Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Grand Bond En Avant ?

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Par zero-zero
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Ce vendredi soir, le Racing se déplace pour la troisième fois de sa saison en Bretagne, ce coup-ci afin d'y affronter Guingamp. Retour sur l'histoire et l'actualité du club de football de cette ville de huit mille habitants !

(NDLR : Cet article NE FAIT PAS partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. Il faut donc prendre pour argent comptant ce qui y est écrit !)

Par contre il aurait pu être le plus court de tous les articles de racingstub.com, tant il est admis que parler de foot à Gwengamp, commune française des Côtes-d'Armor aussi peuplée que... Wissembourg ( ! ), revient à envoyer son auditoire sur la page Wikipédia de Noël Le Graët. Cette solution de facilité ayant été réfutée, intéressons-nous donc de ce drôle de club.



Vous avez dit ridicule ?


« En Avant de Guingamp», appellation curieuse pour un club de foot, qui à défaut de déclencher l'hystérie dans le public, parvient au moins à motiver Jean-Marie Bigard. L'humoriste expliquait il y a quelques temps combien il avait le trac avant de passer sur scène, et comment il y faisait face : « On se motive, et hop, en avant Guingamp ! ». L'expression sera reprise dans ses spectacles et par Cauet sur Europe 2, contribuant à populariser/ringardiser/on s'en fiche (rayez les mentions inutiles) le petit bourg breton. Mais alors, en avant la gloire ? Tout dépend : à une semaine près, je vous aurais dit « En Avant » tout court et plutôt vite s'il-vous-plaît, parce qu'il semblait difficile pour le club, perdu dans le bas du milieu du tableau de Ligue 2, de reculer encore plus qu'il ne l'avait déjà fait, à moins de retrouver le niveau amateur de ses débuts. Mais voilà, entre-temps, les (autres) Rouges et Noirs bretons ont atteint la finale de la Coupe de France en s'imposant au Stadium de Toulouse, gagnant ainsi toute l'admiration de la France du football (ce qui évidement ne les empêche pas d'être toujours perdus en championnat).

Bref, soyons sérieux : l'« En Avant » original vient en fait de M. Deschamps - pas Didier, et pas l'abbé d'Auxerre non plus, mais le directeur de l'école primaire supérieure de garçons de Guingamp - qui créa en 1912 une société d'éducation physique appelée... « En Avant », pardi ! Ce sont les débuts de l'EAG, club amateur dont on n'entendra pas ou peu parler au niveau national avant les années soixante-dix, si ce n'est par quelques exploits en Coupe Gambardella.



Les années Le Graët


Noël Le Graët, fonctionnaire des impôts à Paris, accède à la présidence en 1972, alors que le club est en Division Supérieure Régionale. La saison suivante, Guingamp parvient en 8e de finale de la Coupe de France en battant quatre pensionnaires de D2, division que le club va rejoindre en 1977-1978 pour ne plus la quitter jusqu'en 1993. Un bel exploit ! Mais Le Graët quitte le club en 1991 pour occuper le poste de président de la Ligue Nationale de Football, et le club retrouve le National... pour mieux enchaîner deux promotions successives et atteindre la D1 avec une génération exceptionnelle de joueurs (Stéphane Guivarc'h, Coco Michel, Lionel Rouxel, hum, hum) et Francis Smerecki au poste d'entraîneur. Les Bretons remportent même la coupe Intertoto en août 1996 avant de chuter avec les honneurs en 32e de finale de la Coupe UEFA face à l'Inter Milan, futur finaliste (0-3 à domicile, 1-1 à San Siro !). Mieux, la même saison, ils parviennent en finale de la Coupe de France contre Nice, battus aux tirs aux buts (1-1 après prolongation). Avant de connaître une nouvelle relégation en 1998...



Un spécialiste de l'ascenseur


Jean-Pierre Papin rejoint alors les Côtes-d'Armor pour un dernier défi de préretraité. Dix matchs et trois buts plus tard, il quitte le club tout comme Smerecki, sacrifié à la vue des résultats catastrophiques en D2. Guy « Moustache » Lacombe le remplace, et sous l'impulsion de Fabrice Fiorèse, le club retourne en D1 en 2000. Le Graët, maire de Guingamp depuis 1995, qui gère maintenant un groupe agroalimentaire et qui a quitté sa fonction suprême à la LNF, échappant ainsi à la responsabilité du scandale du Romanée-Conti en Corée, retrouve son poste de président en juin 2002. La saison 2002-2003, sous la houlette de Bertrand Marchand, reste la meilleure de l'histoire de l'EAG. Emmené en attaque par le duo Florent Malouda-Didier Drogba, le club finit 7e à trois points de la qualification pour la Ligue des Champions et à sept d'un titre historique de champion de France. Il est à noter que les deux défaites face au Racing, 2-3 à l'aller et 1-3 à la Meinau (avec notamment trois buts alsaciens en quatre minutes), ont grandement contribué à l'échec du rêve guingampais.

Comme souvent après une année exceptionnelle, le club ne se remet pas des nombreux départs et sombre en Ligue 2 en mai 2004 après une défaite à Marseille et de très curieuses déclarations de José Anigo, qui ne passera pas ses vacances avec Le Graët : « Ce qui me ravit ce soir, c'est un retour à l'envoyeur. En 1993, à Munich, j'étais supporter de l'OM. Un an après la finale, on nous a rétrogradés en D2. Et la personne qui nous a rétrogradés, c'était le président de Guingamp. Je suis désolé pour l'entraîneur et les joueurs de Guingamp, qui méritaient de se sauver. Mais pas pour le président, qui n'a pas tenu compte un jour que l'OM était un grand club. Et le grand club que nous sommes a expédié le sien en D2. » Que les Marseillais ne se prennent pas pour n'importe qui, soit, que Guingamp méritait peut-être de se sauver, soit encore, mais une nouvelle fois cette épisode aura contribué à populariser/ringardiser/on s'en fiche (rayez les mentions inutiles) le petit bourg breton.



Une difficile reconstruction


L'En Avant n'a plus retrouvé l'élite depuis, se spécialisant dans les débuts de saisons oscillants entre difficiles, ratés, voire carrément calamiteux. Yvon Pouliquen, 13 mois à la tête de l'équipe à partir d'août 2004, a échoué lui aussi. Si les fins de saisons sont souvent plus réussies, le club s'enlise lentement mais surement en L2, désespérant le public du stade du Roudourou.

Le stade justement, il faut bien en dire un mot. Outre le fait qu'il possède lui aussi un nom rigolo (« Rodou » signifiant « les Gués » en breton), sa capacité d'accueil est de 18 120 places, soit... 2,4 fois la population de la ville de Guingamp ! Il s'agissait bien sur d'un cas unique en Europe avant la construction du stade d'Hoffenheim. Comme il est bien connu que la France est la république des petits copains et que l'ami Noël a encore ses entrées à la Ligue, le Roudourou accueillera le 10 octobre prochain... le match France - Îles Féroé comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010. Bon les Féroé, tout le monde s'en fiche et on les a assez vues ces derniers temps, mais Guingamp sera un excellent révélateur de l'honnêteté footballistique du capitaine Thierry Henry. Que vient-il faire là lui ? Et bien, avant un match au Parc des Princes, il avait affirmé avoir vibré aux exploits de George Weah étant jeune. Puis, avant le France-Argentine au Stade Vélodrome, il déclara que Marseille était un club à part pour lui depuis les années 1990. Alors si ce coup-ci il nous dit avoir pleuré de joie devant sa télé le 4 mai 2002 lorsqu'un but de Stéphane Carnot à l'occasion du dernier match de la saison contre Troyes qui, conjugué à un nul de Lorient à Metz, a permis à Guingamp de sauver sa place en D1, reléguant le FC Graoully de Gilbert Gress, nul ne sera forcé de le prendre au mot... Je vous aurais prévenu !



Vers une place en UEFA ?


Mais revenons à l'actualité récente des Bretons. Leur début de saison n'a pas échappé à la règle : quatre revers de rang, et hop, envolés les espoirs de remontée ! Mais la suite sera meilleure, avec notamment l'arrivée de Christian Bassila, reconverti défenseur central (sic) et rapidement promu capitaine. Avec lui et les mythiques Yves Deroff et Jean-Christophe Vergerolle, leur défense est la meilleure du championnat, seulement 27 buts encaissés en 33 matchs ! C'est sur cette solidité que s'est bâti le parcours en Coupe de France, Brest, Le Mans, Sedan et Toulouse s'y cassant successivement les dents. Oui, « les paysans sont toujours là » (ceci est un chant du Kop Rouge) et, emmenés par leur attaquant de poche Eduardo, ils seront même au Stade de France le 9 mai. Une historique deuxième victoire d'un club de L2 ? Peut-être. En attendant, le Racing, battu 2-0 à la Meinau mais largement diminué à l'époque, a une revanche à prendre et des points à grappiller en vue de la montée. En espérant que les Guingampais aient déjà la tête tournée vers la finale 100% bretonne face à Rennes. Finale pour laquelle toute la France du football et (surtout) de Le Graët sera derrière eux...

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