hommage a un grand supporter du racing

16/12/2013 18:42
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Le Racing dans la peau

Du plus petit au plus grand, dans la famille Harnisch, on vit au rythme du Racing. (Photo DNA - Christian Lutz-Sorg)
Il dit que le jour de sa mort, il se fera incinérer avec le maillot du Racing sur le dos, comme son père avant lui. Trente saisons tout rond que Thierry Harnisch a le sang bleu, couleur Racing. Il consacre au club strasbourgeois l'essentiel de sa vie, de ses loisirs et de ses économies.
Affiché comme un Saint-Sacrement, la photo de Pagis trône sur la table de chevet, près d'une lampe à l'abat-jour commémorant une demi-finale de coupe de France. Elle est installée sous un ex-voto et en vis à vis avec celle du Pape Jean-Paul II qui occupe une partie du mur, de l'autre côté du lit.
A voir la croix qu'il porte au cou et qui pendule sur le maillot du Racing version, à vue de nez, 94-95, on devine bien qu'il n'y a surtout aucune volonté de blasphème dans cette cohabitation. Et qu'entre deux religions, celle du foot et celle de l'église, Thierry Harnisch n'a pas voulu ou pu choisir.
Il est né catholique tendance racingman pratiquant, c'est comme ça. La Meinau est sa cathédrale et il est tatoué comme les premiers Croisés en route pour Jérusalem. Le logo du club dans le dos qu'il « faudra refaire parce que la couleur a un peu passé » et, sur le biceps gauche, un diable de Tasmanie version cartoon inhabituellement ému qui tient entre ses griffes le maillot du club strasbourgeois. Avec, pour surmonter la scène, l'inscription « Strasbourg pour toujours ».
« Ce tatouage, il veut tout dire, explique-t-il. Le diable de Tasmanie, dans les dessins animés, il bouffe tout ce qui passe, il est super féroce. Mais là, il ne touche pas le maillot parce que c'est sacré. Voilà, le Racing pour moi, c'est la même chose ».

« Je dors, je mange et je vis Racing »

Dans le petit appartement qu'il occupe à la Cité de l'Ill en attendant de trouver une maison alsacienne pour s'installer avec sa compagne Nathalie et ses cinq enfants, le Racing est donc partout.
Dans les armoires où s'entassent des dizaines de maillots de joueurs de toutes les époques. Dans les tiroirs où s'empilent des écharpes, des pin's, des objets sérigraphiés de toutes formes et de toutes tailles. Sur le lit aux couvertures estampillée RCS. Sur la barboteuse de Théo, le petit dernier de 10 mois. Dans la cuisine où la vaisselle porte le blason du club.
« Je dors, je mange et je vis Racing, continue ce Bischheimois du Guirbaden qui, adolescent, a taquiné le ballon au Mars puis, devenu vétéran, au FC Soleil. Je ne mange que dans mon assiette Racing et je ne bois que dans un verre Racing. J'ai un mugg pour le café du matin et un pour celui du soir avec le logo. Et quand j'ai fini ma journée de travail, je porte un maillot ou un polo du club. Vous ne me verrez jamais habillé autrement, même si je suis invité chez le Président de la République ».
Une passion débordante, dévorante qui le suit sur son lieu de travail. Peintre en bâtiment, il ne commence d'ailleurs pas un chantier sans avoir arrimé le drapeau du club à l'échafaudage. Dans la nouvelle maison, où une pièce sera dédiée au club c'est programmé, il flottera haut c'est certain.

« Rien au monde ne
peut me donner plus
de plaisir et plus de peine »

En attendant, il case tout ce qu'il peut dans le petit appartement familial. Sous l'oeil attendri de sa compagne qui le trouve « extrêmement touchant quand il parle de sa passion ». Et comme il en parle tout le temps, y compris dans son sommeil, il est donc tout le temps extrêmement touchant.
Et lui, trouve ça normal d'être mordu à ce point là. De reproduire sur des feuilles à gros carreaux les compositions des équipes strasbourgeoises depuis le match de la montée face à Rennes en 1992, de collectionner les programmes du stade comme s'il s'agissait des livres jaunes des éditions Charpentier et Fasquelle, de posséder plus de 350 matches sur cassettes.
« Je suis né en Alsace, j'aime le foot, donc j'aime le Racing, c'est logique, dit-il simplement. C'est mon père, Bernard, qui m'a refilé le virus. Il était contrôleur à la Meinau en 1977 et il m'emmenait avec lui. La passion m'a pris à ce moment-là. Lui aussi était fou de ce club. Quand il est mort, il a d'ailleurs été incinéré avec un maillot de Camadini signé par tous les joueurs. C'est beau ».
Lui, c'est avec son maillot préféré, celui de Zitelli dédicacé, qu'il voudra rejoindre l'au-delà. Mais en attendant, il entend vivre sa passion jusqu'au bout. Et fêter la remontée en L1 en fin de saison. Il n'envisage rien d'autre d'ailleurs comme cadeau pour ses quarante ans en juin.
« La montée ce sera formidable parce qu'on va remonter, prédit-il. Quand Papin est arrivé, ça a été un moment incroyable. Même si j'ai aimé Kombouaré et que Gress restera toujours le plus grand, Papin au Racing c'est génial, il fait du super boulot. Mon rêve absolu, c'est d'être invité pour un match en loges par le président et que les joueurs me donnent tous leur maillot, ça ce serait le plus beau jour de ma vie ».
Donc au-dessus de ce jour de 2001 où, lors de la première marche qui mènera le club à sa seconde coupe de France, il se retrouva l'arcade ouverte dans les travées de Marcel-Picot pour en avoir loupé une. Bertin venait de marquer le but victorieux et tout à sa joie, il s'était rétamé dans les gradins. Recousu de frais, il avait reçu des mains du capitaine la tenue complète du match.
Depuis, à chaque fois qu'il touche sa cicatrice, son plaisir est vif comme une plaie. Parce que « rien au monde ne peut (lui) donner plus de plaisir ou plus de peine que le Racing ». Et qu'en lui doit couler du sang bleu, ce n'est pas possible autrement.

Pascal Coquis

© Dernières Nouvelles D'alsace, Jeudi 29 Mars 2007. - Tous droits de reproduction réservés

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