Marseille Consolat - RCS, côté tribunes

Les quartiers nord de Marseille, une destination touristique à laquelle on ne pense pas forcément quand on met le cap vers la cité phocéenne, plus célèbre pour son Vieux Port, sa Canebière, son quartier du Panier ou encore, pour les amateurs de foot, son stade Vélodrome, fraichement rénové. Pourtant, à l'occasion du match au sommet du championnat de National, entre le Racing et son surprenant dauphin de Consolat, ce sont près d'une centaine de supporters alsaciens qui sont venus goûter au charme du bord de l'autoroute A7 et du petit complexe de la Martine. Des supporters encore une fois venus de tous horizons, avec, outre la cinquantaine venue à bord du bus affrété par les UB90, des gens arrivés en voiture ou en train, d'Alsace ou d'ailleurs, sans compter les expatriés de Marseille, et même, les proches de certains joueurs. Toute cette petite troupe débarque dans l'antre de Consolat relativement tôt, et a tout le loisir de découvrir l'organisation locale très poussée. D'abord, quelques instants à peine après l'arrivée du bus des supporters, quelques énergumènes locaux, entrées le plus simplement du monde dans l'espace réservé aux visiteurs, sont venus à la rencontre des arrivants, vraisemblablement pour échanger des vignettes Panini, dans la convivialité et la tolérance, bien entendu. Il aura fallu trois demandes du chef de la sécurité strasbourgeois pour que les nombreux CRS présents mettent un terme à ce début de confrontation et que les responsables locaux se décident à fermer les grilles d'entrée.

Suite de l'accueil bien particulier, avec l'accès au parcage visiteurs, ou plutôt, les longues négociations pour pouvoir y accéder. Alors que lors des échanges préparatoires entre les deux clubs, il a été convenu que les supporters strasbourgeois soient installés dans la partie droite de l'unique tribune du stade de la Martine, les dirigeants locaux ont décidé de nous laisser sur la petite plateforme à l'entrée, prétextant des problèmes de sécurité, avec les supporters locaux, malgré la solide grille séparant les deux espaces. Finalement, après plus de 20 minutes de palabres entre le secrétaire général et le responsable sécurité du RCS, le délégué de la FFF et les responsables locaux, la centaine de voyageurs a pu prendre place dans son secteur, avec un cordon de CRS destiné à renforcer la séparation avec les Marseillais. Ces derniers ont alors pu offrir un bel accueil cordial, à base de différents gestes avec les doigts et d'insultes à base de famille et de consanguinité, toujours avec l'accent chantant bien entendu.

Les premiers chants partent timidement, bien que certains couvrent assez facilement les cris de nos charmants voisins. L'entrée des joueurs sur la pelouse est accompagnée par des drapeaux et par l'agitation de sorte de ballons longs (ou de forme phallique diront les plus imaginatifs), bleus et blancs. La prestation vocale sera finalement assez inégale durant la première période, la faute aussi à la piteuse prestation vue sur le rectangle vert. Mais, si la météo est assez clémente, malgré un petit vent, quelques objets semblent tomber du ciel. Pêle-mêle, durant tout le match, on a ainsi retrouvé des batteries de téléphones, des pièces de monnaie (qui ont payé le café à l'auteur de ces lignes, merci au lanceur), des embouts de vissage, un jeu de carte Les Tuches 2, d'innombrables briquets, un décapsuleur, des bouteilles, mais aussi une torche allumée, qui aura provoquée un petit mouvement de foule, sans gravité. Tout ceci a pu être consigné par un membre de la FFF, présent sur place, ainsi que par les dirigeants strasbourgeois. Outre ces précipitations inhabituelles, la première mi temps fut aussi marquée par l'apparition de Mamadou Niang, sur la plateforme à l'entrée du parcage visiteurs, qui a servi de tribune VIP après notre installation en tribune. Outre l'ancien buteur, on a pu notamment reconnaître le rappeur Soprano, qui avait donné le coup d'envoi, et l'ancien défenseur Souleymane Diawara.

A la pause, on s'amuse des chants et insultes fleuris de nos nouveaux amis de l'autre côté du grillage, tandis que les CRS formant le cordon sanitaire se font relever. La seconde période ressemble à la première en tribune, malgré l'arrivée de quelques bénévoles locaux pour tenter de calmer leurs supporters. Dans le reste du stade, on observe l'arrivée continue de spectateurs, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'enceinte, qui s'installent derrière les grilles, dans les buissons ou dans les quelques arbres jouxtant le terrain. Assurément, Marseille Consolat a battu son record d'affluence de la saison.

Sitôt le coup de sifflet final, les joueurs venus saluer le parcage ont la possibilité d'observer la dernière salve d'objets lancés dans notre direction, entre cailloux, bouteilles, sandwiches et désormais classiques briquets. Les forces de l'ordre présentes finissent d'éloigner les excités locaux, pendant que nous patientons jusqu'à l'ouverture de la porte, qui est commune à celle du vestiaire des joueurs. Sur le parking, chacun regagne son mode de locomotion et peut constater que les abords immédiats du stade sont très bien quadrillés par les forces de l'ordre. Il est toutefois assez évident qu'une surprise est attendue sur le chemin de l'autoroute, malgré l'escorte policière. Les portables des occupants des premières voitures ont ainsi bien fonctionné, et l'information d'un guet-apens circule assez rapidement. Aux abords de l'hôpital, à hauteur d'un feu rouge, ce sont quelques dizaines de Marseillais qui attendent le passage des bus et de voitures, repérés au préalable. La suite est connue: à hauteur de ce carrefour, des pavés et d'autres projectiles, suffisamment gros pour exploser un double-vitrage, volent et endommagent le bus des joueurs (Denis Bouanga commentera la scène par un « on sait fait allumer sa mère » sur les réseaux sociaux) et celui des supporters, qui auront du faire le trajet retour avec quelques vitres, et donc quelques degrés, en moins, ainsi qu'un pare-brise fissuré. La conclusion d'un déplacement on ne peut plus animé, dont on pourra plaisanter dans quelques années, mais uniquement parce qu'il n'y a pas eu de blessés.