Tensions autour d'une convention

19/02/2012 15:14

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Difficile de se faire une opinion tranchée sur ce qui se passe depuis deux mois entre la direction du Racing, l'association, les fournisseurs du Racing, la ligue d'Alsace, les médias alsaciens, et les élus de l'UMP, opposition municipale à Strasbourg.

Mon sentiment (et ce n'est qu'un sentiment) est qu'il y a plusieurs motivations qui s'entremêlent. À ce stade, je ne crois pas du tout à un front uni contre Sitterle.

À la base de ces tensions, il y a visiblement une partie beaucoup plus compliquée que prėvue qui se joue autour de la signature de la convention entre l'association et la SASP. Cette joute est vitale pour les parties puisque Sitterlé en a fait une condition sine qua non du versement d'argent frais en compte courant. Il peut tenir cette position d'autant plus fermement que lors de son intérim à la présidence de l'association, il a oeuvrė pour réduire le train de vie cette dernière. Et par conséquent, il a repoussé d'autant l'urgence de nouvelles liquidités.

Autour de la signature de cette convention, il est probable que plusieurs intérêts antinomiques s'entrechoquent.

En premier lieu, il y a la volonté légitime de Sitterlé de contrôler l'emploi futur des fonds qu'il injectera dans la SASP. C'est la clef de voûte de tout investissement de cette nature ! Comment s'assurer que l'argent injecté ne sera pas aussitôt avalé par le déséquilibre glouton des comptes de la SASP. Sur ce point, Sitterle ne devrait s'attacher qu'au seul principe de réalité. Ce n'est pas une quelconque redevance de marque qui lui donnera un filet de sécurité financier. Au contraire ce serait même un principe spoliant. La marque n'a de valeur que parce qu'elle est attachée depuis le début au club. C'est la SASP qui crée la valeur de la marque, et pas l'inverse. Sitterlé devrait renoncer à ce point.

Par contre, s'il veut maîtriser au maximum son investissement, qu'il s'implique personnellement à fond avec une gestion stricte et saine au service d'un projet créateur de valeur. Quand on voit l'engouement que crée encore cette année le Racing sur les réseaux sociaux (sites, radios, fan clubs, ...), et quand on occupe un site de 40000 places en plein coeur d'une agglomération de 500000 habitants, il y a moyen de monter un modèle économique intéressant. Certes c'est facile à dire, moins à faire ! Mais certains clubs allemands et anglais montrent que cette voie existe.

Dans le même ordre d'idée, suite à son passage à la tête de l'association, Sitterlé a tout intérêt à exiger davantage de transparence sur les comptes de l'association. Une future dérive de ceux-ci serait à assumer par la SASP au détriment de son propre budget, et donc au détriment du sportif professionnel. À noter que sur ce point de la transparence des comptes de l'association, la municipalité (majorité et opposition), pourvoyeuse de subventions, et Sitterle, actionnaire de la SASP, devraient avoir strictement les mêmes exigences (sauf si des intérêts d'ordre privé et inavouable sont également en jeu, ce que semble sous entendre Sitterle). Bref, si l'association et ses dirigeants sont de bons professionnels, ce point devrait être facilement résolu. Sinon, c'est qu'il y a anguille sous roche. Et là, Spielmann va devoir s'expliquer.

Troisièmement, ce type de convention définit également ce que l'on appelle la gouvernance. Schématiquement, il s'agit de formaliser qui détient quel pouvoir, sous quelle autorité de contrôle. Il est fort probable que ce sujet soit également source de tensions, voire de dissensions. De façon classique, la gouvernance proposée menace certainement les habitudes confortables prises par ceux qui travaillent avec le club et l'association. Et dans toutes les entreprises du monde, confort ne rime jamais avec gestion rigoureuse.

En définitive, il y a un double enjeu sous-jacent aux tensions médiatiques actuelles. D'une part, au travers de cette convention, Frédéric Sitterlé doit véritablement se déterminer et s'engager sur le niveau de risque personnel qu'il est prêt à assumer. Combien est-il prêt à investir, pour quel retour potentiel, avec quel niveau de risque ? À titre personnel, quelle est la part de son temps qu'il est prêt à consacrer au Racing dans la durée ? Sur qui va-t-il pouvoir vraiment compter ? Ces questions sont clefs, et on peut comprendre qu'il en affine les réponses au fur et à mesure qu'il avance. Cela peut probablement expliquer sa réserve en matière de communication, voire les impressions de flou ou de contradiction sur certains sujets.

D'autre part, cette convention est l'occasion d'achever le processus de table rase démarrée lors de la liquidation. C'est à travers cette convention que le système Racing est formellement remis à plat. Il est certain que ceux qui ont le plus à perdre dans le nouveau système usent de tous les moyens pour défendre leurs intérêts, louables ou pas. À ce titre, il est fort probable que les médias soient instrumentalisés dans ce registre.

C'est sur ce terrain de la communication que Sitterlé doit professionnaliser et muscler son approche sous peine de perdre vite le crédit qu'il avait réussi à donner à son projet auprès des différents acteurs régionaux. Il ne devrait notamment pas se laisser prendre en otage par des querelles politiques au sein de la municipalité. La majorité actuelle de gauche à fortement cautionné son projet en faisant voter des subventions conséquentes. L'opposition municipale s'engouffre opportunément dans les failles créées par la non exécution de certains aspects du projet initial de Sitterlé (non versement de liquidités, rémunérations de collaborateurs, tensions autour de la convention, ...) afin d'acculer le camp adverse. Je n'interprète pas cela comme un véritable clivage politique sur le projet Racing, mais plutôt comme une joute politicienne créée par les circonstances.

Ce sont les changements de Sitterlé non accompagnés d'une communication claire et spontanée qui prêtent le flanc à ces tensions. S'il veut garder la main, et entretenir la dynamique populaire, économique et sportive qu'il a réussi à créer, il est urgent pour Sitterlé d'infléchir sa communication, en la rendant plus proactive et plus transparente. Il en a tout à la fois les moyens et le talent.

Allez Racing !!

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flashguy