LIBOURNE : aussi lointain que le pays des Ewoks

Le mot « Libourne » fait partie de ces mots un tantinet terroir lâchés dans une grande bouche pleine de dents par Jean-Pierre Pernault à l'occasion du sempiternel reportage sur TF1 traitant du fameux centre de tri postal spécialement chargé de répondre aux petits correspondants du Père Noël. Le label Jean-Pierre Pernault suffit à lui seul pour faire comprendre que Libourne c'est un peu comme Papy M'Bodji sur un terrain de football, c'est-à-dire complètement perdu. Hé bé malheureux, que nenni, puisque cette commune de 23 000 âmes (ah ben oui quand même...) a non seulement le TGV mais également un Mac Donald's, deux signes forts d'ouverture aux civilisations modernes de l'homme blanc (les Strasbourgeois comblent pour l'instant leur retard avec un nombre assez remarquable de Mac Donald's). Mappyment parlant, Libourne n'est en fait qu'à 38 minutes à l'Est de Bordeaux, à 5h22 de Paris mais surtout, et au grand dam de ses habitants, à approximativement 935.27 km du centre du monde (Stade de la Meinau 12, rue de l'Extenwoerth BP 265, 67021 Strasbourg Cedex 1 ). Vu l'éloignement géographique avec ce qui rend si intéressantes nos soirées du vendredi (et parfois du lundi et parfois du mardi) et nos existences finalement enfin pleines de sens, on peut se dire que les Libournais n'ont plus rien à attendre de la vie. Ca tombe bien, il y a une belle tour pour se pendre, un port magnifique pour s'y noyer et des vieilles pierres un peu partout pour s'autolapider (car le Libournais a de grands bras). Bien entendu, et c'est tout à fait humain, les autochtones ont bien essayé de recréer l'Alsace chez eux en mettant en avant l'étymologie étrangère du nom de la ville (Libourne vient de Leyburn, l'Anglais qui a fait les tracés de la cité en 1270 ) ou bien en mettant en avant le côté vinicole de la région (Libourne est en effet au coeur des célèbres vignobles de Saint Emilion et de Pomerol ; pour les néophytes c'est comme nos Rieslings mais en rouge). Mais rien n'y fera, le Racing et l'Alsace sont toujours aussi loin, et leurs célébrités pas célèbres comme Jacques Lacaze, Eugène Atget et le non moins fameux Colonel de Groulard ne pourront jamais rivaliser avec notre Cookie Dingler à nous.

Un nom très long à faire hospitaliser Dark Vador l'asthmatique

Sportivement (ah oui je ne vous l'ai pas dit, ils ont un club de foot), à défaut d'avoir un palmarès ils peuvent se vanter d'avoir sans doute le nom le plus long du championnat de France : le Football Club Libourne Saint-Seurin sur l'Isle. Heureusement ils ont aussi un autre surnom : les pingouins. Et c'est vrai que ça fait beaucoup plus sérieux... Un vrai nom très long donc, qui est dû à la fusion en 1998 entre le club de Libourne et le rival voisin AS St Seurin. Avant cette heureuse union (pas aussi médiatique que celles prononcées par Noël Mamère, pourtant né à Libourne), rien de bien croustillant pour les deux clubs : je vous renvoie d'ailleurs au très bon article de bouquenom sur leur histoire. En revanche, depuis la sainte année 1998, le club au long nom a commencé à se faire un petit nom ces dernières années en Coupe de France avec du beau gibier sur son tableau de chasse : en 2000/2001 Lille (alors 3ème), Metz, Châteauroux et élimination contre Bastia dans le stade Chabans-Delmas devant plus de 16 000 spectateurs, deux ans plus tard rebelote en battant... Lyon (!) et en 2004/2005 c'est Monaco (futur finaliste de la C1) qui doit les sortir après un parcours encore une fois plus qu'honorable. Qui aurait pensé que le pingouin pouvait être un si dangereux prédateur ?

Gérard Houiller "Didier Tholot, je suis ton père !"

En championnat, les voici en Ligue 2 désormais à la 14ème place avec beaucoup de joueurs de l'Ouest de la France (Bordeaux, Bretagne, Orléans) et de très rares étrangers dont un inévitable Yougoslave. Quand des clubs ont les moyens de faire semblant comme le Racing, les agents proposent des joueurs scandinaves, pour les autres clubs ils refourguent toujours un Yougoslave. Et ça fait des années que ça dure. Bref, revenons à nos moutons (au passage très bon le mouton scandinave, d'ailleurs si vous êtes intéressés je peux vous en trouver...), Libourne c'est la 19ème équipe à domicile donc autant dire qu'ils ont la pression. D'ailleurs, le club en a conscience et Didier Tholot l'ancien martégal et ancien coéquipier girondin de Zidane et compagnie, incite à la mobilisation générale du public libournais. A grand événement grand moyen : sur le site internet, le gourou libournais cite... Gérard Houiller (on a les philosophes qu'on mérite...) : « « Il n'y a que dans le dictionnaire que succès passe avant travail ». Ah c'est sûr, on picole bien en Gironde...(notez au passage que le coin Presse a été baptisé Espace Bacchus )

Ne sous-estime pas l'Empire du côté obscure

Ça y est, je crois que vous savez tout sur ce petit club qui monte de plus en plus. Tout ? Non, car il reste une petite question qui n'arrête pas de vous chatouiller l'occiput : pourquoi donc ce surnom de « pingouins »? Vous pourrez toujours harceler votre papa sur la nouvelle bouteille de lait et sur comment on fait les bébés, ce serait inutile car la vérité est ailleurs comme diraient les deux autres. En effet, outre l'hommage évident au cultissime tube de Sophie et Magali, l'explication vient tout simplement de l'équipe de rugby, l'intelligensia du coin, qui avait traité les footballeurs libournais de « manchots ». Etait-ce parce qu'ils ne jouaient pas avec les mains (une règle assez fondamentale du football que le FC Gueugnon oublie souvent vers la 96ème minute) ou bien parce qu'ils étaient réellement maladroits ? La réponse vendredi soir, où le Racing se devra d'affirmer son statut. Mais attention, nos joueurs ne devront pas être trop sûrs d'eux s'ils ont l'intention de devenir Empereurs aux pays des pingouins. Que la Force soit avec eux !