Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

A vous Boulogne !

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Par matteo
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Contrairement à ce que prétendent d'insidieuses rumeurs venues d'on ne sait où, racingstub.com aime les Ch'tis. Et le prouve.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

Il est dit que la saison 2008-2009 sera placée sous le signe des Ch'tis pour le RC Strasbourg. En effet, pour la première fois depuis plus de trente ans (et une saison 76-77 en Division 2 marquée par une triple confrontation avec Noeux-les-Mines, Boulogne et Hazebrouck), le RCS retrouve dans son championnat deux équipes authentiquement ch'ti : le RC Lens – qu'on ne présente plus – et l'US Boulogne.

Et les joutes passionnées à l'étage au-dessus avec Lille et Valenciennes, me direz-vous ? Soyons sérieux : vu du Pas-de-Calais, il est clair que Lille la bourgeoise, avec son waterzoi, sa dame des trente-cinq heures et son stade fantôme, appartient à la peu riante Flandre et non au pays ch'ti, tandis que Valenciennes, coincée là-haut dans son Hainaut, souffre de par son éloignement géographique du syndrome du « ils-ne-sont-pas-comme-nous » qui fait qu'on pourrait comparer ses habitants à des Haut-Rhinois du Nord (un genre de Nord-Rhinois, pourrait-on dire).

Vous l'avez compris, il n'y a d'équipes professionnelles 100% ch'ti que le RCL et l'USBCO.
Après les Lenchois au mois de novembre, c'est donc aux Boulonnais de nous rendre visite juste avant la Noël. Une bonne raison pour ne pas leur faire de cadeaux.



Un port en Nord massif



Boulogne, donc. Souvent abrégée en Boulogne-SM (sans que cela ait à voir avec d'éventuels comportements déviants de la part de ses habitants), Boulogne-sur-Mer est incontestablement la plus belle des Boulogne françaises : ni Boulogne (Vendée), ni Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne), ni Boulogne-la-Grasse (Oise), ni même Boulogne-Billancourt (Neuf-Deux) ne lui arrivent à la cheville. Quant aux usurpateurs de Boulogne-sur-Helpe, ils ne font que mettre en lumière le caractère sournois des ressortissants du département du Nord.

Et c'est vrai qu'elle est belle, notre Boulogne-sur-Mer, avec la Manche pour dernier terrain vague, et des vagues de dunes pour arrêter les vagues, et de vagues rochers que les marées dépassent, et ses bistrots où il n'y a jamais marée basse.

A l'ombre du Cap Gris-Nez (ainsi baptisé en l'honneur du tarin de Daniel Leclercq), Boulogne est, on l'ignore souvent, le premier port de pêche français et le deuxième port de voyageurs. C'est dire si l'on se presse à Boulogne, que l'on soit de Pologne, de Sologne ou de la Vologne, pour embarquer sur les jolis bateaux.
Et si on n'a pas l'intention de partir, on peut toujours flâner sur les jetées sous les yeux des policiers boulonnais (les fameux cops of Boulogne) et goûter aux merveilles de gueule que nous offre la cité portuaire : rollmops, kippers, barbues ou la légendaire tarte au papin.

Bref, vous l'aurez compris, Boulogne-sur-Mer est sublime, les Boulonnais sont super géniaux et on les adore. Fin de l'intermède sponsorisé par le Syndicat d'Initiative du Pays Boulonnais.


Déboires de Boulogne


Ca y est, il est temps de parler de baballe. Comment une ville aussi splendide que Boulogne-sur-Mer pourrait-elle engendrer autre chose qu'un club de football de classe mondiale ? Boulogne est, en effet, une ville de foot, LA ville du foot même. Aucune autre ville en Europe ne peut s'enorgueillir d'avoir donné naissance à deux Ballons d'Or (un ancien – JPP – et un futur – Scarface Ribéry). Et jusqu'au patronyme de Georges Boulogne, le père de la formation à la française et véritable initiateur des triomphes que l'on sait, qui semble célébrer la part prise par les valeureux Boulonnais dans les succès du football français.

Malheureusement, point de Real de Boulogne ou de Boulogne United à l'horizon, mais simplement l'Union Sportive Boulogne-sur-Mer-Côte-d'Opale, modeste club encore jamais signalé à ce jour sur les tablettes de la Ligue 1.
Le seul domaine où ce club semble exceller est celui du nom à rallonge : en dehors du Stade Malherbe de Caen-Calvados-Basse-Normandie, on ne lui voit guère de rival parmi les clubs professionnels français.

Car l'US Boulogne, longtemps endormie, renaît au football professionnel. Et ça commençait à faire un sérieux bail : aussi loin que puisse remonter sa mémoire, l'auteur de ces lignes, dont le premier album Panini date pourtant de la saison 1982-83, n'a pas souvenir d'avoir jamais collé de vignettes à l'effigie de joueurs de Boulogne-sur-Mer sur les pages dévolues à la Deuxième Division du célèbre album à stickers pour boutonneux (eh oui, souvenez-vous des vignettes de D2 des années 80 et de leurs quatre têtes de moustachus au format timbre poste). Pourtant, au temps béni de la D2 à deux groupes, on en a vu défiler, des équipes extraordinaires : Abbeville, Corbeil, Viry-Châtillon, Villefranche-sur-Saône, Le Bourg-sous-la-Roche, Chaumont, Saint-Dizier, Châtellerault, Le Touquet, Saint-Quentin, Montceau-les-Mines... Leurs noms restent tous dans nos mémoires, véritables particules élémentaires d'un inventaire à la Prévert du football bucolique hexagonal.
Le dernier club improbable à avoir titillé la montée en D1 est d'ailleurs une autre équipe en rouge et noir : le mythique CO Le Puy du grand Hugo Bargas (croyez-le ou non, un jour le club du Puy-en-Velay, préfecture de la Haute-Loire, lutta avec le grand Saint-Étienne pour l'accession à l'élite).

L'US Boulogne, elle aussi, a tutoyé les étoiles au cours de la saison 1972-73, nous apprend son site officiel : Boulogne tient tête pendant 7 mois et termine à la première place avec le RC Lens, qui, grâce à son goal-average, accède directement à la Première Division, tandis que l'USB est battue par Monaco lors des matches de barrage. Par la suite, Boulogne végètera jusqu'à 1979, date à laquelle le club abandonne le professionnalisme après une saison où ce fut véritablement le cirque – car, rappelons-le, de Boulogne à Bouglione, il n'y a qu'un « i ».

Puis, plus rien jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi donc a-t-il fallu que l'USB se décide à réaliser sa meilleure saison depuis 35 ans l'année où le Racing se trouve en Ligue 2 en sa compagnie ? Tout ça, c'est rien que pour nous embêter. Ils feront moins les malins, l'an prochain, à devoir jouer leurs matches à domicile à Lens ou à Dunkerque. Et tant pis pour le stade de la Libération et sa tribune Nord nouvellement baptisée « Franck Ribéry » - puisque Papin a laissé son nom à la tarte.


Ocean's Eleven


Intéressons-nous enfin à l'équipe appelée à défier notre Racing lundi soir. C'est à la lecture du patronyme du coach de l'USBCO que l'on comprend pourquoi on aime tellement les Ch'tis : qui d'autre qu'eux auraient, dans un élan de générosité sans pareil, confié les rênes de leur équipe à un non-voyant dont la seule tactique connue est d'aller danser-eeeer sous les sunlights des tropiques ? Et pourtant, les résultats suivent, puisque Montanier a fait passer Boulogne du CFA aux portes de la L1 en 4 ans : les supporters strasbourgeois apprécieront la performance à sa juste valeur, eux qui n'ont guère été épargnés en matière d'entraîneurs aveugles ces dernières années.

Aucune vedette à signaler parmi les onze Boulogne boys, si ce n'est peut-être l'espiègle Thil qui commence à se faire un nom comme canonnier spécialisé dans l'élite nationale de deuxième rang, à la manière d'un Orts ou d'un Monczuk avant lui. Il est vrai que cette équipe n'est professionnelle que depuis la saison dernière, et paraît être quelque peu faite de bric et de broc : un beatnik dans les buts, un joueur mythique du RC Lenche en défense (Lachor), de solides footballeurs dont les noms égrenés l'un après l'autre fleurent bon la rime riche (Rabuel-Perrinelle-Ducatel), le quota réglementaire de joueurs africains (Touré, N'Diaye, Kinkela), un jeune et dangereux buteur natif de Saint-Affrique (Blayac), le clone de Cris avec des cheveux (Brignoni), rien de bien glamour au final.
Ces noms paraissent plus dignes de figurer au générique d'un épisode de « Derrick à Boulogne » (si le grand Horst avait daigné promener son légendaire pardessus crasseux et ses lunettes Honecker-style ailleurs que dans les bouges glauques des ports hanséatiques) que dans une formation bien placée pour l'accession en Ligue 1 Orange TM.

Et pourtant, avec peu de moyens et un coeur gros comme ça, les Boulonnais parviennent à bousculer la supposée hiérarchie de la Ligue 2, s'invitant au festin normalement réservé aux sénateurs lensois, messins et strasbourgeois. Pour un peu, ils mettraient les pieds sur la table, videraient la Janlain à même la bouteille et tripoteraient la maîtresse de maison (qui ressemble à Frédéric Thiriez).

De là à ce qu'ils se sentent à la Meinau comme chez eux, il n'y a qu'un pas. Un pas qu'on espère ne pas les voir franchir, même si le contexte strasbourgeois actuel ne prête guère à l'optimisme.
Alors, même en l'absence de Cohade, rappelons-leur qu'ici régit Renaud, et désespérons Boulogne !

matteo

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