Le Racing des années 20
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filipeEn décembre 1922, le Racing est parti en tournée en Algérie. Quelques mois auparavant, pour organiser les matchs, le club a envoyé des lettres aux différents présidents de clubs algériens, dont celle-ci :
Strasbourg, le 28 juillet 1922
Un ami de votre club nous ayant communiqué votre adresse nous nous permettons de vous écrire concernant ce qui suit.
Notre première équipe devant se rendre dans votre région pour les FETES DE NOEL et du JOUR DE L'AN, nous vous demandons s'il serait possible de conclure un match avec votre honorable Société pour une des dates suivantes 24 26 28 30 31 décembre 1923, ces dates peuvent être inversées en prenant par exemple le 25 27 etc.
Notre équipe première sera la saison prochaine une des meilleures. Dans les buts notre goal est le sélectionné de l'équipe d'ALSACE, nos 2 arrières très précis dont l'un sélectionné, l'autre international SUISSE.
Notre ligne de demis très forte a un jeu de combinaisons avec les avants très intéressant à suivre, au centre l'international Suisse WYSS II, dont le jeu précis et scientifique et remarquable est très goûté du public ; jeu de tête admirable ; excellent en défense comme en attaque.
Notre ligne d'avants, la plus forte d'ALSACE, comprend 2 sélectionnés et 2 Internationaux, tous ces joueurs ont une grande technique.
Suivent maintenant plusieurs résultats de fin de saison dernière. Dans un tournoi à PRAGUE : victoire difficilement gagnée par l'équipe renommée du S.K. SLAVIA par 3-1 ; de même S.K. VARSOVICE avec 2 pennaltis par 2-1 ; le 3ème match a vu notre victoire sur l'excellente équipe de la Ligue de Prague NUSELSKI par 2-1. C'était la première fois après l'Armistice qu'une équipe de la Ligue de PRAGUE ne soit pas vainqueur. Nous vous citons encore : battu le C.A. MESSIN, Champion de Lorraine par 2-0, le Champion de Luxembourg par 3-1, le F.C. Lausanne par 8-0, le F.C. Yverdon par 5-1. Concernant notre classement dans le championnat d'Alsace veuillez tenir compte que plusieurs matchs gagnés nous ont été comptés comme perdus, la licence d'un de nos joueurs n'étant pas en règle.
Au dernier tour du championnat les résultats de notre équipe étaient :
Contre S.C. RED STAR nul 2-2 ; S.C. Sélestat (champion d'Alsace) gagné 1-0 ; F.C. Mulhouse (Ex-Champion d'Alsace) 1-0 ; F.C. Strasbourg 1906 1-0 ; F.C. Lingolsheim 3-0 ; F.C. Bischwiller 2-0
Ces résultats démontrent suffisamment la valeur de notre équipe qui augmentera encore par l'entrée de 3 nouveaux joueurs Internationaux ou Sélectionnés.
Comme indemnité nous ne demandons que nos frais de déplacement qui seront tout calcul fait de 18 à 20.000 Frs : soit environ 3 000 par match.
Veuillez nous dire par un prochain courrier si notre projet vous intéresse et même si vous pouvez vous entendre avec des clubs amis pour l'organisation du Tournoi.
Dans l'attente de votre réponse veuillez agréer, Messieurs, nos salutations les meilleures.
Et la réponse d'un des clubs, l'A.S. Boufarik :
Boufarik, le 7 août 1922
Mon cher Monsieur,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 28 juillet et vous remercie d'avoir pensé à nous.
Veuillez d'abord m'excuser si je me permets de vous donner un conseil au sujet du voyage que vous projetez en Algérie en décembre prochain. Tout me laisse supposer que la lettre que vous m'avez adressée a été également envoyée à d'autres clubs du département d'Alger et surtout à des clubs d'Alger même, notamment à l'A.S. Montpensier, le Gallia-Sports ou encore l'A.S. Saint-Eugenoise qui jouissent de la faveur du public de la Capitale d'Afrique du Nord et qui sont sûrs de réussir dans une pareille entreprise ; il faut en effet que vous sachiez que la somme fixée par vous (18 à 20.000 frs) pour ce déplacement ne peut être récupérée qu'à Alger, ville de près de 250 000 habitants, possédant un stade municipal parfaitement aménagé.
Si le temps est beau, le club organisateur peut très bien vous allouer pour 2 matchs à jouer les Dimanche 24 et Lundi 25 décembre à Alger la somme de 14 à 15.000 francs, vous pourriez ensuite essayer de conclure, pour la somme de 2.500 francs, un match à jouer le dimanche 31 décembre, à Blida, avec le Football-club de cette ville, champion du département d'Alger et le lendemain nous consentirions à vous recevoir sur notre terrain en vous allouant une somme de 1.500 francs, ce qui ferait en tout la somme demandée par vous.
Je ne dois pas omettre de vous dire qu'une fois à Alger, les déplacements que vous serez appelée à effectuer pour les deux rencontres de Blida et de Boufarik sont insignifiants. En effet, Blida ville de 30.000 habitants se trouve à 50 kilomètres d'Alger environ et Boufarik, ville de 12.000 habitants n'est distante d'Alger que de 35 kilomètres, toutes deux sur la voie ferrée d'Alger à Oran.
Match contre l'AS Marine d'Oran les strasbourgeois sont en blancs :
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merci filipe ca fait toujours plaisir de découvrir ou de redécouvrir,l'histoire de son club. (+)
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Tain mais c'est des documents exceptionels que tu nous scans là!!!
Franchement merci c'est géant!
J'aime bien le coup de la pub sous la compo!
Si tu veux etre un bon sportif adopte le vin Grand Cherif!! :)) -
J'aime assez aussi comment l'AS Boufarik esssaye d'avoir discrétement le Racing à moitié prix, en conseillant de faire payer double les clubs d'Alger pour que le club rentre quand même dans ses frais :D (+)
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Ca devait être un sacré déplacement qu'une tournée en Algérie dans les années 20. Plus marquant qu'une mise au vert en tous cas.
C'est quoi ces histoires de Championnat d'Alsace ou de Mosèle là? -
Si mes souvenirs sont bons le championnat national n'existe que depuis 1932 ?
Pour des raisons d'amateurisme et de transports peu dévelopés, les déplacements hebdomadaires aux 4 coins de France devaient être injouables à cette époque! -
Je profite de ce sujet pour faire la pub de 3 articles racontant des chroniques de l'année 1922 au Racing: au programme, le championnat d'Alsace, les nombreux matches amicaux contre d'autres équipes européennes, la préparation du déplacement en Algérie pour les fêtes de fin d'année, une disqualification en coupe de France pour non respect d'une règle que les dirigeants ne connaissaient pas....
Partie 1, Partie 2, Partie 3 -
dis filipe tu l'a trouvé ou ce document?
Tout ce qui est histoire du club m'intérèsse beaucoup,pour mes archives,et celui la je ne l'avais pas encore. -
Pour [login=rcsforever ]: c'est trouvé dans la Grande époque du football alsacien 1920-1966 de Pierre Perny
, que tu trouveras à la bnus.
Sinon si tu cherches un peu par ailleurs, en faisant preuve d'imagination dans le choix de tes mots-clés à la bnus ou la bms, tu trouveras plein de documents magnifiques sur l'histoire du club et des petites anecdotes qui personnellement font mon bonheur :)
Sinon, comme dans les années 20 il n'y avait qu'un championnat régional (donc à peine une vingtaine de matchs à jouer) en plus de la coupe de France, les matchs amicaux et les tournées à l'étranger permettaient de s'occuper et de varier un peu les oppositions. D'ailleurs en 1922 le Milan AC était venu à Strasbourg non pas pour jouer contre le Racing mais face à l'AS Strasbourg (du côté du wacken).
Dans le fond faire une tournée en Algérie (encore française) devait pas être tellement plus compliqué à organiser à l'époque qu'un autre déplacement en France (pas moins compliqué non plus, c'est vrai) et sans doute que les colonies étaient friandes de ce genre de réceptions.
Il me semble que dans les années 60 une autre tournée en Afrique noire cette fois avait été organisé (où la plupart des strasbourgeois étaient malades comme des chiens durant tout le séjour il me semble).
Visiblement cette tradition des tournées c'est un peu perdue ensuite avant de réapparaître depuis quelques saisons pour les clubs les plus riches (tournées en Asie et USA surtout. Par contre, plus rien en Afrique... c'est vrai que là bas, on s'en fout, il y a pas d'argent à récupérer).
Aujourd'hui on a du mal à se le représenter mais le championnat d'Alsace dans les années 20, c'était quelque chose : l'AS Strasbourg, le Red Star Strasbourg, le Racing, le FC Mulhouse, Sélestat et Bischwiller se tiraient une sacrée bourre et c'était souvent des gros matchs. D'autant que dans la plupart de ces équipes, il y avait des internationaux français ou étrangers (des tchèques, anglais, suisses) : d'ailleurs pour les JO d'Anvers 1920, il y avait pas moins de 3 alsaciens dans la sélection (Roth et Bongard de l'ASS et Kuntz de Sélestat).
C'est à partir de 1922 que le Racing commence à avoir quelques résultats, comme jeanclaude le montre sur son stublog (+) . Avec notamment cette anecdote sur la non qualification de Wyss dont on parle aussi dans cette lettre envoyée aux algériens.
Faire jouer un joueur non qualifié, perdre bêtement des points en championnat, avoir deux joueurs suspendu 6 mois et se faire disqualifier de la coupe de France, tout ça en quelques semaines... pffff fichu club ! :))
Pour finir sur une bonne note : le logo du Racing en 1922 (la qualité est pas géniale mais on voit l'idée, hein zitelli
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merci pour toutes tes infos filipe c'est trés intéressant. (+)
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Ben vous savez quoi? Je le trouve super chouette le logo du Racing des années 20! zitelli, tu pourrais nous le refaire en haute définition?
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filipe a écrit : Pour [login=rcsforever ]: c'est trouvé dans la Grande époque du football alsacien 1920-1966 de Pierre Perny , que tu trouveras à la bnus.
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En vla un résumé (avec photos (+) ) ICI -
filipe a écrit : Faire jouer un joueur non qualifié, perdre bêtement des points en championnat, avoir deux joueurs suspendu 6 mois et se faire disqualifier de la coupe de France, tout ça en quelques semaines... pffff fichu club ! :))
Pour la disqualification en coupe (à l'époque, un étranger ne pouvait participer à la coupe de France que s'il était en France depuis plus de 6 mois, le Racing fit jouer un Suisse contre Lyon), à la décharge des dirigeants, il faut voir que les moyens de communication étaient très limités, il se peut très bien qu'ils n'aient pas eu connaissance du point de règlement à l'origine de la disqualification.
Je me rappelle aussi avoir lu une interview d'un ancien international, à son époque la plupart des internationaux jouaient dans des clubs parisiens. Il disait que pour un provincial, la seule chance de se faire remarquer était d'être bien vu par les journalistes, puisque la presse était quasi le seul moyen pour le sélectionneur de connaitre leurs performances. -
Tout cela est formidable. Merci beaucoup ! D'autre part, si vous avez des infos sur Ernest Gross, international du Red Star Strasbourg des années 20 (entraîneur de la "triste" Sportgemeinschaft SS durant la guerre), je suis preneur. (+)
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