Minutes philosophiques

12/03/2007 12:35
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J'ai retrouvé ca au fond de mon ordi, et comme ces derniers temps j'ai du mal à convaincre, c'était le moment pour philosopher...
(Il faut que je precise que c'est une de mes copie de philo de terminale)


Alors,

Suffit-il d'avoir raison pour convaincre ?

Dès son plus jeune âge, l'être humain veut avoir raison. En ayant raison, il domine l'autre, il affirme son pouvoir sur l'autre. Ne dit-on pas lorsque nous avons gagné dans une opposition avec quelqu'un que nous "avons eu raison" de lui ? Mais suffit-il d'avoir raison pour convaincre l'autre ? On peut souligner d'ailleurs que dans le verbe convaincre, il y a le mot vaincre.On pourrait penser naturellement que lorsque nous avons raison, il est normal que l'autre soit du même avis que nous. Pourtant, en étudiant différents sens possibles de l'expression "avoir raison", nous allons peut-être découvrir que avoir raison ne suffit peut-être pas pour convaincre l'autre, pour lui imposer nos propres vues.


Avoir raison, c'est tout d'abord avoir la raison, c'est être en accord avec soi-même.
Avoir raison, c'est savoir éviter des contradictions à l'intérieur même de notre discours et de notre pensée. Quelqu'un qui a perdu la raison, c'est quelqu'un qui affiche des contradictions grossières dans ses paroles et dans ses actes. Avoir raison dans ce sens, c'est pouvoir rendre compte de ce que l'on affirme.
Pour avoir raison en évitant les contradictions, on essaie de raisonner et c'est ce qui conduit à construire une pensée raisonnable et cohérente. On peut évoquer ici Aristote qui a voulu instituer la logique, qui a cherché à définir les lois d'un pensée organisée et cohérente. La logique, selon Aristote, "cherche à mettre en évidence la façon dont les propositions s'élaborent et s'articulent les unes aux autres ".
On peut penser que cette manière d'avoir raison, celle d'être en accord avec soi-même, devrait suffire à convaincre notre interlocuteur. Pour imposer ses vues à l'autre, il semble bien que cette attitude de raison soit un minimum, sinon comment pourrait-on amener l'autre à penser comme soi si notre pensée n'est pas cohérente. Mais avoir raison ne se limite pas à cet accord avec soi-même. En réduisant la raison à une simple exigence de cohérence, la pensée ne peut plus alors que se répéter indéfiniment, et la réalité, avec ses apparitions de nouveautés, serait irrationnelle, c'està dire contraire à la raison.


Avoir raison, c'est être dans la vérité, c'est être en accord avec la réalité.
L'expression "avoir raison" est d'ailleurs très souvent employée dans ce sens. par exemple quand je discute avec une amie sur le nom de la capitale du japon, je suis obligée de reconnaître que j'ai tort si, après consultation d'un Atlas, la ville que j'ai indiquée se révèle fausse. Il y a dans l'histoire des ciences également des exemples de scientifiques qui ont reconnu qu'ils avaient tort après que d'autres leur aient fait la démonstration sur la base d'expériences que leur théorie était basée sur de fausses données.
Dans toute la réflexion, qu'elle soit philosophique ou scientifique, on essaie de coller à la réalité vraie. Pour atteindre la réalité et dépasser les apparences, les philosophes essaient ainsi de définir les lois de l'être dans son ensemble et c'est ainsi qu'on a pris conscience de principes rationnels comme le principe de causalité. Dans le cas de la science, le but est analogue : le scientifique essaie de découvrir les lois des faits, les lois qui déterminent l'apparition de tel ou tel phénomène. Ses idées ou ses hypothèses seront vraies si elles sont vérifiées par l'expérience. C'est aussi un travail de raison.

On pourrait croire que, dans ce cas, avoir raison doit emporter la conviction de l'autre. Mais le plus grand problème ici, c'est de savoir si l'on est bien dans la vérité, si l'on est en accord avec la réalité. Si certains principes ou certaines théories sont prouvées et indiscutables, il reste toujours de grandes marges d'incertitudes, des mondes à découvrir. Un événement ne s'explique généralement pas par une seule raison, par un motif unique et c'est là que la liberté de chacun permet de privilégier telle ou telle réponse plutôt qu'une autre et qu'il est très rare, sauf en régime de dictature, d'imposer une réponse unique et obligatoire.


Avoir raison, c'est être dans son droit, en accord avec ses convictions.
Ce sens est également courant : par exemple, on peut dire que les gens qui luttent contre les discriminations sont dans leur droit, qu'ils ont raison, puisque les droits des hommes sont les mêmes quelle que soit leur origine, leur sexe, leur religion et leur condition sociale. Raison prend ici le sens de raison de vivre, de raison d'être ou d'agir.
Pour agir en effet, nous avons besoin de nous appuyer sur des raisons qui sont fondées la plupart du temps sur des convictions, sur des principes. Si je m'engage dans la lutte contre le racisme, c'est parce que je crois à l'égalité entre êtres humains. Si j'agis pour la réduction des gaz polluants, c'est parce que je veux une planète habitable par tous dans les années à venir. Si je refuse la violence, cela peut être à cause de convictions religieuses ou morales qui m'auraient appris à respecter toute vie humaine...
Ces convictions peuvent être très fortes et je me peux me sentir complètement dans mon droit selon la force de ces convictions, mais cela reste des convictions "qui restent par définition subjectives et impossibles à fonder rationnellement" . Dans la discussion avec un autre, quelle que soit ma force de conviction et mon bon droit, je ne parvinedrai pas à le convaincre s'il ne partage pas ces convictions. Ce n'est pas le raisonnement qui l'emporte, mais la passion. Par exemple dans les discussions entre militants anti-racistes et militants d'extrême droite, les convitions de base sont différentes , les premiers s'appuyant sur les respect des droits de l'homme, les deuxièmes se référant à leur droit de vivre en sécurité et en paix. La discussion devient un affrontement entre deux passions et non pas entre deux raisons. On ne pourra alors convaincre l'autre que très exceptionnellement.


Nous rêvons tous, les politiques plus que tous les autres encore, de pouvoir raisonner de façon telle qu'en exprimant notre pensée, nous emportions l'adhésion des interlocuteurs. Descartes a tenté de mener ce type de raisonnement qui s'appuie sur une vérité certaine. Nous pouvons constater malgré tout que, même quand nous avons raison, même quand nous sommes capables d'exprimer clairement notre pensée, cela ne suffit pas à convaincre l'autre. Mais c'est peut-être un des signes que chaque homme garde sa liberté.


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Je garde espoir...

Message perso : Maintenant, essaye d'etre un peu plus convaincu

Commentaires (1)

Flux RSS 1 message · Premier message par nikotine · Dernier message par nikotine

  • En ce bas monde, malheureusement, avoir raison n'est pas suffisant pour convaincre. Combien de gens sont de mauvaise foi juste pour ne pas perdre la face et devoir reconnaître qu'ils se sont trompés ?
    les gens sauraient parler, échanger, écouter l'autre, argumenter, alors oui, on pourrait tous, sans mal, accepter de se ranger derrière l'avis de celui qui a raison. Mais les choses ne sont pas ainsi... Ah, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, décidemment !

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