Ecce Toro [Torino - Atalanta 2-1]

10/11/2008 09:48
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TURIN, le 30/10/08. Privé de victoire depuis la première journée de série A (Lecce était alors balayé 3-0), c'est un Torino dans ses petits souliers qui s'apprête à défier l'Atalanta en ce mercredi 29 octobre. Après 4 défaites consécutives et un revers cruel contre l'ennemi bianconero, le tifoso granata commence légitimement à penser qu'on se fout se sa gueule, lui qui espère depuis des années un retour en grâce d'un Toro conquérant. Petite plongée parmi des supporters en état de fébrilité.

Aux abords du Stadio Olimpico, on constate d'emblée que l'ambiance d'avant-match est plus que feutrée que d'habitude. Echaudés par une équipe en mal de grinta, beaucoup de fidèles décident de bouder et de rester chez eux ; pour la première fois depuis longtemps, l'affluence officielle n'atteindra pas les 15 000. Néanmoins, un semblant d'effervescence est palpable autour des buvettes, des stands de panini et des étals de tee-shirts estampillés « Torino ». Pour tuer le temps et sans doute le stress, des ragazzi s'amusent maladroitement avec une balle en plastique.

A l'intérieur du mythique ex Stadio Comunale, les joueurs entament leur échauffement dans une atmosphère glaciale, subissant quelques premières invectives. En face de la célèbre curva Maratona (fief des Ultras Granata et du Maratona Club), la curva Primavera affiche en grand un message clair : « Svegliatevi » (réveillez-vous). A l'annonce des compos, le capitaine Alessandro Rosina – dit « il Piccolo Principe » (le Petit Prince) – est sifflé par une partie du public. Comme un symbole de disgrâce collective.

Sur le terrain, le malaise semble se prolonger et prendre une tournure concrète. Empruntés et visiblement nerveux, les granata se montrent incapables de créer quoi que ce soit de positif. La confiance n'y est pas et même la passe en retrait représente dès lors un geste technique incommensurable. A la 13e minute, le défenseur Pratali remet mollement de la tête pour son gardien – Calderoni – qui sauve d'extrême justesse devant l'atalantino Ferreira Pinto. Du coup, le bloc des ultras de Bergame se transcende et fait résonner un Stadio Olimpico en état de consternation.

Pour sa part, la Maratona se motive pour assurer correctement un soutien vocal digne de ce nom, en l'occurrence plus par devoir que par enthousiasme. En effet, les joueurs du Toro ne sont que très rarement mordants et menaçants, tandis que les nerazzurri manquent sensiblement de punch dans leurs offensives. En somme, on est assez effaré devant le peu d'application des 22 acteurs. Passablement agacé, le public ne s'y trompe pas et se met à scander des mots d'ordre truculents tel « Vi svegliate o no ?» (vous vous réveillez ou quoi ?) ou encore « Tirate fuori le palle !» (sortez vos couilles !).

Sur le rectangle, Bergame rate de peu l'ouverture du score sur coup-franc à la 29e minute, alors qu'il faut attendre la 43e minute pour assister à un semblant d'occasion côté Torino : une tête de Stellone (signalé hors-jeu) qui s'écrase sur la barre de Coppola. C'est donc logiquement sous les sifflets que les joueurs regagnent les vestiaires, au terme d'une première mi-temps insipide.

Au retour de la pause, Abate prend le relai du transparent Rosina et, surprise, le Torino s'empare soudainement d'une âme combative et offensive. La Maratona apprécie le changement de rythme et hausse en conséquence le volume de ses encouragements. « Sotto la curva, segnate sotto la curva » (devant la curva, marquez-nous devant la curva) : les granata attaquent à présent face aux ultras, ce qui paraît produire son petit effet. Le pressing du Torino monte en puissance sous l'impulsion d'Abate et Rubin, lesquels servent alternativement les deux attaquants de pointe Amoruso et Stellone. A la 63e minute, Rubin s'échappe et transmet parfaitement à Amoruso qui marque joliment du talon. Le stade se libère, hurle son bonheur et se délecte de retrouver enfin un Toro avide de détermination.

Intenable, Rubin en remet presque immédiatement une couche en ajustant Coppola à la suite d'une belle action individuelle, lequel repousse sur Stellone qui reprend victorieusement. 2-0 après 65 minutes de jeu, la messe est dite... ou pas ! Quasiment dans la foulée de la furia granata, l'Atalanta réduit le score par Floccari qui gagne son duel face à Calderoni. Revenu en catastrophe, Diana semblait pourtant avoir dégagé in-extremis le ballon... derrière la ligne selon le juge de touche. Litigieux !

Branle-bas de combat, tout le monde sur le pont ! Il reste plus de vingt minutes et il faut désormais se battre pour conserver un succès ne tenant plus qu'à un fil. Comme un malheur n'arrive jamais seul, l'excellent Abate se blesse sur un contact rugueux et se voit contraint de sortir. La tension gagne de plus en plus les travées, mais Bergame affiche un visage bien trop gentillet pour inquiéter sérieusement une défense turinoise compacte et décidée. Uni dans la souffrance, le stade se lâche bruyamment à chaque duel remporté par les siens.

Finalement, c'est sans rebondissement ultime que la partie s'achève, dans le soulagement général que l'on peut imaginer. Bien que peu épargnés en première période, les joueurs saluent respectueusement leur public, avant de s'engouffrer assez rapidement vers les vestiaires. Tout le monde respire, les trois points font un bien fou, mais dans la tête des tifosi il ne s'agit là que d'un sursis momentané. A défaut d'avoir été flamboyant, le Torino aura au moins retrouvé sa sacrosainte grinta.

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