Métastase du ressentiment

Si les classes se sont déversées dans les rues, ces dernières semaines, c'est probablement parce que les figures de l'autorité ont incité ces révoltes du doigt levé, facilitant l'hystérie et la petite-jouissance de l'impunité. Il suffit de faire une petite visite dans une salle des professeurs, pour constater l'ambiance pré-communiste qui y règne, le ressentiment qui fait fleur, la hargne idéologique et qui rendent d'actualité quelques pages des démons de Dostoïevski.
Jadis, assuré du magistère du Savoir, le professeur est devenu un prolétaire en jean, qu'il soit petit fonctionnaire ou gendarme entre ces quatre murs, il subit plus qu'il ne maîtrise. « Le géniteur d'apprenant », comme il aime à se nommer, n'est plus le maître. La salle des professeurs est un navire qui boite, s'y consument avec les mégots les angoisses, la peur, le dépit, la foi, l'égoïsme, l'impuissance, le mal être, le militantisme. Le professeur devra faire face aux élèves dissipés, qui n'ont aucune envie d'apprendre pour ne pas passer pour des "bouffons", qui sont de plus en plus agressifs, parfois violents, ceux qu'on appelle "les victimes des discriminations", ceux-là même, et il est le premier à le dire, "peuvent péter les plombs car toute les portes leur sont fermées", puis l'heure suivante, il devra affronter les bons élèves qui les yeux plein de morgue passent leur adolescence à des jeux d'insolence, de rouerie, maltraitant la science panique des « petits profs » L'élève au coeur du système s'est entouré de beaucoup d'ignorant.

Mais ne croyez pas qu'il est dépassé, demain, encore, il appuiera la manifestation, il passera un gros quart d'heure chaque cours durant à critiquer le gouvernement avec qui il travaille dans l'administration de la Nation. Assurément, il dénoncera les fascistes. Il regardera d'un oeil complice le saccage du matériel par les grévistes, tout en reclamant plus de moyens le lendemain, qui chante ce même refrain. Il sera émerveillé de la "conscience" de la jeunesse, des "victimes de la précarité".
En retour, il n'aura pas beaucoup d'empathie pour le bon élève de bonne famille, celui qui est dans le bon wagon des inégalités et qui, selon lui, profite du système. On entend souvent dans les salles de professeurs une jouissance à peine dissimulée à critiquer le fils d'un radiologue ou de notaire. On peut découvrir un ressentiment contre ces gens qui ne sont victimes de rien, et par conséquent responsables de tout. Alors le "prof" va militer pour le nivellement des capacités, car si tout le monde est en échec, plus personne n'est en échec. Il va cent fois préférer le coup de poignard d'un JV plutôt que la réussite d'un enfant de pharmacien, qui de toute façon va s'en sortir.
Et ainsi naquit dans les années deux mil, les premiers germes d'une haine farouche à la différence, que l'Administration avait ripoliné d'un mot bénin: "lutte contre les inégalités"

Commentaires (2)

Commentaire

Ne sera pas affiché, mais uniquement utilisé pour afficher votre éventuel gravatar.

Enregistre dans un cookie vos informations pour ne plus avoir à les resaisir la prochaine fois.

Annuler
Flux RSS Le stublog de Kgu
almendralejo1319729516.jpg

almendralejo

Voir son profil complet

Chargement... Chargement...