Une attaque en panne

Avec 30 buts marqués depuis le début de saison, le Racing possède la seconde meilleure force de frappe de Ligue 2. En apparence donc, ce secteur n'est pas une priorité en terme de recrutement, à l'heure où les agents de joueurs et les journalistes font leur beurre avec le mercato hivernal. Pourtant, ce total masque les carences offensives des hommes de Jean-Marc Furlan depuis plusieurs mois. En effet, depuis la démonstration contre Tours à la Meinau et les 4 buts passés au promu, le bilan est bien maigre avec seulement 5 buts en 6 rencontres (1 victoire grâce à un but sur penalty, 2 matchs nuls et 3 défaites). Et le constat est encore plus implacable depuis le début de l'année 2009, notamment au regard des difficultés à passer ne serait-ce que le moindre but au modeste Dijon FCO. Sur le plan individuel, Kandia Traoré n'est que l'ombre du serial buteur entrevu au Havre, James Fanchone est loin de justifier la réputation que pourrait lui conférer ses 9 buts et Rudy Carlier apparaît bien limité, tout comme Simon Zenke, encore trop inexpérimenté. Quant à Marcos, sans doute le seul à avoir démontrer un certain talent, il s'apprête à peine à sortir de l'infirmerie. Enfin, Boubacar Kébé, le dernier venu, commence à peine à montrer son talent, sans pour autant bouleverser une attaque en berne. A l'heure du mercato, l'essentiel des pistes suivies concernent donc des joueurs offensifs.

La nécessite de recruter

Principale priorité depuis l'éviction de Chahir Belghazouani, le poste de milieu offensif gauche a vu défiler de nombreux prétendants, parmi lesquels Olivier Monterrubio (trop cher), Alexandre Bonnet (« intransférable ») et Valter Birsa. A l'instar du transfert de Boubacar Kébé, cette piste va mettre en lumière certaines incompréhensions au sein de la direction strasbourgeoise. En effet, le slovène est une idée de Philippe Ginestet, tandis que Jean-Marc Furlan estime de son côté que Birsa possède « un profil identique à ceux dont nous disposons déjà. J'aurais aimé apporter plus de puissance physique. » En ligne de mire de l'entraîneur général, le Clermontois Mickaël Poté fait plutôt figure de priorité, bien que celui-ci évolue sur le côté droit. Pour ce dernier, les offres jugées insuffisantes par Claude Michy, le président du Clermont Foot, et le décès brutal de son coéquipier Clément Pinault, ont rendus l'opération impossible.
Résultat, à une semaine de la clôture du marché hivernal, le Racing a réussi à faire des vagues dans la presse régionale et sur les forums de supporters, sans pour autant enrichir son effectif. Si Furlan avait bien précisé dès le mois de décembre que « les meilleures affaires se font lors des derniers jours du mercato », l'urgence de renforcer les flancs de l'attaque se fait pressante. Ainsi sont lancées, quasiment au même moment, les rumeurs concernant l'intérêt du club pour le milieu offensif de Valenciennes, déjà suivi depuis plusieurs mois, Yassine Bezzaz, et l'ailier de Grenoble, Franck Dja Djédjé. Pour le premier, les négociations furent relativement aisées. Libéré par son club pour « services rendus », il ne coûtera au Racing qu'une indemnité de transfert en cas de remontée à la fin de la saison. En revanche, le transfert de l'ancien parisien fut plus compliqué et s'est apparenté pendant longtemps à une partie de poker menteur. En fin de contrat en juin prochain, le joueur, en manque de temps de jeu, avait, dans un premier temps, été séduit par le projet du Racing et la perspective de jouer plus souvent. Mais son entraîneur, Mécha Bazdarevic, étant opposé à son départ, il déclara ensuite vouloir rester au GF38. Enfin, troisième acte, quelques heures seulement après ces déclarations, on apprenait sa signature au Racing. Un vrai mini feuilleton au dénouement assez heureux pour le club.
Enfin, et c'est une surprise puisqu'on pensait la piste enterrée, le brésilien Rômulo, activement suivi cet été avant que celui-ci ne se blesse à la cheville, devrait être prêté dans les prochaines heures par son club de Cruzeiro, avec une option d'achat de l'ordre de 1,5 millions d'euro. Une arrivée qui s'apparente à un pari, mais qui peut être tenté, le profil d'un tel attaquant manquant jusqu'à présent dans l'effectif strasbourgeois.

Portaits des trois recrues

Bezzaz, la solution à gauche ?

Né à Grarem Gouga, en Algérie, le 10 juillet 1981, Yassine Bezzaz signe sa première licence à l'âge de 11 ans au club local du NRB Grarem, avant de partir jouer chez le voisin du CS Constantine. C'est dans ce club qu'il découvre, à 18 ans, la première division algérienne. S'il ne dispute qu'une poignée de rencontres lors de sa première saison, il réussira à s'imposer lors de l'exercice suivant, jouant 18 matchs et marquant 4 buts, au point de remporter le titre de meilleur espoir algérien.
De quoi attirer les convoitises des autres clubs du pays. Ainsi, c'est à la JS Kabylie qu'il poursuit sa jeune carrière. Titulaire en championnat (25 matchs, 4 buts), Bezzaz explose littéralement et se voit récompensé par deux convocations en équipe nationale. Une fierté qui s'ajoute à celle d'avoir remporté, avec son club, la coupe de la CAF, l'équivalent de la coupe de l'UEFA pour le continent africain. A tout juste 21 ans, il est donc temps pour lui de quitter son pays natal et de répondre aux sollicitations de nombreuses équipes européennes, et notamment françaises. Auxerre et Marseille l'avaient tour à tour mis à l'essai, mais c'est finalement à Ajaccio, fraîchement promu, qu'il posera ses valises, après que Rolland Courbis l'ait recruté sur cassette (!).
Malheureusement, souvent blessé, notamment une fracture de la cheville, dont il garde encore des vis, et une pubalgie, il ne parviendra jamais vraiment à s'imposer, malgré des qualités évidentes. En trois saisons, il n'aura donc disputé que 24 matchs et inscrit seulement 2 buts. A l'été 2005, il décide alors de se relancer en deuxième division, à Valenciennes.
Dans le Nord, l'Algérien retrouve ses sensations et participe activement à la montée surprise du club, alors modeste promu de National. Dans la foulée, il retrouve la L1, avec cette fois-ci un temps de jeu plus important. Bien qu'il ne soit pas un titulaire indiscutable, Bezzaz est alors considéré comme un élément essentiel de l'effectif d'Antoine Kombouaré, et retrouve, grâce à ses prestations, la sélection algérienne. Mais après deux saisons plutôt satisfaisantes, une fracture à la maléole contracté en novembre 2008 face au Mans le coupera à nouveau de la compétition. Rétabli, il est alors contacté par le Racing, qui le suit depuis plusieurs saisons, dans l'optique d'occuper le couloir gauche laissé vacant.
De plus, Jean-Marc Furlan est satisfait de la polyvalence du joueur : "Bezzaz présente en outre l'intérêt de pouvoir jouer à plusieurs postes. Nous ne pouvions pas rester jusqu'à la fin de la saison avec, au-dessus de nos têtes l'épée de Damoclès d'une possible blessure de Jean-Alain Fanchone".

Dja Djédjé, pour exploser ?

Né à Abidjan en Côte d'Ivoire le 2 juin 1986, Franck Dja Djédjé rejoint la France à l'âge de 12 ans, avec le reste de sa famille. Il signe sa première licence de football au SC Solitaire de Paris, un club filiale du Paris Saint Germain, qu'il rejoindra un an plus tard, au centre de pré formation, puis au centre de formation. Convaincant dans les catégories de jeunes du club de la capitale, le joueur, qui détient désormais la double nationalité franco-ivoirienne, est sélectionné tour à tour en équipe de France des moins de 17 ans (9 matchs, 3 buts), des moins de 18 ans (6 matchs, 2 buts) et des moins de 19 ans (17 matchs, 7 buts). Il remportera d'ailleurs le titre de champion d'Europe des moins de 19 ans en août 2005.
Fer de lance de la formation parisienne, Franck Dja Djédjé débute en novembre 2003 avec une courte entrée en jeu face à Lens, au Parc des Princes. Mais dans l'ombre des Reinaldo, Ljuboja, Pauleta et autres Fiorèse, son temps de jeu en équipe première se limitera à une seconde entrée en jeu, à Lens, au match retour. Le PSG décide alors de prêter son jeune espoir en L2, à Brest. Mais à peine 19 ans et loin de sa famille, le joueur peine à se faire une place en Bretagne et doit se contenter le plus souvent d'entrées en jeu. Une expérience en demi teinte donc, et un retour au Parc des Princes où la concurrence est toujours aussi forte, surtout pour un aussi jeune attaquant. A nouveau, Dja Djédjé doit se contenter de l'équipe réserve et de deux petites apparitions en L1.
En 2006/2007, Paris décide donc à nouveau de le prêter à l'étage inférieur, à Grenoble cette fois-ci. Et le pari isérois aura tout du pari gagnant : 33 matchs, 5 buts marqués et une présence indiscutable dans le 11 de départ, de quoi convaincre les dirigeants de lever l'option d'achat, estimée à 500 000€. Un nouveau départ pour celui qui vient juste d'être appelé en équipe de France espoirs. Sa seconde saison grenobloise sera encore plus aboutie puisqu'au delà de ses statistiques individuelles (36 matchs, 10 buts), l'ailier droit est l'un des principaux artisans de la montée de son équipe et est considéré comme l'un des meilleurs joueurs à son poste. Il décide alors de répondre aux sirènes de son pays natal et s'envole vers Pékin et le tournoi de football des jeux olympiques, qu'il dispute avec les éléphants. A son retour en France, Dja Djédjé retrouve sa place dans l'équipe mais n'apparait plus aussi régulièrement qu'en L2. Face à la concurrence de l'expérimenté Laurent Courtois notamment, son temps de jeu se réduit et, à 6 mois de la fin de son contrat, l'ancien parisien se met à regarder vers d'autres horizons. Le Racing a bien compris le message et n'a pas raté l'occasion d'attirer dans ses filets un joueur talentueux et rompus aux joutes de L2.

Rômulo, pari réussi ?

Né le 25 février 1982, à Inhumas, dans l'état du Goias, au Brésil, Rômulo Marques Antoneli, solide attaquant de 1,88m pour 82kg est un grand voyageur. Formé à Botafogo, un club de Rio de Janeiro, il a ensuite fait l'objet de nombreux prêts, notamment vers des clubs jouant dans des championnats régionaux, comme Anapolis ou Novo Horizonte. Mais c'est en 2003, à l'occasion d'un prêt au club d'Ituano Sao Paulo, alors en troisième division nationale, qu'il réalise sa première vrai bonne saison. Avec un total de 20 buts en 22 rencontres (il n'a rejoint le club qu'en cours de saison), Rômulo est sacré meilleur buteur de la division. Ituano, qui vient de décrocher la montée en D2, négocie alors le transfert définitif du buteur. Après un dernier prêt de six mois dans le club de Comercial, en championnat de Sao Paulo, il s'engage en 2004 avec son ancienne équipe. Il retrouve vite ses instincts de buteur avec un bilan de 17 buts en 31 matchs, sur deux demi-saisons, et décide, à l'été 2005 de tenter sa chance en Europe, plus exactement à Mainz.
L'expérience est un échec avec 8 matchs de Bundesliga disputés, et un seul but inscrit en Coupe d'Allemagne. Retour au Brésil donc, et un nouveau prêt, cette fois-ci en D1 au Grémio Porto Alegre. Dans l'ancien club de Ronaldinho, le buteur renaît et ses 11 buts vont réveiller les recruteurs. En 2007, il rejoint Cruzeiro, mais joue assez peu en raison de la concurrence et de blessures. C'est la raison qui le pousse à rejoindre Israël et le Beitar Jérusalem. 12 buts plus tard, retour à Cruzeiro où, à la surprise général, Rômulo décroche une place de titulaire aux côtés du petit prodige Guilherme.
Malheureusement, après de bons débuts, il se blesse gravement à la cheville, alors qu'au même moment, le Racing avait débuté les négociations pour le recruter. 6 mois plus tard, le joueur étant rétabli, le club strasbourgeois est revenu à la charge, avec à la clé un prêt avec option d'achat à confirmer dans les prochaines heures.