager Nyamsi et Perrin dans la gestion du duo Abline/Simon, particulièrement remuants et trop mobiles pour nos eux.
- l’ajout d’un milieu relayeur de métier (Ibrahima Sissoko ou Habib Diarra) pour prendre l’avantage dans le cœur du jeu
- voire l’entrée d’un ailier gauche pour réorganiser une animation offensive défaillante.
En effet, Ângelo Gabriel, empêtré dans le cœur du jeu montre qu’il n’a pas les qualités d’un numéro 10 ou d’un 9 et 1/2 pendant que Gameiro est positionné trop loin du but adverse et peine à exister.

Par ailleurs, l’échauffement d’Abakar Sylla sur une grande partie de la première mi-temps (sans doute en raison de la crainte d’une blessure de Luca Perrin) aura pu laisser espérer une modification de la charnière qui semblait défaillante.

De tout cela, rien. Le coach alsacien faisant confiance à son organisation de départ pour faire la différence. Le pari sera perdant.

En effet, au bout de cinq minutes en seconde période, débordement nantais sur le côté gauche de la défense strasbourgeoise, Moses Simon élimine le duo d’ailiers gauche du Racing (Gameiro et Delaine) et centre en force sur Gerzinho Nyamsi qui remet maladroitement (mais fort précisément) sur Marcus Coco qui fusille Matz Sels à bout portant. 1-0 pour Nantes.

8 minutes plus tard, décalage sur le côté droit des Nantais, centre de Marcus Coco sous le regard de Dilane Bakwa, fraîchement entré en jeu, quadruple reprise des attaquants canaris au cœur de la surface alsacienne (Simon, puis Mollet, puis Merlin et enfin Moutoussamy) devant une charnière centrale strasbourgeoise complètement spectatrice, 2-0. À la décharge de Lucas Perrin, il était logiquement en retard puisque sortie complètement à contre-temps au début de l’action (oui, le décalage pré-cité en début d’action est entièrement de sa faute)

Viens ensuite, le coaching habituel de Patrick Vieira : le fameux 4-2-2-2 « sur un malentendu », où Habib Diarra, Ibrahima Sissoko et Moïse Sahi Dion viennent suppléer Doukouré et Mwanga, logiquement cramés à force d’être en sous-nombre au milieu, et un Gameiro parfaitement mal à l’aise tout le match dans ce rôle de demi-ailier (21 ballons touchés, soit le tiers d’Ângelo Gabriel, et une position moyenne à hauteur de Mwanga et Senaya, au niveau de la ligne médiane).

Le Racing termine donc son match avec le système suivant :

Equipe


S’ensuivra la période de pression habituelle du Racing avec ce système volontairement déséquilibré vers l’avant, face à un adversaire regroupé et ayant fait le choix d’intégrer des joueurs avec des profils plus défensifs en cours de match (Pierre-Gabriel à la place de Coco, Pallois à la place de Merlin ou Moussa Sissoko à la place de Chirivella)
Une attaque/défense où les Nantais ne se montreront plus dangereux (à part une frappe de Mollet à la 84ème) alors que le Racing réduira le score par l’intermédiaire de Sahi Dion sur un beau dédoublement côté droit entre Ângelo et Senaya. On notera que cette période de domination aura été rendue possible par le gros travail de Sissoko et Diarra qui auront coupé systématiquement les tentatives de contre-attaque nantaises et un bloc défensif très haut qui aura permis de maintenir le jeu dans le camp adverse.
Comme quoi, jouer haut est une piste intéressante quand les joueurs créatifs vous manquent.

Score final, 2-1 pour Nantes et une Meinau, déjà bien vidée, qui siffle abondement son équipe.

Plus globalement, ce match est une parfaite illustration des contradictions de Patrick Vieira d’un point de vue tactique.

Il appelle à la patience dans chacune de ses discours et annonce un projet de jeu ambitieux qui nécessite une mise en place sur la durée. Pourquoi pas ? En qualité de supporters du Racing, je peux trouver ce discours cohérent avec le changement de cycle sportif et financier du club.

Mais alors, pourquoi ces changements incessants de formations, de principes tactiques, de joueurs ?
Pour qu’un effectif intègre des principes tactiques, créer des automatismes, monte en gamme collectivement, le minimum que doivent faire le nouveau coach du Racing et son staff, c’est de définir un objectif de projet de jeu STABLE.
4-4-2 à plat, 4-3-3 pointe basse, 4-2-3-1, 5-3-2, 3-4-3, 4-2-4 façon « Brésil 58 », jeu de possession, de transition, bloc bas/haut… au final, peu importe, mais Patrick Vieira doit, pour la première fois depuis son arrivée, figer ses grands principes de jeu et s’y tenir, même dans la difficulté.
Lui-même déclarait après le match de Lens que « l’émotion est mauvaise conseillère », pourtant il revoit entièrement sa copie à chaque contre-performance.

Enfin, il est temps pour l’entraîneur strasbourgeois d’utiliser l’effectif recruté par sa direction pour coller au nouveau système de jeu.
S’il veut passer à quatre derrière, qu’il utilise des défenseurs aptes pour ce système. Exit les Nyamsi et Perrin (et qu’un vrai arrière gauche soit recruté cet hiver à la place de Delaine).
S’il veut relancer depuis l’arrière, que Doukouré et Sylla soient titularisés en charnière et Mwanga devant cette défense.
À ceux qui objecteront d’un manque d’expérience, je les invite à revoir le match de vendredi. Ce sont les « anciens » qui se sont noyés et les jeunes qui ont surnagé.
Il y aura des erreurs, il y aura des manques, il y aura sans doute de l’irrégularité dans les performances, mais il y aura nécessairement des progrès, peut-être individuels, mais assurément collectifs.

Le principe même d’un nouveau projet c’est d’être rigide, grossier, d’être défini seulement dans les grandes lignes. La flexibilité et la nuance, les variations continues ne peuvent exister que dans un projet déjà établi et maîtrisé collectivement.
Après 8 matchs de championnat, on ne peut pas repartir d’une feuille blanche à chaque rencontre.
La pré-saison dans laquelle le Racing se trouve encore doit se terminer rapidement. Il y urgence à construire un collectif.
Le temps des essais est révolu.

Patrick Vieira dispose maintenant de 15 jours, puis de deux matchs sans pression du résultat (à Paris et Rennes) pour travailler et fixer son projet tactique pour le reste de la saison.
C’est au soir du match face à Clermont que la Meinau risque de refaire les comptes.

knack90

Commentaires (9)

Flux RSS 9 messages · Premier message par strohteam · Dernier message par sebi

  • Merci d’avoir mis un peu d’analyse dans cette bouillie. Pas forcément d’accord avec tout (notamment Nyamsi-Perrin qui s’en sortent pas si mal je trouve) mais y a du recul, salutaire !
  • on pourrait pas le faire publier dans les DNA cet article???? Merci Knack 90 qui est en fait un vrai knacki ball...
  • C'est toujours aussi plaisant de lire tes analyses objectives. (+)
  • Bravo pour ce bel article, très intéressant ! (+)
  • Du bonheur à lire. Merci!
  • Citation:
    Exit les Nyamsi et Perrin (et qu’un vrai arrière gauche soit recruté cet hiver à la place de Delaine).
    On en a un, il s'appelle Sobol, il jouait la Ligue des Champions il y a 2 saisons, il faudrait juste se rappeler dans quel placard on l'a rangé et voir s'il fonctionne encore.
  • Le placard a été coulé dans le Rhin, quant au fonctionnement de Sobol, disons que la demi-saison passée il était très défectueux.
    Je n'ai lu nulle part qu'il ait enchanté le public tel Sanson qui mit 2-3 matches à retrouver le rythme.

    A la décharge de Sobol accordons lui deux points:
    • "Vieux con" à son arrivée selon l'optique actuelle puisque ce préretraité avait 27 ans.
    • N'a couté que 2,5 M€, montant suspect selon la vision actuelle.


    Serait il en mesure de retrouver le talent qui figurait dans le prospectus de vente de son agent?
  • Toujours intéressant et bien sûr entièrement d'accord pour une charnière Doukouré/Sylla et Mwanga en 6, déjà discuté sur le forum.
  • Merci pour l'article, et toujours intéressant de lire tes analyses tactiques !

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