Et vive la désintégration artistique de la platitude manichéenne!

15/03/2008 00:34
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Mon article "Vaincre le syndrôme Hans im Schnockeloch" date de 2004. A l'issue du match contre Metz, sa teneur est toujours actuelle, dramatiquement actuelle.
Un jour de début mars de l'an de grâce 2008, de sombres cohortes d'êtres purs ont surgi de toutes parts. Des Savonarole prêts à faire subir l'ordalie à Philippe Ginestet, des Saint-Just déterminés à faire tomber la tête de Jean-Marc Furlan dans la sciure, des Paul Préboist convaincus que leur équipe à poil avaient besoin d'un curé pour les emmener à Lourdes soigner leurs pieds carrés et leurs bijoux de famille atrophiés, des Jean-Marie Proslier sûrs de faire signer aux joueurs du Racing une convention obsèques Norwich Union puisqu'ils ont léché et ramassé la casserole sochalienne puis bu le calice messin jusqu'à la lie.

Nos belles âmes, globalement avares de compliments quand le Racing fait mieux que ce que ses moyens devraient lui permettre, sont pires que des girouettes, ce sont des champs d'éoliennes. Ou plutôt, non, car l'éolienne produit de l'énergie, là où tout cela ne fait que brasser de l'air en pure perte. Cela fait du bruit, oui. Le bruit inverse de celui d'il y a quelques mois, le bruit inverse de celui de demain, un bruit plus ou moins fort, question de sens du vent. On ne sait plus trop avec ce public présentéiste. La temporalité est incertaine, les montres sont molles.

Au contraire, à l'issue d'un match, les idées de la communauté sont, quel quel soit le score final, d'une parfaite monochromie. Le Racing vainqueur a encore un long chemin à faire pour parvenir à représenter la Terre en Ligue Galactique, et le Racing, s'il perd un match, doit réunir son effectif complet place Kléber et pratiquer le seppuku rituel. Toute autre possibilité intermédiaire n'existe pas.

Créativité dans l'esprit supporter?
Et le supporter moyen, s'il ne partage pas ce pessimisme, n'est pas courageux. Une victoire est un sursis, une défaite ne saurait être autre chose qu'un non-match, une déroute, une Bérézina. Effet panurgien oblige. Le maréchal Gouvion-Saint-Cyr fustigeait la "platitude" de la Cour napoléonienne, les conversations convenues dans le sens présumé du seigneur du jour. Parfois, inversement, on s'extasie à la demande sur tel ou tel joueur, plus ou moins intronisé sauveur du Racing le temps d'un match ou deux, à grands coups de formules toutes prêtes dignes d'une manchette de l'Equipe. Brisons cette platitude manichéenne, ne nous laissons pas influencer par ceux qui parlent le plus fort. Ils n'ont pas forcément raison.

Ces derniers temps, depuis le match contre Metz, le concours Lépine de la pire avanie contre le Racing a repris de plus belle. Pourquoi ne pas insuffler un peu d'esprit supporter véritable dans cette vague de créativité langagière? Cela changerait un peu de nos ratiocinations sur le Racing d'antan. Le Racing de 79 c'était mieux mon bon monsieur, il avait une âme ma bonne dame. Mais, si l'on veut revenir à un Racing passionnant et emblématique, il faudrait peut-être que chacun se sente concerné et y mette du sien! Hans im Schnockeloch, Hans im Schnockeloch, Hans im Schnockeloch, hier, aujourd'hui, mais pas demain, pitié!

En résumé: vive la désintégration artistique de la platitude manichéenne. C'est du Dali au rabais. C'est notre seule issue, surréaliste sans doute aux yeux de nombreux spectateurs, mais il faut avoir la foi, et emprunter cette porte étroite. Et ciel. Et blanc. Et parabolique. Et vice et versa.

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