Mémoire de supporter
matteo a écrit : « C'est la croix que portent tous les passionnés de football : leur existence est rythmée par leur sport préféré, leurs souvenirs défilent au gré des matches qui les ont marqués.(...) Voici quelques-uns uns de ces moments, importants ou dérisoires, joyeux ou tristes, parfois intimes, mais toujours présents. J'espère que ce billet en inspirera d'autres. » (Mémoire de supporter, 30.06.07)Je m'exécute !
1995 : Finale PSG-Racing. Je n'ai pas 14 ans et c'est un voyage en solitaire. Mon père accepte, ma mère refuse... puis cède. Bus de campagne / Gare de Mommenheim / Gare de Strasbourg / Gare de l'Est / Bus / Parc des Princes / Tribune Auteuil / Paul Le Guen / Défaite / Larmes.
Me voilà à la sortie du stade, plus du tout sûr du chemin à suivre pour mon voyage retour. Il fait nuit, le temps presse. Autour de moi, la foule est immense, anonyme, indifférente.
1990 : Finale de la Coupe du Monde. A cette date, je n'ai jamais vu un match de football en entier. Mais les images de la remise du trophée à l'Allemagne passent en boucle sur l'écran de télévision. La caméra se fixe longuement sur un homme qui pleure sans pudeur. La scène me fascine et m'intrigue. On dit qu'il est Argentin et qu'il s'appelle Diego.
2005 : PSG-Racing. Dans ma chambre d'hôtel, je zappe longuement à la recherche du résultat de la rencontre. Il est 2 heures du matin, je suis au Canada et je finis par m'endormir la télécommande à la main. J'apprendrai le lendemain que Gmamdia n'a pas marqué.
1998. Vendredi 3 juillet, le lycée est quasiment vide, je suis l'un des derniers candidats à passer l'oral de français. J'ai une boule au ventre et mon coeur bat à la chamade... pour Zidane et ses camarades. A l'heure précise où j'entame mon exposé sur le Horla de Maupassant, le coup d'envoi du quart entre la France et l'Italie est donné. La tête tout au Stade de France, je n'ai gardé aucun souvenir sur le déroulement de cet examen.
La France obtient l'énigmatique note de 16/20 et va au bout de l'aventure. Deux millions de personnes m'acclament sur les Champs-Elysées dès le lendemain.
1991 : OM-Etoile Rouge Belgrade. Obligé d'aller au lit avant la prolongation de la finale de la Coupe des Champions, j'apprends la défaite aux tirs aux buts de l'OM le lendemain matin à la radio. Je me sens mal et ne sais pas trop ce qu'il m'arrive. Sur le chemin de l'école, je me surprends à devoir essuyer quelques larmes.
1996 (1997 ?) C'est les vacances, elle est belle et, au grand dam de mes camarades, c'est avec moi qu'elle veut partager son gâteau fait maison. On finit par se retrouver seuls dans la cour de l'école municipale, à l'abri des regards. Je m'éclipse après la dégustation : y a du foot à la téloche.
Putain, quel con.
1995 : Racing-Metz. La télévision nous lâche 30 minutes avant la demi-finale de la Coupe de France. Heureusement, un vieux téléviseur traîne au grenier. En noir et blanc, les images du match défilent en direct mais comme un document d'archives.
2004. Il ne me reste guère que les effluves de son parfum, répandues ici ou là. L'Euro 2004 me laisse totalement indifférent.
1993 : Metz-Racing. Mes parents s'abonnent à Canal+. Officiellement pour faire plaisir à toute la famille, mais mes soeurs ne sont pas dupes : cet immense cadeau, il est essentiellement pour moi. Mon excitation est à son comble avec une inauguration plus qu'alléchante : le derby de l'Est, Metz-Racing !
Défaite 3-0. Je suis désespéré, les frangines scandalisées et les parents agacés. Foutus Lorrains.
2006 : Strasbourg-Marseille. Le Racing fête son centenaire et pour la première fois de sa vie, ma mère met les pieds dans un stade de foot. Je lui montre fièrement l'exposition sur l'histoire du club que j'ai contribué à monter. Malheureusement le match est mauvais, le Racing est mauvais et l'ambiance est faible. Je ne sais pas si elle a compris.
2005 : Racing-Auxerre. Deux heures après la fin du match, les sifflets à l'encontre de Christian Bassila me reste encore en travers de la gorge. Je libère ma colère sur mon clavier d'ordinateur. Deux jours plus tard, l'article est publié sur un site que je fréquente depuis peu. Ils ont l'air sympas sur www.racingstub.com, je reviendrai.
1997 : Racing-Bordeaux. Tard dans la nuit, je me repasse une dernière fois le tir au but de Stéphane Collet avant d'aller me coucher : il marque puis court en agitant son maillot au dessus de sa tête.
Allez, encore une dernière fois.