RCS - Lille, côté tribunes

Habitué des envolées lyriques sauvages du Kop, j'ai eu pour ce RCS-LOSC l'occasion d'assister à la rencontre depuis la tribune Sud Haute. Je dois concéder que c'est plein d'appréhension et de préjugés que j'ai pris place au sein de cette tribune. Vu du Kop, ce sont en effet eux les méchants qui ne chantent jamais, ne se lèvent pas lors des olas, qui sifflent à la première occasion le Racing. Les mauvais résultats sportifs aidant, je me délectais au fond de moi face à l'idée de rapporter ici toutes les injures beaufisantes proférées et autres invocations du retour de Gilbert Gress, et ainsi de rédiger un article assez croustillant. J'en fus pour mes frais, je n'ai en fait vu que des gens qui regardaient leur match tranquillement et silencieusement. Nous sommes très loin de l'ambiance du Maracana, mais au moins, ils ne font pas de mal.

Pourtant c'est parti très fort et je pensais me régaler lorsqu'au bout de 4 minutes et 11 secondes de jeu, les premiers sifflets stridents retentirent pour saluer une entame de match très fébrile d'un Racing en plein doute. Ca commence très fort et je m'attarde sur deux fans, portant des maillots floqués des noms de Pagis et de Niang, accoudés en Populaires qui vociférèrent divers propos fleuris. Je crois alors tenir les grands gagnants de la soirée. Mais si la reconstitution de ce duo m'a fait dans un premier temps rêver, il n'a pas tenu les promesses du début de match, loin de là.

Il faut dire que le Racing, après un début de match poussif, a le mérite de tenter de forcer son destin. Si le niveau de jeu affiché reste brouillon, la bonne volonté est là. Si bien que lorsque la mi temps est sifflée, la réaction de la Meinau est contrastée. Si des sifflets sanctionnent la pauvreté du spectacle proposée, des applaudissements saluent la volonté de bien faire.

Ce qui est bien en tribune Sud, c'est qu'outre le fait de voir le match presque mieux à la télévision, nous avons une vision globale des différentes autres tribunes. Nous avons ainsi pu pleinement admirer le tifo proposé par le KCB, un jet d'avions en papier et une banderole disant un truc du type « Prenez votre envol ». Ce tifo est un peu à l'image du Racing de ce soir, ce n'est pas beau à voir, il n'y a aucun rendu, mais il y a un effort louable à saluer, ici dans l'originalité. Pour ma part, l'idée m'a bien fait sourire. Pour le reste, il est vraiment impressionnant de voir de la Sud la division dans le Kop. Seule la partie basse mérite finalement ce nom par son activité, ses chants, ses gestuelles, ses drapeaux. Tout ce qu'il y a au dessus des entrées ne bouge pas, ne participe pas. On a vraiment l'impression qu'il s'agit d'une Populaire tout ce qu'il y a de plus banal. Vu de l'autre bout du terrain, la cassure est vraiment flagrante.

Autre fait marquant, une découverte : Saviez vous que la Vague Bleue du CCS, située en quart de virage Sud Ouest, possédait un tambour ? Ils en jouèrent à la 36e minute de la rencontre. Ce fut la seule manifestation notable de leur part durant ce match.

En seconde mi-temps, après que les UB90 aient sorti leur traditionnelles banderoles en faveur du football populaire contre le foot business, le stade se déchaîne contre l'arbitre, coupable d'avoir expulsé Rodrigo. Il faut dire que vu de la Sud, cette expulsion est vraiment vache. Quelques insultes sodomites, le Racing qui a une réaction d'orgueil face à ce qu'il perçoit comme une injustice, la Meinau gronde de plaisir et applaudit Kévin Gameiro qui court comme un dératé pour presser Sylva lors d'une passe en retrait avant de piquer un nouveau sprint pour récupérer le ballon des pieds d'un Lillois au milieu de terrain. C'est beau, le maillot est mouillé, mais c'est malheureusement le LOSC qui déflore le tableau de marque à six minutes de la fin. Douche froide sur la Meinau, une partie de la tribune Sud quitte le stade pour éviter les embouteillages. La tribune se vide, tel un évier remplit d'eau auquel on aurait retiré le bouchon. En face, les UB90 débâchent mais le Kop encourage encore vaguement. Nous découvrons alors dans le secteur visiteurs la présence de supporters lillois, notamment des Dogues d'Alsace, qui lancent 2-3 chants à la gloire du LOSC. Ceux-ci sont restés amorphes tout le long de la rencontre. La ferveur du public lillois est très loin d'être au niveau du jeu de cette équipe et des résultats du club ces dernières saisons.

L'arbitre siffle la fin du match, sonnant le glas des espoirs strasbourgeois, qui en sont à quatre défaites en championnat sur les cinq derniers matchs. Une très mauvaise série qui risque de leur être fatale pour le maintien en L1. La Meinau siffle, mais pas plus que cela. La tristesse et la déception l'emportent. Pire peut être, la résignation.