Au jour le jour


2009 avec un vieux?

30/12/2008 14:18
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Notre Racing n'est pas mauvais, mais il n'est pas enthousiasmant non plus. Pour que la remontée se transforme en marche triomphale, il lui manque, dans l'effectif, une figure emblématique et tutélaire. Laquelle? J'ai une petite idée...

Vanitas vanitatem et omnia vanitas. Depuis dix ans -déjà!- et les premiers effets et méfaits de l'ère Proisy, les supporters du Racing ont porté aux nues un certain nombre de joueurs. Entre fausses valeurs, imposteurs complets et bons joueurs inaptes à la fonction de porte-drapeau pour toutes sortes de raisons, peu d'entre eux ont durablement marqué les esprits, et méritent de voir leur nom associé à une équipe. Il y eut le Bayern de Beckenbauer, il y a le Liverpool de Steven Gerrard; mais qui pour symboliser le Racing alors que nous entrons dans l'an de grâce 2009? Une chose est certaine: il faut un grand capitaine à Strasbourg, un homme charismatique, porteur de symboles sinon de valeurs, doté d'une expérience et d'une notoriété suffisantes, un joueur pesant sur le jeu autant par ses qualités individuelles que par son aura rejaillissant sur l'ensemble de l'équipe, un Phénix des hôtes de la Meinau.

Qui pourrait correspondre à ces critères?

Cela ne saurait être un gardien de but, bien que, sur les dix années écoulées, deux d'entre eux, Alex Vencel et Stéphane Cassard, soient sortis du lot. Stéphane Cassard est un joueur de l'année multirécidiviste, mais il est au football ce que le napoléon du grand-oncle-vieux-garçon-radin est à l'économie en cette période de crise financière, la valeur-refuge qui vaudra toujours un tant soit peu quelque chose quoi qu'il arrive. Mais pas un premier violon capable de pousser l'équipe à passer des tréfonds au podium de la première division comme en 77-78. Que penser du choix d'un gardien comme référence dans un club qui yoyote entre l'élite et la Ligue 2? Qu'il n'a pas fini de yoyoter. Exit Cassard donc. Idem pour les défenseurs, respectables, respectés mais rarement fédérateurs pour les foules, et pour les attaquants car souvent trop limités dans leur registre. Non, le mieux, ce serait un milieu, à vocation offensive de préférence.

Stéphane Cassard a un autre défaut: il est vraiment trop avancé dans sa carrière. 36 ans pour un gardien, passe encore, mais, pour un milieu offensif, cela relève de l'hospice. Expérience oui, gâtisme non. 30 ans serait préférable. Par ailleurs, à cet âge doit correspondre un tant soit peu de fidélité au Racing: pas question, dans notre club si fier de son identité, de se livrer à un mercenaire, à un blanc-bec, ou à un intermittent du spectacle. Exit Gargorov et James Fanchone donc, auxquels certains seraient pourtant tentés d'accorder des réductions d'ancienneté au mérite.

En plus, une partie du public, nostalgique de la saison 1979 et des Gemmrich, Tanter ou Specht, appelle de ses voeux un nouveau héros pas forcément issu d'une noble et très ancienne famille alsacienne, mais, tout de même, au minimum, sorti de la filière de formation régionale.

Pour que tout soit parfait, l'oiseau rare devrait avoir une trajectoire de héros moderne. Pas un chevalier blanc, sans tache, vierge jusqu'au mariage, plein de bons sentiments, courageux, moral, n'ayant jamais connu l'échec. Non. Le Racing n'a pas besoin d'un Charmant. D'un Schrek non plus d'ailleurs; la gent féminine, ça achète des produits dérivés et ça scande le nom de son chouchou au stade, alors mieux vaut que, sur un plan esthétique, notre homme fasse plus envie que pitié. Définitivement, l'heure est aux personnages ayant connu grandeur, décadence et rédemption, aux résilients chers à Boris Cyrulnik, aux fils prodigues de retour au bercail après de coupables errements, à d'anciens chiens fous qui, engagés sur le second versant de leur carrière, trouveraient enfin la paix.

L'heure est à Pascal Johansen.

Dans la mesure où un tel profil n'existe pas dans l'effectif actuel, et où notre Pagalou se morfond à Metz, son second retour au bercail est toujours envisageable, une fois le sérieux obstacle psychologique posé par ses "exploits" récents surmonté.

Depuis ce 23 octobre 1999 où, en CFA, il marqua de la tête à la 2e minute contre Lille, jusqu'à sa désertion de mai 2008, ce joueur m'aura accompagné, comme il aura accompagné les supporters strasbourgeois durant une décennie. Rarement pour le meilleur puisque meilleur il n'y a guère eu, pour le pire du pire en revanche, avec son naufrage moral des derniers matches en 2008, ses déclarations à la presse aussi lâches que fracassantes, ses transferts au lance-flammes précédant un retour piteux au bercail, notre Colmarien ne nous a rien épargné.

Pourquoi le reprendre alors? Parce qu'à bientôt 30 ans, le 28 avril prochain, Pascal Johansen a passé dix ans de sa vie professionnelle au sein du Racing. Parce qu'il a déjà affronté un come-back la queue entre les jambes, avec un public hostile suite à ses jérémiades dans les DNA lors du mémorable match RCS-OM d'octobre 2003. Parce que sinon, il faudra confier ce rôle à Guillaume Lacour, et Guillaume, on l'aime bien, mais le directeur marketing du RCS, pour sa part, possède un avis plus mitigé. Parce que James et Jean-Alain Fanchone vont finir comme les frères Farnerud, et que Jean-Alain, Haut-Rhinois comme Johansen, n'a que 20 ans. parce qu'à force d'alternativement le porter aux nues puis de le descendre, il est tellement connu qu'il fait un peu partie des meubles. Parce qu'on sait que, même s'il n'est pas le porte-drapeau tant attendu, au moins l'effectif cessera d'afficher un caractère incolore, inodore et insipide, avec, toutefois, les garanties offertes par la jurisprudence Belghazouani en cas d'écarts de conduite inacceptables.

Oui, il faut reprendre Pascal Johansen. Les années de plomb 1998-2008 ont été les années Johansen, mais, paradoxalement, le Colmarien pourrait se voir offrir un grand dessein: celui de jouer les passeurs vers un Racing nouveau. Il peut faire de son bilan controversé l'hiver qui annonce le glorieux printemps, il peut incarner le sage qui, fort des leçons tirées de ses échecs passés, gardera son groupe des chausse-trappes dans lesquelles lui-même n'a cessé de tomber.

Une pétition sera-t-elle lancée pour réclamer son re-re-recrutement au président Ginestet?

Quoi qu'il en soit, une bonne année 2009 à tous les stubistes et à notre Racing, avec ou sans Pascal Johansen.*
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