Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Frédéric Guilbert, Normand en reconquête

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Par athor
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A quelques jours de la fin d'un mercato d'hiver peu animé, le Racing a su vite réagir pour remplacer Kenny Lala, transféré en Grèce, en obtenant le prêt de Frédéric Guilbert.

Il n'aura fallu que quelques dizaines de minutes après la publication de l'information du probable départ de Kenny Lala vers l'Olympiakos pour que la presse anglaise ne révèle le départ imminent de Frédéric Guilbert, le latéral droit d'Aston Villa, vers le Racing. Le staff alsacien n'avait en effet pas vraiment de temps à perdre pour pourvoir le poste de latéral droit, où seul Lala faisait office de véritable spécialiste. La venue de l'ancien Caennais permettra donc à Thierry Laurey de disposer d'une alternative très crédible et expérimentée, malgré ses 26 ans. Car si le Normand pur sucre vient de passer six mois sans jouer du côté de Birmingham, il sort de plusieurs exercices bien remplis. Et pourtant, son parcours professionnel doit beaucoup à un coup du destin.

Originaire de Valognes, petite ville de 7000 habitants au cœur du Cotentin, Frédéric Guilbert y débute le football tout en suivant ses parents, spectateurs réguliers du stade Michel-d'Ornano. Pas étonnant donc de le voir rejoindre le centre de formation caennais lorsque le Stade Malherbe le sollicite à ses 12 ans. Régulièrement aligné dans toutes les équipes de jeunes, il hérite même du brassard lors de ses deux années avec les U19, où il côtoie notamment Thomas Lemar. Mais en 2013, le couperet tombe, Caen ne lui propose pas de contrat professionnel, tout juste une convention amateur. Un choix pourtant pas unanime au sein du staff de la formation, François Rodrigues, son entraîneur d'alors se voyait bien prolonger le joueur : « c'était mon capitaine, un joueur extrêmement généreux. On n'avait pas forcément décelé son talent. J'avais défendu Fred bec et ongles pour qu'on lui donne sa chance, mais quand un seul éducateur y croit... ». La rupture est d'autant plus difficile que lors de l'entretien de fin d'année, les mots du staff caennais sont assez durs à entendre pour Guilbert : « un des responsable m'a dit :'En ce qui me concerne, vous ne serez jamais un joueur de haut niveau, ni même un joueur de deuxième division. Peut-être de troisième ordre, au mieux.' C'était dur. Caen était le club que j'aimais, l'endroit où j'ai grandi. ».

Pas totalement résigné, le jeune latéral tente sa chance dans le monde amateur et rejoint le club de Cherbourg, qui vient tout juste d'être relégué de National en CFA. Le club du Cotentin vit dans l'instabilité, menacé par la DNCG pour un trou de 400 000€ dans son budget et avec un encadrement strict de sa masse salariale. Mais peu importe pour Frédéric Guilbert, il s'agit surtout là de se montrer pour s'offrir une nouvelle chance de rejoindre le monde professionnel. Aux côtés notamment de l'ancien Strasbourgeois Hervé Batomenila et du futur gardien de Chelsea Edouard Mendy, le joueur de 19 ans s'impose comme titulaire, dans une équipe toutefois engluée en bas de tableau. Le 21 septembre 2013, Cherbourg accueille la réserve de Bordeaux et Patrick Battiston, l'entraîneur des jeunes Girondins, note la bonne prestation du latéral droit, une impression confirmée lors du match retour en février. A la fin de la saison, si Cherbourg, relégué sportivement, s'apprête à déposer le bilan, Guilbert a deux propositions sur la table, l'une du Havre et l'autre de Bordeaux, à chaque fois pour y intégrer l'équipe réserve. Le discours de Battiston, l'ancien défenseur, finit par le convaincre, et dès lors, les choses s'enchaînent rapidement : « ll m'a emmené à Bordeaux. En trois mois, j'étais son capitaine d'équipe de réserve. En l'espace de six mois, je faisais partie de l'équipe première. »

Guilbert s'entraîne en effet régulièrement avec l'équipe première dès le mois de décembre 2014, où il peut bénéficier des conseils d'un autre ancien latéral droit, Willy Sagnol. Présent sur le banc à six reprises lors de la seconde partie de saison, il entre en jeu deux fois, face à Lens et Lorient, avant de connaître une première titularisation lors de l'avant-dernier match de la saison à Lyon. Assez logiquement, le Normand se voit proposer un premier contrat professionnel de deux saisons, avec la perspective d'intégrer définitivement l'équipe première. Une belle revanche, deux ans à peine après son départ du centre de formation.

Au début de la saison 2015/2016, Guilbert est mis en concurrence avec la recrue Milan Gajic, international espoir serbe, mais ce dernier ne parviendra jamais à s'imposer sur la durée. Résultat, l'ancien Cherbourgeois finit par s'installer définitivement comme titulaire dès l'automne. Même la venue de Mathieu Debuchy lors du mercato hivernal ne le poussera pas sur le banc, Sagnol utilisant Guilbert dans l'axe, un poste qu'il avait déjà découvert avec l'équipe réserve. Utilisé à 30 reprises en L1, dont 29 fois comme titulaire, et 6 fois en coupe d'Europe en début de saison, le latéral droit connait également une sélection avec l'équipe de France espoirs. Tout semble aller pour le mieux, mais Bordeaux connaît un grand changement lors de cet été 2016, avec l'arrivée de Jocelyn Gourvennec comme entraîneur et le recrutement en défense de Youssouf Sabaly puis du Polonais Lewczuk, sur les deux postes que peut occuper Frédéric Guilbert. Il disparaît alors progressivement du groupe et voit son horizon se boucher, jusqu'à l'appel d'un autre citoyen de Valognes, Jean-François Fortin, le président du Stade Malherbe de Caen. A la traîne en L1, le club normand cherche à se renforcer en défense et finit par obtenir le prêt du latéral, pas rancunier : « Mes objectifs de carrière avaient changé en partant. Mais à 14-15 ans, oui, je voulais jouer dans cette équipe. Aujourd'hui, je suis content d'être là. De revenir par la grande porte. J'espère devenir quelqu'un ici. » Rapidement titulaire indiscutable, il est l'une des satisfactions d'un équipe qui lutte pour son maintien. Le sauvetage du club aura lieu dans les tous derniers instants de la saison, avec le but de Ronny Rodelin dans les arrêts de jeu face à un PSG démobilisé.

De retour à Bordeaux à l'issue de son prêt, Guilbert ne se voit pas vraiment d'avenir en Gironde, où Gourvennec ne compte pas sur lui. Contacté par Brighton, promu en Premier League, le joueur suit les conseils de son ancien entraîneur François Rodrigues et s'engage définitivement à Caen, avec un contrat de 4 ans, pour un transfert de 1,5 millions d'euros. Joueur de champ le plus utilisé, il est l'un des hommes de base de Patrice Garande (36 matchs joués sur 38 en 2017/2018), avant de l'être pour son successeur Fabien Mercadal. Si l'équipe joue le maintien, des clubs étrangers viennent régulièrement superviser le défenseur : « en janvier 2019, Aston Villa a envoyé sa plus grande délégation à ce jour, avec Jesús García Pítarch, le directeur sportif et Olivier Monterrubio (le recruteur du club pour la France), ainsi le manager, Dean Smith, pour le match contre Marseille. J'ai reçu un carton rouge et j'ai demandé à mon agent ce qui se passait et il a dit: 'C'est devenu compliqué.' » Mais Villa revient à la charge et, le dernier jour du mercato de janvier, offre 5 millions d'euros au Stade Malherbe, pour un transfert effectif à l'été 2019. Une occasion difficilement refusable pour Guilbert : « à l'époque, Villa était 10ème du Championship et tout le monde m'a dit: 'Pourquoi tu signes dans ce club ?' Mais j'ai dit que je ne rejoignais pas la D2 anglaise, je rejoignais Aston Villa ! » Bien lui en a pris puisqu'alors que Caen descendait en L2, malgré les conseils de Rolland Courbis sur le banc, le club de Birmingham, champion d'Europe en 1982, retrouvait la Premier League.

Arrivé sur la pointe des pieds dans un vestiaire où il côtoie notamment John Terry, l'entraîneur adjoint, le Normand s'attend à devoir gagner sa place : « je partais du principe que si je ne jouais pas, il fallait travailler encore plus et espérer. Mais j’ai eu la chance de jouer quasiment aussitôt. J‘évolue le plus souvent en piston droit dans un système en 3-5-2. J’y ai déjà joué à Caen avec Patrice Garande. Je m’adapte. » Malgré son profil plus proche du pur défenseur que du contre-attaquant, Guilbert aligne donc les titularisations, jusqu'à la suspension de la saison au mois de mars. Barré à la reprise du championnat par le jeune Ezri Konsa et l'Egyptien Elmohamady, il se contente de deux apparitions lors des derniers matchs face à Arsenal et West Ham. Au final, cette première saison outre Manche fut assez contrastée, mais Frédéric Guilbert a pu disputer 25 matchs de Premier League, ainsi que 4 matchs de coupe de la ligue, compétition avec laquelle il est allé jusqu'en finale, face à Manchester City.

Mais malgré cette saison, Dean Smith préfère confier le poste de latéral droit à la nouvelle recrue Matty Cash, arrivée pour un montant de plus de 15 millions d'euros. Même plus considéré comme une doublure, Guilbert ronge son frein, se contente de deux petits matchs de coupe de la ligue et de quelques apparitions sur le banc. Si Lorient et surtout Nantes ont tenté une approche lors des derniers mois, c'est finalement au Racing que le latéral droit va essayer de retrouver son rythme de croisière, lui qui était habitué à enchaîner les rencontres depuis ses débuts à Bordeaux. Si le public de la Meinau était habitué aux nombreuses montées offensives de Kenny Lala, il découvrira un tout autre profil, plus défensif et rigoureux, et surtout, un spécialiste … des tacles (avec notamment le titre de meilleur tacleur des cinq grands championnats européens en 2017/2018) : « J’aime défendre, ne pas prendre de but… Je préfère faire un beau tacle glissé que mettre un petit pont, c’est comme ça ! Parce que ça, c’est pas mon délire… J’affectionne ce geste, que tout défenseur doit maîtriser, mais il faut aussi que j’apprenne à mieux défendre debout et, surtout, à éviter de tacler tout le temps, histoire d’être un défenseur plus complet… Mais le tacle, c’est peut-être ma marque de fabrique. » Prêté sans option d'achat jusqu'en juin, le Normand a quelques mois pour se montrer avant de peut-être rebondir ailleurs, ou pourquoi pas de s'engager sur la durée à Strasbourg.

Propos issus des journaux Ouest-France, Sud Ouest et The Guardian

athor

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Stammtisch
  • falcon Notre niveau n’est pas littérature, c’est une insulte
  • jmr Le Havre n'est pas mieux. On va se maintenir, le reste n'est que littérature
  • lenain2jard1 Bon on oublie Nantes qui a un calendrier de dingué
  • murbleu On n'est pas concerné c'est tout sauf peut être bakwa et santos
  • speedy67 Dans cette équipe seuls 3-4 houeurs ont vraiment le niveau d'être titulaires en L1
  • speedy67 Par contre on est affreux techniquement, on relance très mal de derrière, il ne se passe rien au milieu et devant ...
  • lenain2jard1 Il fait un soleil magnifique . Et moi je suis dans mon salon tout seul à subir cette purge
  • valdestras Delaine lucide dans son interview, au moins ça.
  • gibi68 Mais pas en titulaire
  • gibi68 Je pense que Sebas est bon pour faire des coups en entrant en fin de match
  • pando67 On égalise et on est maintenu
  • titof67 La il es au stade et voire une tel purge sans aucune réaction
  • speedy67 Et Metz 9 points vu leur goal average
  • vincenzo Sebas et Senaya, c'est bon pour les stats de club formateur, mais ça va pas du tout sur ce match.
  • gohelforever ya un moment il faut aussi interroger les compétences du coach
  • titof67 Keller comment il peu être tellement absent o' l'entend pas
  • schckl Allez voir le calendrier de metz. Ils ne peuvent pas passer devant le rcs
  • pango-data 10 minutes au sol pour 10 minutes de jeu sur les 20 dernières minutes
  • elwolfo68 le havre doit encore prendre 4 points contre nice et marseille
  • speedy67 Par contre le jeu proposé fait peur, ça oui

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