Il en manque une... sans faire bouger l'autre

03/01/2008 00:52
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Un homme averti n'amasse pas mousse. Le théorème de Beetlejuice est exact, sauf si l'adversaire du joueur sanctionné d'un carton jaune se relève et se fait justice spontanément, en faisant tâter un peu de pelouse à son agresseur.

C'est idiot, mais, bien que juriste, serviteur de l'Etat, de la Loi, de la Justice, je garde toujours un souvenir ému de ces matches arrêtés, inarrêtables souvent, qui échappent complètement aux hommes en noir (ou en rose, ou en jaune, ou en écrans publicitaires), et qui, parce que la sale gueule de l'un ne convient pas à son patibulaire opposant et réciproquement, dégénèrent en bataille de poissons pas frais, le pauvre arbitre n'étant qu'un Assurancetourix armé d'un sifflet en lieu et place d'une lyre, chétif maître du jeu qui ne maîtrise plus rien et qui, à la première occasion, se fera ligoter, baîllonner, estourbir au besoin.

J'ai aimé Cantona, j'ai aimé Bianconi, et, si je ne les connais pas tous, j'ai une sympathie spontanée pour tous ces gens de la galerie de portraits du site www.uglyfootballers.com, ceux dont on se dit que, si on les croisait dans la rue, on aurait envie de leur demander comment se passe leur réinsertion.

C'était le bon temps, celui où les joueurs avaient du goût, de la couleur, même s'ils n'apparaissaient pas en 16/9 haute définition sur les écrans télé. Nos joueurs de caractère, dans les années 2000, n'assument pas leur animalité, ce sont des fourbes, ou alors des dobermann, dressés pour tuer froidement, sans passion aucune. Le football est professionnel ou n'est pas. On casse toujours les tibias, on marche toujours sur les tendons d'Achille tout juste déplâtrés, on insulte toujours l'adversaire, mais, face caméra, tout le monde il est navré, tout le monde il déplore le regrettable incident, tout le monde il dit que la mère de Zidane est une éleveuse de champion.

Parfois on s'oublie, on se met une beigne ou deux. Plutôt des seconds couteaux d'ailleurs, les grands ont de la tenue, voyons. Dommage.

Comme dirait Napoléon, même les forts en gueule du football n'ont plus ce qui, dit-on, fait les braves. Il est l'hoor, Monseignoor, de montrer que vous êtes le plus fort? Pas possible, il en manque une. Circonstance aggravante, ils en sont fiers. Il est vrai qu'à l'heure où une publicité pour du shampooing rapporte plus que les primes de match, il serait dommage de se priver pour de futiles questions de fierté combattante, ou, plus dérisoire encore, d'honneur du maillot...

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